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Jean-Michel Réac

"Brutale" et "nuisible" : la circulaire réactionnaire de Blanquer contre l’écriture inclusive à l’école

Jean-Michel Blanquer a finalement décidé d'interdire l'utilisation de l'écriture inclusive à l'école publique. Alors que la jeunesse lycéenne manifeste sa colère face aux modalités d'examen du bac par de multiples blocages, durement réprimés par la police, la seule réponse du ministre est une mesure réactionnaire contre l'inclusivité du langage.

Armand Bonneto

7 mai 2021

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Crédits Photos : AFP

Le jeudi 6 mai Jean-Michel Blanquer publiait, au sein du bulletin officiel de l’éducation nationale, une circulaire interdisant l’écriture inclusive dans les établissements scolaires publics. Le ministre a justifié cette décision en indiquant que « l’écriture dite « inclusive » dont la complexité et l’instabilité constituent autant d’obstacles à l’acquisition de la langue comme de la lecture ». Ce serait donc pour une raison éducative, d’apprentissage, que l’écriture inclusive serait strictement interdite dans les lieux d’éducation nationale, avec comme cible principale les fameux points médians qui permettent de présenter les orthographes masculine et féminine d’un même mot (par exemple "les ouvrièr.e.s").

L’écriture inclusive, même si elle ne constitue qu’une partie relative d’une lutte bien plus large contre la condition d’oppression des femmes, a pour but de ne pas essentialiser les formes masculines du langage. Mais selon la nouvelle circulaire de Jean-Michel Blanquer, elle « est non seulement contre-productive pour cette cause même, mais nuisible à la pratique et à l’intelligibilité de la langue française ». L’écriture inclusive serait ainsi « un obstacle pour l’accès à la langue d’enfants confrontés à certains handicaps ou troubles des apprentissages ». Ici, Blanquer et son ministère retourne le sens d’inclusivité pour démontrer que ce type d’écriture serait en réalité « exclusive » pour certains enfants en même temps qu’ils s’arrogent le droit de décider ce qui est « contre-productif » ou pas pour la cause féministe.

Ces quelques éléments de justification ont pourtant du mal à cacher le visage profondément réactionnaire de cette mesure qui interdit une modalité d’expression littéraire utilisée par le mouvement féministe. Cette décision est d’autant plus une provocation que l’utilisation de l’écriture inclusive est peu répandue au sein de l’Education Nationale. La circulaire constitue donc une mesure réactionnaire préventive d’une forme d’égalisation dans le langage, mais surtout un moyen de faire diversion pour le ministre confronté à la mobilisation dans les lycées depuis la rentrée contre les modalités d’examen du bac rendues encore plus inégalitaires par la situation sanitaire.

Par ailleurs la circulaire de Jean-Michel Blanquer est précédée d’un texte rédigé par Hélène Carrère d’Encausse et Marc Lambron, membres éternels de la très réactionnaire Académie Française, qui affirme que « en prônant une réforme immédiate et totalisante de la graphie, les promoteurs de l’écriture inclusive violentent les rythmes d’évolution du langage selon une injonction brutale, arbitraire et non concertée, qui méconnaît l’écologie du verbe ». En se faisant les défenseurs zélés des règles linguistiques produites et déterminés par les rapports de force sociaux, cette attaque contre l’écriture inclusive démontre le rôle de cette institution : produire arbitrairement, ou plutôt en fonction des orientations politiques des classes dominantes, des règles de grammaire, d’orthographe et de conjugaison qui reproduisent les rapports d’oppression patriarcaux.

Pour obtenir la possibilité de s’exprimer librement, ce n’est donc pas l’écriture inclusive qu’il faut interdire mais bien l’Académie française. Cette décision politique, et non pédagogique, du ministère est en complète adéquation avec l’offensive réactionnaire d’ensemble du gouvernement. La publication de cette mesure en plein mouvement lycéen témoigne à l’inverse du mépris total du ministre vis à vis des lycéens mobilisés depuis le début de semaine et durement réprimés par la police.


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