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Impunité policière

Affaire Michel Zecler. Les policiers écroués libérés par les juges, l’impunité policière en marche

Les deux policiers placés en détention, dans l’affaire Michel Zecler, ont été libérés sur ordonnance des juges. Une nouvelle démonstration de la complicité de la justice qui couvre les violences policières.

Nathan Deas

23 décembre 2020

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Crédits photo : capture d’écran Loopside

Samedi 28 novembre, une vidéo publiée par Loopsider dévoilait le tabassage de Michel Zecler, un producteur de musique noir, par trois policiers, assistés par la suite d’une autre patrouille venue en renfort. Malgré la sauvagerie de ces actes, les juges d’instruction ont ordonné, mardi 22 décembre, la mise en liberté des deux policiers placés en détention depuis le 22 novembre. Ceux-ci pourront donc librement se déplacer après s’être acquittés d’une caution de 5000 euros.

Une décision qui interpelle au regard du traitement habituellement réservé aux manifestants ou encore aux interpelés issus des quartiers populaires. Me Caroline Toby, l’avocate de Michel Zecler a ainsi déclaré à l’AFP : « Avocat, j’ai toujours considéré que la détention provisoire devait être l’exception et la liberté la règle, qui, hélas, n’est pas toujours la pratique judiciaire habituelle. Je m’étonne néanmoins que ces mises en liberté interviennent avant même qu’une confrontation n’ait eu lieu entre la victime et les policiers, alors même qu’ils continuent de contester certains faits malgré les évidences ».

Si le 30 novembre dernier quatre policiers avaient été mis en examen notamment pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique (PDAP) », avec plusieurs circonstances aggravantes, pour trois d’entre eux, dont celle de racisme, et pour « faux en écriture publique » cette affaire est une nouvelle fois la démonstration que la justice est du côté de la police et la garante de ses violences racistes et de son impunité. Cette décision des juges ne fait que s’ajouter à une liste de scandales déjà bien garnie.

Le 7 décembre, le préfet Lallement annonçait que les frais de justice des policiers mis en examen seraient couverts par l’Etat en décidant de leur octroyer la « protection fonctionnelle ». Et si Macron et son gouvernement, devant la violence des images, avaient bien été obligés de reconnaître la nature choquante des actes en question, cet octroi venait démontrer que l’Etat et l’institution policière dans son ensemble feront toujours bloc avec la police contre ses victimes. Placé en garde à vue le jour des faits, le producteur de musique ne s’était vue accorder que 6 jour d’ITT par le service d’unité médico-judiciaire, avant que suite à la demande de son avocate et la mobilisation massive qui avait suivi, son préjudice physique et psychologique ne soient fortement réévalués, sans doute à plus de 180 jours d’ITT.

Se confronter à l’impunité policière, dont la justice et l’Etat sont les cautions, est un leitmotiv pour ses victimes ou les proches de celles-ci. Cette semaine encore, le 15 décembre la justice prononçait un nouveau non-lieu pour les policiers ayant tiré sur Gaye Camara. La semaine précédente, un procureur ne demandait qu’une simple amende pour le policier ayant foncé en voiture bélier sur des manifestants.

Dans le même temps plus de 1000 gilets jaunes, selon le ministère de la justice entre le 17 novembre 2018 et le 13 novembre 2019, ont été condamnés à des peines de prison ferme, après avoir pour la majorité d’entre eux du faire faire face à une procédure de comparution immédiate. Il y a deux semaines plus de 140 manifestants étaient interpelés arbitrairement à l’occasion de la manifestation parisienne contre les loi sécurité globale séparatisme. Tandis que le gouvernement criminalise le mouvement social, cette libération par les juges, pour les agresseurs de Michel Zecler est une nouvelle démonstration de l’impunité dont bénéficient policiers et gendarmes et d’une justice au service d’un ordre profondément inégalitaire et raciste.


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