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Mobilisation nationale

A Paris, les raffineurs de Grandpuits, les Sanofi et les grévistes de l’Infrapôle SNCF en tête de cortège

Des milliers de manifestants ont pris la rue hier en France pour l'emploi, contre la précarité mais aussi contre l'offensive liberticide du gouvernement. A Paris, le cortège déterminé des raffineurs de Grandpuits, des Sanofi et de l'Infrapôle Paris Nord a dynamisé la manifestation, et pose la question du plan de bataille face à la crise.

Paul Morao

5 février 2021

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Ce jeudi, des milliers de manifestants ont pris la rue en France à l’appel de l’intersyndicale CGT – FSU – Solidaires – UNEF – UNL pour une journée de mobilisation interprofessionnelle nationale. 20 000 personnes ont ainsi manifesté à Paris, 3000 à Marseille, 3000 à Toulouse, 2500 à Nantes, 3000 à Lyon, 1200 à Saint-Etienne, 1500 à Rennes d’après les organisateurs. Une mobilisation autour de revendications liées à l’emploi, à la dénonciation de la précarité mais aussi contre l’offensive liberticide du gouvernement.

A Paris, entre République et Nation, les traditionnels cortèges des unions départementales ont défilé, ainsi que différents secteurs mobilisés. En lutte contre le projet Hercule, les travailleurs d’EDF étaient présents, de même que les travailleurs de la culture, durement frappés par la crise. Les travailleurs sociaux de la CGT PJJ étaient présents, dénonçant notamment une réforme de l’ordonnance 45 qui annonce une gestion de plus en plus répressive de la jeunesse. Alors que les profs font face à l’insuffisance sanitaire, redoublée par le manque de moyens, l’éducation nationale était également mobilisée.

Dans la manifestation, on retrouvait également un cortège des TUI France, qui avaient organisé le 23 janvier dernier une première manifestation contre les licenciements. « On est venus rappeler qu’on allait pas lâcher l’affaire et continuer la lutte. Aujourd’hui c’est moi et mes collègues qui sommes concernés, demain ce sera nos enfants, la génération future. » raconte ainsi Yassine de la CGT TUI France.

La jeunesse, dont la précarisation accélérée par la crise a été récemment médiatisée au travers de différents suicides et du recours accru à l’aide alimentaire, était également présente dans un cortège dynamique regroupant une centaine d’étudiants. La jeunesse était également présente dans la tête de cortège, au sein du cortège des AED qui continuent de dénoncer leur précarité.

Alors que Philippe Martinez défilait en tête de manifestation derrière une banderole « emplois, salaires, temps de travail, retraites... relançons le social », le point névralgique de la marche se trouvait hier quelques dizaines de mètres plus loin. En effet, alors que la mobilisation parisienne était relativement routinière, elle a été marquée par la présence en tête du très dynamique cortège de boîtes en lutte impulsé par les raffineurs de Grandpuits. Équipés de leurs fameux barils, les ouvriers en lutte depuis un mois pour la défense de l’emploi ont fait du bruit et amené beaucoup de fraîcheur et de combativité dans la manifestation parisienne.

Pour l’occasion, deux secteurs en lutte étaient à leurs côtés. Alors que le matin se tenait le « procès de Sanofi », une action symbolique organisée par la CGT Sanofi pour dénoncer le plan de licenciements prévus par le géant pharmaceutique, les travailleurs de la recherche ont défilé aux côtés des raffineurs qui étaient venus les soutenir devant le siège de leur entreprise. « Il y a une manifestation interpro qui met en avant toutes ces entreprises où on licencie, donc pour nous c’était symbolique que les Grandpuits nous rejoignent » expliquait ainsi Jean-Louis Peyren de la CGT Sanofi. Les grévistes de l’Infrapôle SNCF de Paris Nord étaient également présents. Ces derniers, chargés de la maintenance des voies, sont en lutte depuis 18 jours pour leurs conditions de travail. « On est des travailleurs de l’ombre, on est venus se rendre visibles » expliquait ainsi Jérôme, chef de brigade et gréviste.

Pour les raffineurs de Grandpuits, cette initiative était centrale. « C’était important de manifester avec eux parce que notre stratégie à nous c’est la grève, c’est le rapport de forces. C’est pour ça qu’on a voulu organiser un cortège avec les boîtes en lutte. » expliquait ainsi Adrien Cornet de la CGT Grandpuits en direct de la manifestation. Les soutiens des raffineurs avaient également répondu présent, à l’image des étudiants en design de l’ENSCI, venus équipés de panneaux, de pancartes et de caisses de grève réalisées pour l’occasion.

A l’arrivée à Nation, le cortège de lutte a été accueilli par de larges applaudissements avant de réaliser un tour de la place et des prises de parole pour échanger entre grévistes. A cette occasion, Anasse Kazib est notamment intervenu pour revendiquer la jonction des secteurs, mais aussi poser la nécessité d’aller plus loin dans cette direction. « Ce cortège il a une signification, d’être un cortège inter-luttes de boîtes qui luttent contre la casse de notre outil de travail, contre la casse de l’emploi et pour le respect et la dignité » a commencé par rappeler le cheminot avant de noter : « Le problème ce n’est pas juste celui de remplir le frigo, le problème c’est celui de l’ensemble de notre camp social qui est attaqué. Quand les Grandpuits, les Sanofi, l’Infrapôle SNCF relèvent la tête, ça donne de la force à l’ensemble des ouvriers qui n’attendent qu’une étincelle pour que ça explose. A un moment donné il va falloir que nous qui avons le nombre on commence à s’organiser et à se coordonner. »

En ce sens, si plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans toute la France, la question du plan de bataille pour commencer à organiser réellement la colère qui existe face à la crise et lui donner des perspectives reste entière. Et l’annonce de nouvelles journées isolées ne saurait tenir lieu de réponse aux travailleurs en lutte, ou confrontés aux attaques du patronat et du gouvernement. En ce sens, la manifestation a également permis d’interpeller les directions syndicales. « Nous depuis le 4 janvier on est en train de crever en grève, et on n’a toujours pas de stratégie. Donc on dit : directions syndicales, écoutez-nous ! Il nous faut une stratégie : coordonnez les différentes boîtes, les différentes branches, mettez-nous en grève ! Et ça ça passe par un appel clair et précis à mettre les travailleurs en grève partout où c’est possible. » expliquait ainsi Adrien Cornet de la CGT Grandpuits dans la manifestation.


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