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#BlanquerDémission

Blanquer tente d’enterrer la polémique pour canaliser la colère dans l’Education nationale

Les révélations de Mediapart sur l’escapade à Ibiza de Jean-Michel Blanquer ont créé un véritable scandale, alors que les personnels de l’Education Nationale menaient le 13 une journée de grève historique. Dans ce cadre, la poursuite de la mobilisation peut être un véritable coup de massue sur Blanquer, contre qui fleurissent de nombreux appels à la démission, mais aussi contre le gouvernement.

Ariane Anemoyannis

18 janvier 2022

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Crédit photo : THOMAS COEX / AFP

« Est-ce que j’avais le droit de prendre quelques jours de congés après cette année ? Est-ce qu’il y a des réunions ou des éléments que je devais faire dans cette période que je n’ai pas faits à cause [de ces vacances à Ibiza] ? Est-ce que les décisions auraient été différentes si j’avais été ailleurs ? » a demandé Jean Michel Blanquer aux députés à l’Assemblée Nationale ce mardi, avant de répondre de lui-même, « non, bien sûr ». Une façon pour celui qui s’est fait pincer en vacances à Ibiza pour Noël et la Saint-Sylvestre de tenter de garder la ligne après la polémique révélée par Mediapart lundi soir. En effet, Jean-Michel Blanquer n’aurait finalement pas communiqué tardivement sur la rentrée pour être « au plus près de la réalité du terrain » mais parce qu’il était les pieds en éventail sur les plages de l’île connue pour ses fêtes et ses villas de millionnaires.

De quoi couper court à sa précédente logique d’apaisement, alors qu’il avait, au soir du 13 janvier tenté de calmer la colère massive dans les écoles, exprimée le jour même par une grève inédite. Pour autant, celui qui s’excusait de « ne pas être parfait » et de faire « des erreurs » et qui désormais se défend de toute paresse – il n’aurait pris que cinq jours de congé en deux ans – n’est pas à l’abri d’un camouflet suite à ce qui s’apparente à un Blanquer Gate.

Entre deux journées de grève – la première, le 13 janvier, ayant marqué un retour massif des profs dans la rue – les révélations sur son séjour à Ibiza tombe donc très mal pour celui qui incarne l’impasse de la stratégie sanitaire du gouvernement mais plus largement sa politique de casse du service public. De fait, tandis que les parents d’élève et le personnel des écoles tentaient en vain de se préparer à une rentrée catastrophique sans moyens ni équipements, le séjour du ministre dans les îles Baléares attise la haine contre un gouvernement non seulement jusqu’au-boutiste mais également déconnecté.

Ainsi, la polémique pourrait jouer un rôle de catalyseur pour la journée de mobilisation du 20 et du 27 janvier, alors que l’exécutif espérait que les annonces sur les miettes allouées aux écoles participeraient à dégonfler la colère. De quoi susciter de l’agacement jusque dans les rangs de la majorité, déjà sceptique du « problème Blanquer » comme le décrit Philippe Moreau-Chevrolet pour France Info. En quelques semaines, le ministre semble en effet être passé de coqueluche du gouvernement à cancre : son jusqu’au boutisme relatif à l’ouverture des écoles risquerait en effet de devenir une ombre au tableau pour un Macron en quête de réélection.

Plus profondément, ce scandale participe à aggraver le sentiment de mépris et de déconnexion ressenti par une partie de la population à l’égard du gouvernement et de Macron, qui décroche dans les sondages alors que la séquence de crise sanitaire lui avait jusqu’ici profité. Dans la lignée des scandales De Rugy en 2018, Delevoye en 2019 ou encore Mattei en 2003 – le ministre de la Santé avait accueilli dans sa villa de luxe les caméras en pleine canicule – le séjour de Blanquer au soleil pour les fêtes de fin d’année apparait comme un crachat à la figure du personnel en première ligne de la 5e vague dans les écoles et alimente une détestation latente à l’égard du pouvoir qui ne sent pas bon en pleine période de crise sanitaire et économique. De fait, alors que de nombreux secteurs se battent pour des hausses de salaire, que les prix du carburant repartent à la hausse de façon inédite et que les attaques contre les services publics pleuvent, les vacances de Blanquer pourraient être la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

« La symbolique n’est pas heureuse. En termes de com, maintenant, on rame », résume un proche du pouvoir au Monde. Autrement dit, si le gouvernement reste uni derrière son soldat décrié – Elizabeth Moreno appelait carrément à « laisser Jean-Michel Blanquer continuer à travailler sereinement pour que nous continuions à garder les enfants à l’école » – certains députés LREM grincent des dents et les dissensions se font tout de même sentir : « Qu’il se débrouille. Je me suis déjà tapé les mesures à défendre » fustigeait pour Libération un poids-lourd du parti.

« Pour l’exécutif, c’est un cauchemar » indique ainsi Philippe Moreau-Chevrolet sur France Info alors que la polémique enfle sur Twitter à coup de hashtag #BlanquerDémission. Des appels à la démission revient dans l’opposition…… Une perspective qui reste très hypothétique à quelques mois de la présidentielle, mais qui installe en tout cas dans le paysage politique une offensive contre un ministre star de la macronie.

Face à ce qui incarne une nouvelle fois le mépris fondamental du gouvernement vis-à-vis du personnel de l’Education Nationale en pleine 5e vague du Covid, une poursuite de la mobilisation autour du 20 puis du 27 janvier pourrait mettre en grande difficulté le gouvernement. Dans ce cadre, il est important de faire du 20 janvier une réussite et un point d’appui pour la date interprofessionnelle du 27, en défense des services publics, pour les salaires et pour faire définitivement payer la crise sanitaire à Blanquer et Macron.


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