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Blanquer : une reprise au conditionnel

Allocution du ministre de la garderie nationale

Puisque l'économie dicte le calendrier de la reprise, après l'annonce d'un déconfinement progressif à compter du 11 mai, Blanquer a donné ce matin les éléments pour la reprise à l'éducation nationale. Comme le futur est redoutable et que le présent est incertain, toute l'allocution du ministre est conjuguée au conditionnel. Avec le rappel de la "doctrine sanitaire", qui, en dernier recours, viendra trancher.

Christa Wolfe

21 avril 2020

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Puisque l’économie dicte le calendrier de la reprise, après l’annonce d’un déconfinement progressif à compter du 11 mai, Blanquer a donné ce matin les éléments pour la reprise à l’éducation nationale. Comme le futur est redoutable et que le présent est incertain, toute l’allocution du ministre est conjuguée au conditionnel. Avec le rappel de la "doctrine sanitaire", qui, en dernier recours, viendra trancher.

C’est comme si le fameux "en même temps" revenait pour un dernier rappel : d’un côté, la copie du ministère se fait de plus en plus précise, mais sans apporter aucun élément concret sur les conditions sanitaires des établissements, pendant que de l’autre côté - et alors que l’ONS a déjà fait savoir qu’une réouverture des établissements scolaires le 11 mai était une véritable aberration - le ministre ne peut préjuger des nécessités qui se feront voir au mois de mai. Feuilletage étrange entre des injonctions contradictoires, le conditionnel faisant mine d’apporter une solution de compromis. Blanquer aurait pu préciser : "j’aimerais bien que ça se passe comme ça". On en aurait tiré la conclusion qu’il s’agissait d’un voeu pieux et on aurait laissé Blanquer causer dans le poste, en ces temps de grande solitude à peine adoucie par les visios des uns et des autres. Peut-être même qu’on se serait dit qu’on était décidément gouverné.e.s par des rêveurs, des idéalistes du profit, des capitalistes éthérés du nouveau monde.

Mais en réalité, sous ce conditionnel poli et ses apparences d’humilité, on a tellement appris à connaître ces ministres depuis le début de la crise que ce qui nous saute aux yeux c’est qu’ils sont de véritables pousse-au-crime. Le bilan est simple à faire : l’hôpital mis en faillite depuis des années, le mépris de Buzin et l’arrogance de Macron à chacune de leurs visites, la police, dès le début du confinement, qui a apparemment reçu un blanc-seing pour toutes les infamies dont elle sera capable, Pénicaud qui s’emmêle à chaque prise de parole mais qui fait la même (triste) figure que d’habitude sous les accusations d’infraction et qui, pourtant, se sent toujours assez à l’aise pour mettre à pied un inspecteur du travail, Blanquer, ce fanatique de la statistique, qui balance un pourcentage d’élèves décrocheurs début avril comme un mage tire un lapin du chapeau, cette crise a révélé non seulement les structures souterraines de la

société capitaliste (les travaux les plus essentiels sont aussi les moins rémunérés) mais également le caractère de grand-guignol de ce gouvernement qui se paie le luxe, en plus, de ne même pas avoir honte.

Et c’est toute honte bue, d’ailleurs, que Blanquer lui-même balance, dans son allocution, qu’il "n’y a pas que le Covid qui fait des morts dans la société". Non, en effet : la police aussi. Les budgets d’austérité pour l’hôpital également. La précarité, tiens, peut aussi être un facteur. Le ministre est-il en pleine prise de conscience ? Ou bien nous rejoue-t-il la partition de Parisot en 2005 qui disait que "la vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ?" Ah bah oui, la vie tue, pourquoi devrait-on attendre que le capitalisme s’en abstienne ? C’est donc avec une grande tape dans le dos et tous leurs encouragements que nous sommes requis à retourner à la fabrication du profit, lequel, comme chacun sait, est une loi de la nature à l’exemple de la gravitation ou de la température d’ébullition de l’eau.

Car derrière la planification millimétrée, différentiée selon les régions, les classes d’âges, les facteurs de risques, bref derrière tout le blabla laborieux du ministre, il n’y a jamais qu’un seul impératif : le retour au travail de notre classe, car le plus grand risque pour la classe dominante n’est pas sanitaire mais bien pécuniaire. Et la rhétorique qui consiste à faire valoir que le risque zéro n’existant pas, même en situation ordinaire, il n’y a donc aucune raison de ne pas travailler, en plus d’être une hypocrisie monumentale (dans la mesure où étrangement, plus les revenus s’élèvent, plus les risques diminuent) apparait comme un dernier aveu d’incompétence, puisque, justement, en situation ordinaire, nous n’y sommes pas.

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