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Campus Bordeaux Victoire

Bordeaux. Des distributions solidaires autogérées par les étudiants depuis un mois

La précarité de la jeunesse s’aggrave de jour en jour, sans réaction de la part du gouvernement et des universités. Dans ce contexte, l’association Onzième Thèse a lancé, il y a quelques mois, des comités de lutte contre la précarité afin de s'organiser contre cette situation. Face à la nécessité d’apporter une aide alimentaire en centre ville aux étudiants dans le besoin, une distribution solidaire a été lancée.

Yann Causs

8 avril 2021

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Sur le campus de Bordeaux Victoire, une épicerie solidaire était tenue, il y a quelques années, dans la salle inter-assos, avant d’être interdite par l’administration.

Avec le comité de lutte contre la précarité Bordeaux Victoire et Onzième Thèse, nous avons pris l’initiative de rouvrir cette épicerie, en demandant l’accès aux locaux associatifs maintenus fermés pour cause sanitaire. Après avoir refusé d’accorder une salle pour l’épicerie solidaire sans raison valable, l’université a finalement cédé sous la pression des étudiants la veille de la première distribution.

Cela fait maintenant un mois que l’épicerie est lancée dans le centre ville, 30 rue Paul Broca, et chaque semaine, entre 60 et 80 paniers sont distribués. De la réalisation à la distribution des paniers, ce sont les étudiants qui s’organisent afin de pouvoir approvisionner les personnes dans le besoin et soulager leurs dépenses alimentaires et hygiéniques. Cela n’est pas sans difficulté ; après le premier refus administratif de l’université de fournir un local aux étudiants, c’est une partie de nos réseaux d’approvisionnement, principalement la banque alimentaire, qui ne souhaite pas travailler avec des étudiantss’organisant par eux même contre la précarité. C’est l’illustration de l’hypocrisie de la banque alimentaire, qui organise de manière sélective une solidarité qui n’est que de façade. Alors même que les étudiants s’organisent pour fournir des denrées alimentaires à ceux dans le besoin pour combler les manques de l’État responsable de la situation, les institutions chargées théoriquement de cette question refusent de fournir des étudiants s’auto-organisant. C’est aussi le cas du Crous, qui a tout fait pour mettre des bâtons dans les roues aux étudiants du village 6 qui ont notamment mis en place des distributions alimentaires au pied de la cité.

Ces constats confirment que nous ne pouvons pas compter sur ces institutions, mais seulement sur notre force d’organisation. Bien plus que de lutter de manière immédiate contre la précarité, comme nous le faisons au travers de la distribution alimentaire, nous devons nous organiser plus largement pour en finir définitivement avec cette situation. D’autant que celle-ci devrait s’aggraver dans les mois et années à venir. En pleine période crise sanitaire, la sélection se maintient et s’accentue au travers du décrochage et des examens universitaires, poussant toujours plus les étudiants hors des universités sur un marché du travail en pleine crise. Si la précarité augmente déjà aujourd’hui, elle menace des milliers de jeunes et de travailleurs pour un avenir proche. De la même manière que les jeunes travailleurs de chronodrive s’organisent pour lutter contre le sexisme, le greenwashing et la précarité de la jeunesse, nous ne devons pas rester passif face à toute cette situation. Nous devons prendre nos affaires en main indépendamment de ceux qui nous laissent dans cette précarité et incertitude.

Nous l’affirmons, la banque alimentaire, le Crous, l’université ou d’autres institutions liées à l’État, ne sont pas nos alliés pour lutter contre la précarité, ils ne font que maintenir dans la précarité la jeunesse et de milliers de personnes menacées par la pauvreté. Au contraire, les organisations de gauche et syndicales doivent prendre en charge cette question et organiser une solidarité de classe. En effet, à l’heure où les suppressions d’emplois ne font que se multiplier, où la jeunesse est de plus en plus en proie à une précarité immédiate et à moyen terme, et où la pauvreté a fortement augmenté depuis le début de la crise, c’est tout un camp social qui est menacé, celui des travailleurs et de la jeunesse précaire. Il nous faut répondre par une solidarité intransigeante, qui pose des perspectives politiques de dépassement de la situation.


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