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C'est dans la rue que ça se passe

Bridgestone. Manifestation dimanche à Béthune contre la fermeture de l’usine et les licenciements

Dimanche 4 octobre une manifestation a lieu à Béthune pour soutenir les travailleurs de Bridgestone contre la fermeture de l'usine et les licenciements. Face à la direction de la multinationale qui veut mettre à la porte les salariés, la mobilisation est notre seule arme pour imposer zéro licenciements !

Petra Lou

3 octobre 2020

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Crédit Photo : Radio France - Claire Mesureur

Plus qu’une marque de pneu, Bridgestone est désormais devenu le nom de la soif intarissable de profits du patronat qui après avoir été arrosé de centaines de milliers d’euros d’aides publiques pour « soutenir l’emploi » et moderniser l’outil de production peut désormais annoncer la fermeture du site à Béthune. Sous prétexte de manque de compétitivité, après avoir largement désinvesti le site bien entendu. Encore une fois, la classe politique, des élus locaux aux ministres, ne s’y attendait pas, elle tombe des nues et fait mine de hausser le ton. Juste après l’annonce en grande pompe d’un plan de relance qui offre des dizaines de milliards au patronat, une fermeture de site et la mise sur le carreau de 863 salariés, cela sans compter les emplois induits et indirects (notamment dans la sous-traitance), cela fait tâche dans la communication des politiciens. Mais pour les salariés, c’est beaucoup plus, ce sont leurs vies qui sont impactées par ce carnage social qui vient s’ajouter à la longue liste de fermetures de site qui ont ravagé la région. Ce dimanche, une manifestation est appelée à Béthune par l’intersyndicale pour dire non à la fermeture du site, à 9H30.

Dialogue social ou rapport de force ?

Alors que le constructeur japonais de pneus vient d’annoncer la fermeture définitive du site de Bridgestone il y a deux semaines, l’intersyndicale sort ce jeudi du Comité Social et Économique (CSE) extraordinaire en ayant signé avec la direction un accord de méthode. Dans la perspective d’une recherche de compromis à tout prix en misant sur l’appui du gouvernement, l’intersyndicale compte mener la politique du moindre mal.

De manière très claire, elle présente dans un communiqué son « plan de bataille » pour « préserver un maximum d’emplois », avec une première option qui impliquerait l’obtention d’un investissement massif de la part du gouvernement, pour éviter au maximum les suppressions de postes, suivant l’exemple de Bari, en Italie où une usine Bridgestone a été « sauvée » de fermeture en 2013 au prix d’une réduction drastique du nombre de postes. Une deuxième option envisagerait de « participer aux discussions d’un éventuel repreneur, et limiter au maximum les suppressions de poste », tandis que la troisième propose un accompagnement « des salariés dans le cadre de la fermeture de l’usine  ». Des options peu enthousiasmantes car si elles étaient menées à bien, elles impliqueraient forcément une défaite pour les ouvriers : suppressions de postes quoiqu’il arrive ou fermeture complète. Ce n’est pas une alternative ! Sans rapport de force, il sera impossible d’obtenir une autre issue. Dans les trois options, aucune ne mentionne de construire une véritable bataille contre la fermeture, puisqu’elles impliquent toutes une tentative de dialogue avec la direction, et même l’acceptation de la fermeture du site sur laquelle la direction a déjà annoncé qu’elle n’avait pas l’intention de céder. Ce mécanisme a été dénoncé par les ex-Whirlpool et ex-Continental comme une illusion totale qui ne permet pas de gagner du temps mais de rogner le champ de bataille au rythme des réunions dans le cadre des négociations, dont les règles sont dictées par les patrons.

Cette « négociation des négociations » impose ainsi le rythme de la mobilisation. Une mobilisation uniquement pensée dans le but de peser dans les prochaines négociations retient forcément les coups et ne peut pas exprimer toute sa force. Des réunions qui servent aussi à faire durer et à émousser la combativité des salariés invités à trouver des solutions individuelles à leur licenciement plutôt qu’une issue qui passe par la lutte collective (10 rounds de discussion qui vont commencent à partir du 6 octobre). « Cette date fixe le point de départ de nos discussions, qui dureront cinq mois, comme nous l’avons négocié » annonce ouvertement l’intersyndicale au sortir de cette première rencontre : un rythme qui va en fait donner toutes les cartes à l’adversaire. Cette stratégie est imposée par les directions syndicales, qui soit brillent par leur absence à l’instar de Philippe Martinez, soit par une volonté farouche de maintenir le dialogue social à tout prix comme Laurent Berger. La stratégie qui consiste à demander des « contreparties » au constructeur japonais montre d’ores et déjà ses faiblesses, comme l’avoue explicitement Berger lui-même estimant qu’il est « sans doute déjà trop tard pour Bridgestone ». Alors quel plan contre la fermeture de Bridgestone et la vague de licenciements qu’elle annonce dans l’ensemble du monde du travail ?

Incarner le symbole de la riposte ouvrière : construire un véritable rapport de forces à Bridgestone !

L’attente de la perspective d’un repreneur ou d’aides de la part de l’Etat sont des illusions qui servent à maintenir les ouvriers dans la passivité. La force des ouvriers de Bridgestone, c’est la grève, leur nombre et la possibilité de faire tourner ou non les machines, d’occuper l’usine d’empêcher le démantèlement du site. Rien de tout cela n’est possible si l’on s’enchaîne aux réunions de négociation et au « dialogue social ». D’ailleurs qu’y a-t-il de dialogue ou même de social quand la direction prévoit de mettre 863 personnes au chômage et qu’elle a détruit l’outil de production depuis des années ?

Dans ce combat, il n’y a de solution réaliste que la prise en main de l’usine par les travailleurs. Les patrons veulent partir, grand bien leur fasse ! Mais après avoir tant pris dans les deniers publics, l’usine et toutes ses machines doivent être expropriées et nationalisées sans aucune indemnité. La nationalisation sous le contrôle des travailleurs est la seule perspective réaliste pour sauver Bridgestone !

Cette perspective nécessite la construction d’une forte mobilisation, et la participation de tous les ouvriers qui soient maîtres de leur lutte. La décision doit leur revenir en assemblée générale. Une telle lutte enverrait un signal important à toutes les usines et entreprises menacées de licenciements, de fermeture et pourrait changer radicalement la situation politique. Dans ce but, il est essentiel en premier lieu de rompre tout cadre de dialogue social pour imposer un véritable rapport de forces, refuser de négocier que les salariés paient un peu plus ou un peu moins la crise des patrons !

Alors qu’il s’agit de la première manifestation appelée depuis l’annonce de fermeture, elle doit poser les fondements de l’alternative pour laquelle il vaut la peine de se battre, contre la fermeture et zéro licenciement, avec la mobilisation des travailleurs et de soutiens ouvriers dans la branche, mais aussi de tous les secteurs en lutte aujourd’hui dans la métallurgie et en général dans le monde du travail, comme l’a montré le rassemblement à Lille face au PSE des Cargill où une délégation Bridgestone est venue soutenir les 183 ouvriers qui risquent aujourd’hui le chômage.

Publiée par Cgt Bridgestone sur Mardi 29 septembre 2020

Plusieurs militants de Révolution Permanente seront présents au rendez-vous pour couvrir la mobilisation. Et pour celles et ceux qui ne pourraient faire le déplacement, retrouvez notre couverture sur nos réseaux sociaux en direct !


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