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Brésil. L’opération Lava Jato mise de côté, Lula revient sur le devant de la scène

Par une décision unilatérale, un juge de la Cour Suprême a annulé l’ensemble des condamnations de Lula, liées à l’opération « Lava Jato » et le rend éligible pour l’élection présidentielle de 2022. Mais que se cache-t-il derrière cette décision ?

Tatiana Magnani

12 mars 2021

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Crédits photo : Andre Penner/AP/SIPA

Ce lundi, l’ensemble des condamnations portées contre l’ancien président du Parti des Travailleurs (PT), Lula, dans le cadre de l’opération soi-disant anti-corruption « Lava Jato » sont tombées, le rendant ainsi éligible pour l’élection présidentielle de 2022. Une nouvelle qui tombe à point nommé pour le politicien à l’heure où le Brésil franchit le seuil de plus de 1900 décès par jour et que le président d’extrême-droite, Jair Bolsonaro, demande à la population brésilienne, submergée par la misère et la pandémie, « d’arrêter de geindre ».

L’opération " Lava Jato" anti-corruption qui avait débuté en 2014 avec un discours de combat contre la corruption et avec la plus grande enquête de l’histoire, avait en réalité pour objectif de changer le visage du capitalisme brésilien, alors administré par le Parti des Travailleurs. Une figure de droite était recherché, plus à même d’approfondir l’austérité et un agenda de contre-reformes plus importantes encore que celles sous la gestion du PT, mais aussi capable de préparer le terrain pour l’entrée des monopoles impérialistes.

En ce sens, les fuites publiées par Wikileaks montraient bien comment l’opération était idéologiquement orientée en faveur de l’impérialisme nord-américain. En effet, l’ancien juge Sergio Moro, chargé de l’opération « Lava Jato », a des relations très étroites avec les États-Unis et a été formé par un département d’État nord-américain.

Que se cache-t-il a derrière l’annulation des condamnations de Lula ?

Ainsi, Edson Fachin, le juge du Suprême Tribunal Fédéral (STF, Cour Suprême brésilienne) pro Lava Jato en a surpris plus d’un à annuler les condamnations de Lula, jugeant que la cour fédérale du Parana n’était pas légitime pour juger l’affaire et que ça devrait se passer à Brasilia. Le procès contre Lula recommencerait ainsi depuis le point zéro, loin des scandales de la partialité de Sergio Moro qui avait mené l’enquête contre Lula en collusion avec le procureur, sauvant ainsi l’opération Lava Jato et la figure de Moro, soupçonné de vouloir se présenter en 2022, après avoir démissionné en tant que ministre de la justice du gouvernement de Bolsonaro.

De cette manière, sous un vernis démocratique, ces manœuvres visent à rétablir une justice entachée par l’autoritarisme et visent à donner continuité à l’agenda économique qui applique des attaques dures contre classe ouvrière brésilienne avec la réforme du travail ou encore réforme des retraites, parmi d’autres.

Lula et le ton conciliateur

Dans un discours depuis le syndicat de la métallurgie dans la région industrielle de Sao Paulo, Lula a essayé de rassembler la gauche, notamment en critiquant la gestion erratique de la pandémie de Bolsonaro et les privatisations, sans dire aucun mot sur les dernières contre-réformes, qui ont structurellement aggravé cette situation catastrophique.

Mais en même temps, Lula fait du pied aux patrons : « N’ayez pas peur de moi  », entonnait-t-il à l’occasion de ce discours en leur direction.
Il n’a pas oublié non plus de faire signe aux anciens acteurs du coup institutionnel, comme les parlementaires de centre-droite et le juge Fachin, ou même la police et l’armée, ce qui montre que le Parti des Travailleurs veut seulement administrer le capitalisme brésilien et ne peut répondre à aucun des problèmes qui touchent la classe ouvrière, dont les intérêts sont en totale contradiction avec le patronat, et l’ensemble de ces institutions citées. S’il s’agit de défendre l’annulation définitive des condamnations de Lula sans faire aucune confiance à la justice, c’est seulement par une sortie indépendante de la classe ouvrière que l’on pourra imposer l’annulation de toutes les contre-réformes, et mettre en œuvre un vrai plan d’urgence face à la crise sanitaire et économique.


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