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Catastrophe climatique

« Anticipez » : face aux sécheresses historiques, Béchu rejette la responsabilité sur la population

Après l’hiver le plus sec depuis 1952 avec 32 jours sans véritable pluie, on s’achemine déjà vers une sécheresse historique. Face à cette situation, le ministre de la Transition écologique veut « responsabiliser les Français » et appelle à économiser l’eau.

Milie Venne


et James Draoust

28 février 2023

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VALENTINE CHAPUIS / AFP

Interrogé par France Info et par le Journal du Dimanche sur le risque de sécheresse dès ce mois de février, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a estimé qu’il fallait faire dès à présent des économies d’eau. « La France est en état d’alerte », a-t-il en effet déclaré, face à un retard de 2 mois du remplissage des nappes phréatiques qui menace l’irrigation des sols et des cultures cet été dans plusieurs territoires. Lundi soir, à l’issue d’une réunion avec les préfets qui coordonnent les bassins, il a expliqué que dans les régions Occitanie, Sud, et Auvergne Rhônes-Alpes, l’humidité des sols est comparable à celle de la fin d’un mois de mai.

Pour résoudre la crise qui s’annonce, il souhaite « responsabiliser les Français » en encourageant « certains gestes à adopter », rappelant les mesures de sobriété énergétique prises cet hiver. Malgré le caractère inédit de la situation, pas de mesures remettant en cause les politiques structurelles en matière de gestion de l’eau à l’horizon : le ministre préfère réduire le problème à de prétendues solutions techniques, en économisant à la marge. Il propose donc de limiter le remplissage des piscines ou l’arrosage dès le mois prochain, comme le font déjà quatre-vingt-sept communes du Var, département particulièrement touché, et veut aussi régler les « problèmes de fuite et de réglementations ».

Avant son entrevue avec les préfets, le ministre s’est voulu ferme dans son entretien au Journal du Dimanche : « À chaque fois, j’aurai le même message : « Anticipez ! Prenez les mesures qui permettent dès à présent de faire des économies d’eau. S’il faut dès maintenant prendre des arrêtés de restrictions pour s’assurer que la ressource en eau soit préservée pour cet été, prenez-les. N’ayez pas la main qui tremble  ». Pourtant, loin de s’attaquer aux industries les plus dépensières d’eau, le ministre se contente d’appeler à des gestes individuels. Une situation qui rappelle la sécheresse de l’été dernier, lorsque les golfs restaient ouverts alors que le reste de la population souffrait des conséquences de l’été caniculaire

Mercredi dernier, le même ministre de l’écologie déclarait que les pouvoirs publics se préparaient à un réchauffement des températures à plus de 4°C, un scénario très loin des 1,5°C promis lors des Accords de Paris, et qui signifierait une détérioration dramatique des écosystèmes et des conditions de vie. Face à un gouvernement qui abandonne explicitement toute lutte contre le réchauffement climatique, il n’y a évidemment rien à attendre pour gérer la sécheresse actuelle.

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Vers une sécheresse historique aux conséquences environnementales et économiques

En effet, la situation laisse présager des conséquences sévères pour l’agriculture et la végétation. On observe en Dordogne des lacs à moitié vides et des rivières à sec dans le Var. A Perpignan, le barrage de Vinça inquiète de part son débit deux fois plus faible que la normale. On constate également des morts végétales à Narbonne et Béziers dans la vigne, alors que c’est l’une des espèces les plus résistantes au manque d’eau. Globalement, on redoute [des pertes de production agricole pour les céréales et les fruits et légumes, une perte de productivité de certains barrages, le retour d’incendies monstres et la chute de la biodiversité (à cause de cours d’eau trop chauds). C’est encore une fois la population qui va payer les effets de cette sécheresse, quand dans le même temps le gouvernement développe des projets de méga-bassines pour sauver les grands exploitants agricoles de la sécheresse en dépit de toute gestion rationnelle.

Dans ce contexte, il n’y a aucune confiance à avoir envers les Etats et les entreprises, qui continuent de s’enrichir grâce à l’exploitation de l’environnement, pour répondre à la crise climatique qu’ils ont créée. Au contraire, une planification écologique juste ne peut venir que des travailleurs, qui sont en première ligne face à la pollution chimique, la sécheresse et les canicules, et qui sont en mesure de reprendre en main leur outil de travail, pour réorienter la production selon les besoins de la majorité de la population tout en respectant l’environnement et les écosystèmes.


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