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La dictature d'Al Saoud assassine

Arabie Saoudite. Ali al-Nimr, 21 ans, condamné à la décapitation et à la crucifixion

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Frederic Apoyo

L’Arabie Saoudite s’apprête à décapiter et à crucifier un jeune homme de 21 ans, Ali al-Nimr, condamné à mort par le tribunal pénal spécial de Djedda le 27mai 2014. Neveu du cheikh Nimr Baqer Al-Nimr, l’un des leaders du mouvement de contestation chiite qui avait secoué le royaume entre2011 et 2012. Ali al-Nimr pourrait être exécuté à tout moment pour avoir participé à des manifestations du Printemps arabe en 2012, le dernier appel de cette condamnation ayant été rejeté. Si, mardi dernier, l’ONU a appelé à l’annulation de l’exécution, la polémique enfle suite à la nomination à la tête du Conseil des droits de l’homme de Faisal Bin Hassan Trad, ambassadeur de ... l’Arabie Saoudite !

L’annonce de l’exécution d’Ali al-Nimr, coupable aux yeux de la justice d’avoir manifesté contre le régime liberticide de Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, a provoqué l’indignation et déclenché une vague de solidarité mondiale. En quelques heures, les pétitions cumulant des centaines de milliers de signatures ont été mises en ligne aux quatre coins du globe. La nouvelle a fait tache d’huile sur les réseaux sociaux, et un nombre incalculable de messages appelant à l’annulation de la condamnation à mort de ce jeune homme ont afflué. Sous la torture, Ali al-Nimr avait fini par avoué avoir participé, à l’âge de 17 ans aux manifestations du printemps arabe.

Depuis le début de l’année, le régime saoudien a déjà exécuté 134 personnes et décapité près de 80 opposants, des chiffres astronomiques qui illustrent les pratiques ancrées du pays en termes de respect des droits de l’homme. De nombreuses condamnations à mort par lapidation pour crime d’adultère et d’amputation d’une main pour vol complètent la liste, ainsi que la forte répression contre les personnes LGBT dans un cadre où l’homosexualité est formellement interdite. Sous contrôle patriarcal total de la naissance à la mort, les femmes subissent la charia et n’ont ni le droit de se promener seules, nile droit de conduire. Dans une tribune de Libération le 11 février dernier, une saoudienne a témoignée sur les conditions de vie des femmes dans le pays. Des propos glaçants, puisque la jeune femme décrit que son « sexe est un handicap ».

Un Saoudien à la tête du Conseil des droits de l’homme de l’ONU

Si l’exécution d’Ali al-Nimr a provoqué une telle vague d’indignation, par delà les aspects répugnants de sa condamnation et sa filiation avec une figure emblématique de l’opposition au régime, c’est aussi parce que l’annonce de sa crucifixion a été rendu publique en même temps que la nomination de Faisal Bin Hassan Trad, ambassadeur de l’Arabie Saoudite à l’ONU, à la tête du Conseil des droits de l’homme de l’instance internationale. Le rôle des cinq diplomates membres de ce conseil est, entre autres, de choisir les experts chargés d’observer et de rapporter les atteintes aux droits de l’homme dans le monde !

Cette nomination à un poste clé, d’un cynisme inouï, a longtemps été prisée par le régime saoudien, mais a fini par déclencher une levée de boucliers généralisé aux quatre coins du monde. Elle met à nu un système de copinage et d’intérêts particuliers qui annihile, aux yeux de tous, les prétendues vertus humanitaires de l’ONU.

La condamnation à mort d’Ali al-Nimr, des 80 autres opposants politiques décapités et des 134 personnes assassinés par le royaume saoudien ne font qu’illustrer les aspects nauséabonds de ce régime ultra-conservateur et réactionnaire, prêt à tout pour maintenir le peuple sous sa dictature. Alors que le régime se maintient - et est même récompensée - avec la complaisance tacite des principales forces impérialistes occidentales, une solidarité internationale est indispensable pour empêcher que le massacre des opposants au régime se poursuive, ainsi que pour redonner confiance aux travailleurs et aux couches populaires pour reprendre la voie de la mobilisation et faire plier la dictature d’Al Saoud et le pouvoir des classes dominantes.


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