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Délation délirante

Avignon. Un non-voyant se rase la barbe : il est dénoncé par sa voisine pour “radicalisation”

C’est une histoire si invraisemblable qu’on peine à la croire. Daoud, un jeune homme de 21 ans, non-voyant, décide de se raser la barbe. Sa voisine, dans un « geste citoyen » qui rappelle de sombres heures, contacte la police, persuadée que cette décision est le signe évident d’une “radicalisation”. Julian Vadis{}

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L’histoire aurait pu s’arrêter là, et la voisine serait passée pour une folle. Pourtant, c’est bel et bien le jeune homme, fraîchement rasé, qui devra subir les foudres de cette délation paranoïaque. Perquisition, garde à vue et assignation à résidence, sans compter le coup de stress évident qu’a dû subir ce jeune non-voyant quand les flics ont forcé son appartement. Mais ce n’est pas tout : Daoud doit désormais pointer trois fois par jour au commissariat, sans voiture, sans accompagnateur et sans sa canne blanche, qui lui a été confisquée par les policiers, ces derniers affirmant que « sa cécité n’était pas avérée » !

Un véritable scandale qui symbolise à lui seul la psychose qui s’est emparée d’une partie de la population et les dérives engendrées par le sentiment d’infaillibilité qui s’est propagé au sein des « forces de l’ordre ». Si en règle générale, les délations entre voisins ne sont pas rares, leur nombre a explosé depuis les attentats du 13 novembre. Sous l’état d’urgence, tout un chacun est prié d’être sur le qui-vive, et doit être prêt à dénoncer tout potentiel terroriste. Le 20 novembre, un jeune homme de 27 ans a été interpellé dans un TGV car… il avait une barbe, avait gardé ses gants et regardait un film d’action un peu violent sur sa tablette. Là aussi, ce sont des passagers le trouvant suspect qui avaient appelé la police.

« On sait qu’à chaque fois qu’il y a des états d’exception, il y a forcément après des dérapages », a confié Julien Dray, vice-président socialiste de l’Ile-de-France, tout en confirmant que, s’il avait été parlementaire, il aurait « voté, là, en l’occurrence, l’état d’urgence ». Derrière le discours nauséabond des « dommages nécessaires », l’état d’urgence constitue une politique consciente : instrumentaliser l’émotion pour gouverner, museler les libertés individuelles et collectives pour tuer dans l’œuf toute contestation. Le tout dans un contexte social tendu, dans lequel des signes de radicalisation, ouvrières cette fois, s’étaient exprimées, notamment à Air France. La défense du droit de lutter et la résistance contre les dérives racistes et islamophobes sont plus que jamais vitales. C’est seulement ainsi que pourra se construire une alternative à l’union nationale des va-t-en-guerre, source de ces dérives policières inacceptables sous couvert d’état d’urgence.


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