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Crise sociale au cœur de l’empire

1 400 grévistes chez Kellogg’s : la pointe avancée de la vague de luttes des classes aux États-Unis

Une vague de lutte des classes frappe les Etats-Unis, un symptôme de la profondeur de la crise du capitalisme dans la plus grande puissance économique mondiale.

Violette Renée

26 octobre 2021

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Ce phénomène de grèves nommé « striketober » touche des secteurs hétérogènes : les infirmières, les personnels de l’audiovisuel et du cinéma, mais aussi les secteurs industriels tels que Kelloggs qui est la pointe avancée de ce mouvement avec 1400 grévistes qui revendiquent des meilleures conditions de travail et plus largement de vie. Ce phénomène est un symptôme de la profondeur de la crise du capitalisme dans la plus grande puissance économique mondiale.

« striketober », ou l’automne de la reprise de la lutte de classe aux USA

Depuis la fin du confinement et après une crise sanitaire qui a frappé durement le pays, de nombreux mouvements de lutte des classes frappent le pays. D’abord Black Lives Matter, puis des irruptions directement issus du mouvement ouvrier : Amazon, ou encore la grève des mineurs.

Ces dernières semaines, 2 000 travailleurs du secteur de la santé à Buffalo ont débrayé pour réclamer plus d’effectifs et la hausse des salaires. Simultanément, les travailleurs de Kellogg’s ont interrompu la production de leurs céréales suite à l’annonce d’une délocalisation au Mexique. 2 000 travailleurs du secteur des télécommunications ont débrayé en raison de conditions de travail inacceptables.

Aussi, plus de 11 000 charpentiers de Washington se sont mis en grève au début du mois dernier pour des augmentations de salaire, tout comme les mineurs de BlackRock en Alabama. Une grève d’un mois dans les usines de l’entreprise alimentaire Mondelez International du pays a pris fin il y a peu. Et la liste est encore longue : les menuisiers de Seattle, les California Communications Workers of America, ont été arrêtés pour pratiques de travail déloyales, la grève à Hunt’s Point, la grève de Volvo, la restauration…

Ce sont aussi des dizaines de milliers de travailleurs qui se préparent à débrayer dans tout le pays : 24 000 infirmières du Kaiser Permanente de l’Oregon et de la Californie mais aussi 60 000 salariés de l’audiovisuel et du cinéma à Hollywood.

La pointe avancée des combats pour la dignité et la vie : Kelloggs

L’entreprise a été un secteur essentiel durant la crise sanitaire, qui a subi de fortes hausses de cadence et par la même des profits records pour le patronat. Pour remercier ses salariés, le patronat de Kellogg veut réduire les prestations de santé, les congés payés et les vacances, baisser les salaires et licencier en masse afin de délocaliser au Mexique et au Canada.

C’est contre l’ensemble de cette casse sociale que 1400 grévistes sur 4 sites se sont mis en grève. Ce mouvement est symptomatique de la situation post-covid des travailleurs américains ; la situation est telle que ce n’est pas simplement une question des salaires pour lesquels se battent les grévistes mais aussi une question de dignité.

Notre journal frère, Left Voice a interviewé des grévistes qui déclarent pour certains « avoir travaillé six semaines d’affilée, 80 à 85 heures par semaine, sans un seul jour de congé ». Un autre travailleur raconte que son trajet pour aller au travail est de plus d’une heure et demie, pour autant ses supérieurs lui font savoir à la dernière minute que sa journée de travail va se prolonger de 4 à 8 heures… Des conditions d’exploitation qui rendent la vie de famille de ces travailleurs impossible, ne pouvant passer du temps avec leurs enfants ou être auprès de leurs parents en fin de vie… les grévistes racontent qu’après une journée de 16 heures de travail ils n’ont pas le temps de rentrer chez eux et sont obligés de dormir à l’hôtel pour reprendre le travail le lendemain. « 16 heures ne laissent que huit heures par jour – pas assez de temps pour rentrer à la maison et passer une nuit complète de sommeil, encore moins pour manger ou passer du temps avec ses proches. Et maintenant, l’entreprise réduit les soins de santé des travailleurs, menaçant directement leur bien-être. Ces actions détruisent intrinsèquement les familles et nuisent à la santé des enfants, les déconnectant de leurs parents. » Cette grève contre le mépris patronal prend le contre-pied de la communication de l’entreprise qui feint dans ses pages publicitaires se préoccuper des enfants et leurs familles. La vérité est que Kellogg a forcé ses employés à travailler 80 heures ou plus par semaine, dans des conditions inhumaines.

Dans ces conditions, les grévistes n’ont rien à perdre : ils se battent pour la dignité et leur vie.

Attelons nous à l’organisation du mouvement ouvrier qui relève la tête face à la crise économique

Les États-Unis connaissent actuellement une pénurie de main d’œuvre, qui s’explique centralement par des conditions de travail exécrables comme celles décrites par les grévistes de Kelloggs. A cause de la pandémie, le gouvernement américain a été contraint, pour tenter de contenir la colère sociale, d’augmenter à minima les indemnités de chômage. Face à de telles conditions de travail, des américains préfèrent la précarité à l’exploitation capitaliste à son sommet.

Mais la bourgeoisie réagit tout de même par l’achat de briseurs de grève ultra précaires.

À moins d’un an de l’investiture du gouvernement Biden en crise en plus de l’échec impérialiste en Afghanistan et une gestion de crise désastreuse montre que l’on assiste au retour de bâton de toute l’exploitation pendant la pandémie, qui a de fortes chances de se répercuter dans d’autres pays. Actuellement c’est au cœur de l’impérialisme notamment là où l’inflation frappe le plus fort. Ce phénomène américain n’est pas anodin et peut avoir des conséquences à l’international dans une situation très tendue pour l’économie mondiale.


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