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Immunité collective

Blocus à Paris XII. Les étudiants se mobilisent contre les partiels en présentiel en pleine crise sanitaire

Lundi, les étudiants en 2ème année d’éco-gestion à l’UPEC (Paris XII) ont bloqué leur fac pour protester contre la mise en place de partiels en présentiel sans aucune mesure sanitaire. Alors que l'épidémie repart de plus belle, imposons collectivement des mesures sanitaires à la hauteur !

Camilla Bozza

6 janvier 2021

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Crédit photo : LP/Marine Legrand

Comme de nombreux jeunes, des étudiant.e.s en 2ème année d’éco-gestion à l’UPEC (Paris XII) subissent leurs études depuis la rentrée 2020 et se sont réunis ce matin 04 janvier 2021 devant les portes du bâtiment éco-gestion pour se mobiliser contre les modalités d’examen de fin de semestre. Quatre jours après les fêtes de fin d’année, les conditions sanitaires pour les examens ne sont toujours pas réunies, et les étudiant.e.s ne sont toujours pas informé.e.s. Aucune consigne n’a été donnée par l’administration et aucun ajustement n’a été envisagé pour les étudiant.e.s contaminé.e.s au Covid19.

Après avoir appris que les examens se feraient en présentiel en recevant leur emploi du temps des partiels, les étudiant.e.s de l’UPEC se sont efforcé.e.s de rentrer en contact avec la direction, les professeur.e.s ainsi que les direct.rice/eur.s de jury dans le but de négocier les conditions d’épreuves mais surtout afin d’obtenir leurs notes de contrôle continu issues de copies qui n’ont toujours pas été corrigées. Sans notes, sans corrections, sans précisions quant aux conditions sanitaires et face au mépris d’une administration qui se contente de leur répondre qu’« il serait beaucoup plus utile que vous consacrez toute votre énergie à votre travail et à vos révisions », les L2 éco-gestion de Paris XII ont bloqué l’entrée aux salles d’examens pour revendiquer des conditions sanitaires dignes.

Pour moi tout est problématique ! La fac se fout de notre gueule depuis le début !”*

Passer ses partiels en présentiel afin d’éviter la triche, telle est l’excuse fournie par l’université. Après avoir argué le fait que les cours devaient se faire à distance dans l’intention de limiter les risque pendant des mois, l’université Paris XII change soudainement d’avis et annonce aux étudiant.e.s que les partiels se feront dans les bâtiments de la faculté sous prétexte qu’il est moins facile de tricher dans ces conditions. C’est facile : Plus de COVID ! Plus de triche ! Tout le monde à la fac !
Même en période de crise sanitaire, de souffrance et de remise en question pour les étudiants, la course pour reproduire la force de travail dans le cadre du capitalisme continue ! Tout au long du semestre, n’ayant jamais démontré grand intérêt sur l’environnement de travail de leurs étudiant.e.s , les universités sont bel et bien déterminées à maintenir les partiels quoi qu’il en coûte. Mettre la pression sur des étudiant.e.s vivant dans la précarité ou en détresse psychologique (selon un rapport parlementaire de 2020, 1 étudiant sur 6 aurait arrêté ses études depuis le début de la crise sanitaire) ne leur pose aucun souci. Etudiant.e.s en danger, mais étudiant.e.s diplômé.e, c’est tout ce qui compte !

Présentiel ou distanciel, à un moment donné il faut savoir !

Cette contradiction depuis le début de l’année sur les modalités d’enseignement est déstabilisante pour les élèves. Certaines filières étant en présentiel, d’autres étudiant.e.s n’ont jamais mis un pied à la fac depuis la rentrée universitaire. Le problème touche non seulement le cursus des sciences sociales mais aussi l’ensemble des autres cursus universitaires.
Cette contradiction pose problème et empêche les étudiant.e.s de se positionner dans leur méthode de travail, impactant leurs notes.

Mentir pour éviter l’échec

Pour ne pas se retrouver directement en session de rattrapage sans passer par la case partiels, les étudiant.e.s contaminé.e.s en viennent à manquer de transparence sur leur état de santé pour venir à leurs écrits et éviter de s’engouffrer davantage dans l’anxiété et/ou la précarité.
Nombreux d’entre-elles/eux publient des messages sur les réseaux sociaux affirmant qu’elles/ils n’ont pas le choix que de venir composer au risque de contaminer leurs camarades, de façon à éviter un redoublement qui serait un poids de plus à supporter cette année.

Les mesures prises (ou non prises d’ailleurs) sont injustes !

Des solutions, il y en a ! Report des épreuves (période “d’après-fête” risquée), réorganisation des méthodes de passage en donnant l’accès aux étudiant.e.s à du matériel et à des espaces de travail, tout en respectant les règles sanitaires, système de devoir maison (DM) sans contrainte de temps inatteignable, ou encore mise en place de régimes dérogatoires pour permettre aux jeunes touchés par le COVID de passer leurs épreuves, les propositions sont nombreuses, mais surtout, elles sortent de la bouche des personnes directement concernées.

L’université a préféré investir dans des logiciels anti-plagiat tel que Compilatio afin de réprimer ses étudiant.e.s au mieux plutôt que de leur assurer de bonnes conditions sanitaires. La période aurait pourtant était propice à l’embauche de plus de personnels universitaires, mais les moyens sont visiblement trop précieux pour employer de nouveaux.elles demandeur.euse.s d’emploi.

Après une négociation entre une délégation de syndicats, étudiant.e.s et administration, la moitié des épreuves seront reportées, laissant alors le temps aux étudiant.e.s de récupérer leurs notes de contrôle continu (soit, laissant le temps à la fac de se mettre à jour pour être conforme au règlement). Une partie des étudiant.e.s à risque pourront passer l’intégralité de leurs examens à la fin du semestre 2 en espérant que d’ici juin la situation évolue dans le bon sens. Une fois de plus on assiste à un accord à l’amiable qui viendra quelque peu stabiliser la situation de manière provisoire mais toujours sans réellement répondre aux revendications des étudiant.e.s.

Dans les blocus lycéens ou étudiants, de plus de jeunes se mobilisent, réclamant des moyens pour faire face à cette crise sanitaire et résoudre le problème d’un système qui n’en fait qu’à sa tête et qui refuse de faire le moindre effort pour épargner sa jeunesse. Cette offensive menée par la ministre de l’enseignement supérieur ainsi que des universités complices relève, encore une fois, de l’incompétence et de l’incapacité du gouvernement à gérer la crise.

*Tous les étudiant.e.s qui témoignent souhaitent garder l’anonymat


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