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Solidarité anti-coloniale

"Bande de voyous" : le ministre des Outre-Mers criminalise la révolte en Guadeloupe

Ce mardi, le ministre des Outre-Mer Sébastien Lecornu s’en est pris aux manifestants en Guadeloupe en les qualifiant de "voyous". Des déclarations à l'image du traitement répressif et colonial que le gouvernement emploie contre le soulèvement populaire. Face à la criminalisation du mouvement et à la répression de l'Etat français, solidarité avec le peuple guadeloupéen en lutte !

Antoine Weil

23 novembre 2021

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Sébastien Lecornu a qualifié les manifestants en Guadeloupe de "voyous" sur France 2 ce mardi.

Interrogé ce mardi sur France 2, Sébastien Lecornu, ministres des Outre-Mer a déclaré au sujet de la révolte populaire en Guadeloupe : "On n’est pas sur une question sanitaire et sociale, on est sur des bandes, des voyous, qui se servent de cette crise pour s’exprimer dans la violence ». Cette nouvelle insulte à l’encontre des manifestants guadeloupéens illustre l’attitude du gouvernement, qui opte avant tout pour la répression pour faire taire le mouvement. Ces déclarations rappellent le traitement des révoltes de 2005 avec l’utilisation d’une terminologie raciste qui criminalise volontairement les jeunes guadeloupéens qui se révoltent.

Dans la même interview, il a martelé la nécessité de faire appliquer "la loi de la république" sur l’île. Une posture autoritaire qui révèle bien que l’Etat ne supporte pas que la domination coloniale française dans ses colonies soit remise en cause. Le ministre en charge des Outre-Mer a récidivé cette après-midi à l’Assemblée nationale, réaffirmant son message d’autorité. alors qu’il est fragilisé par des révélations de Mediapart concernant sa participation à un "apéro" clandestin lors du confinement en Nouvelle-Calédonie. Dans le même esprit, Gérald Darmanin a déclaré ce matin sur France Inter qu’il s’agissait « d’une minorité violente et agissante ».

A l’heure où le GIGN et le RAID ont été envoyés sur l’île et que des images de violences policières arrivent chaque jour , la déclaration du ministre des Outre-Mer s’inscrit complètement dans la stratégie du gouvernement, à savoir de refuser de répondre aux causes politiques du mouvement, et jouer la diabolisation, en faisant passer les guadeloupéens pour des délinquants ou des obscurantistes refusant le vaccin.

A rebours de la campagne de désinformation menée par l’exécutif, les causes sociales de la mobilisation sont évidentes. Si l’obligation vaccinale pour les soignants et les pompiers en sont les déclencheurs, la détermination des jeunes et des travailleurs de Guadeloupe s’explique plus largement par la pauvreté et le chômage qui gangrènent l’île, dont l’inflation a accéléré les conséquences. De plus, le mécontentement qui secoue la Guadeloupe et la défiance vis-à-vis des politiques sanitaires sont les conséquences de la domination coloniale comme en témoigne l’affaire du chlordécone, où les guadeloupéens et martiniquais ont continué d’être exposés au pesticide, tandis que ce dernier était interdit dans le reste de la métropole à cause de sa toxicité. Cette affaire révèle des territoires « d’Outre-Mer » qui ne sont pensés que comme des sols à piller pour la métropole dans un mépris complet des populations locales avec tout le racisme avec lequel l’Etat français administre ses colonies.

Aussi, les organisations syndicales et politiques de l’île ont déposé une plateforme de revendications, parmi lesquelles « l’augmentation généralisée des salaires, des minima sociaux, des allocations chômage et des pensions de retraite en même temps que l’augmentation des prix » , «  l’arrêt des licenciements, dans le privé et des suppressions de postes, dans le public, « l’embauche massive de titulaires, dans toutes les fonctions publiques, à la poste, dans les écoles, à l’université », soit un programme qui témoigne clairement des ambitions sociales des manifestants. Ces revendications sociales se couplent à des revendications politiques avec des Guadeloupéens qui dénoncent la politique à deux vitesses de l’Etat français vis-à-vis de ses colonies.

Derrière cette nouvelle insulte du gouvernement, se cache en réalité sa peur face à un mouvement qui gagne en intensité, et s’étend désormais à la Martinique, en grève générale ce lundi. Dans la même interview, le ministre des Outre-Mer affirme ainsi ne pas se rendre sur place, pour ne pas surcharger les forces de police qui interviennent comme de véritables milices coloniales. Avec un mouvement qui prend de l’ampleur, il est à parier que le gouvernent va poursuivre sa stratégie de répression. Dès lors, la diabolisation entamée par le gouvernement sert à préparer le terrain, et à justifier cette répression aux yeux de l’opinion publique. Face à cette situation, on ne peut laisser les guadeloupéens seuls, et il est urgent de se mobiliser pour apporter notre solidarité contre la répression !


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