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Ennemie des travailleurs

À Gennevilliers, Marine Le Pen surfe sur l’inflation et cherche à séduire le patronat

Marine Le Pen poursuit sa campagne pour le second tour par la visite d’une usine de BTP à Gennevilliers. Derrière le vernis social, ses propositions pour contrer l'inflation constituent une véritable opération de séduction du patronat et cachent mal son programme raciste et ultra-libéral.

Yann Causs

13 avril 2022

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Crédits photo : Emmanuel DUNAND / AFP

Parler à la « France qui travaille, qui travaille tôt, qui travaille dur » : telle était l’intention de Marine Le Pen ce matin lors de sa visite dans une usine de béton recyclé à Gennevilliers. Déguisée en ouvrière, gilet jaune et casque sur la tête, la candidate d’extrême-droite s’est mise en scène, jouant l’anti-Macron en surfant sur les thématiques sociales. Un pari qui, jusqu’à présent, lui sourit, cette dernière réussissant pour l’instant à brasser un électorat dont la principale préoccupation représente depuis plusieurs mois le pouvoir d’achat.

Entre deux conférences de presse, lors de sa visite à l’usine, Marine Le Pen a ainsi profité de la centralité de la question de l’inflation pour user une nouvelle fois de sa démagogie sociale et continuer de marquer le clivage qu’elle veut exprimer entre « la France d’en haut votant Macron et une France d’en bas derrière Le Pen ». À Gennevilliers, elle n’a ainsi pas hésité à mettre en garde contre « le mur de l’inflation », touchant les « trois millions de Français [qui] limitent leur achat de produits d’hygiène, trois millions de Français [qui] sont à 5 € près à la fin du mois », et attaquant frontalement « la déconnexion » d’Emmanuel Macron. Invectivant le quinquennat de Macron où « les entreprises ferment leurs portes », la candidate du RN a déclaré sa volonté de supprimer la TVA pour certains produits de première nécessité, martelant vouloir « rendre 150 à 200 € en moyenne par foyer et par mois ». Des mesurettes et déclarations d’intention qui visent à séduire une partie de l’électorat populaire mais qui ne pose pas la question de l’augmentation des salaires, de la même manière que ce petit geste sur une taxe inégalitaire comme la TVA est compensée par des exonérations massives pour les plus riches.

Cette stratégie électorale dans la dernière ligne droite ne peut bien sûr pas être prise au sérieux. L’image antisystème du rassemblement national ne résiste pas à la lecture de son programme profondément libéral et qui multiplie les gages envers le patronat. Cela était particulièrement le cas ce mercredi lors de sa visite de l’usine de Gennevilliers où elle a en réalité cherché à draguer « les patrons d’entreprises » comme le titre justement Europe 1.

Visitant l’usine de BTP au côté de responsables d’une « PME familiale » conciliants, Marine Le Pen n’a en effet pas tardé à brosser le patronat dans le sens du poil en affirmant souhaiter « un allongement ou un report » des remboursements des prêts garantis par l’État qui arrivent à échéance après la présidentielle pour les entreprises en difficulté. Profitant de l’explosion des prix qui « a des conséquences catastrophiques sur le tissu économique », Marine Le Pen a déballé ses mesures totalement acquises à la cause du patronat, parlant « de mesures de soutien direct comme l’exonération de l’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans », soit son cadeau aux jeunes riches, ou encore de sa proposition de subventionner directement les entreprises pour encourager l’emploi de jeunes en alternance, comme le préconise Macron. Autrement dit, une visite qui avait pour principal objectif de démontrer la crédibilité économique de son programme aux yeux des patrons et séduire une frange du patronat qui se retrouve en difficulté face à l’augmentation du prix des matières premières.

Ainsi, si Marine Le Pen se la joue sociale et anti-Macron pour le second tour, elle multiplie surtout les signes d’adhésion envers les chefs d’entreprises et les exigences néo-libérales. La multiplication des déclarations d’intention pour « augmenter le pouvoir d’achat » relève avant tout d’un calcul électoral : en septembre dernier Marine Le Pen se déclarait contre l’augmentation des salaires, avant de reculer en février sur la retraite à 60 ans pour lui préférer 62 ans comme âge de départ légal. La candidate d’extrême droite ne représente ainsi en aucun cas une alternative souhaitable pour les classes populaires et les travailleurs. Derrière sa mascarade sociale se cache en réalité un projet raciste et réactionnaire très loin de l’image dédiabolisée qu’elle tente d’entretenir. Face à un quinquennat qui s’annonce autant réactionnaire qu’anti-social quelle qu’en soit l’issue, il est nécessaire de construire la riposte dans la rue face à toutes les attaques à venir.


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