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Quand le jeu capitaliste broie les salariés

Cession d’Alstom Reichshoffen : fortes menaces sur l’emploi et les précaires

Les grands capitalistes diront que c’est un effet collatéral : pour acheter le canadien Bombardier, Alstom pourrait être amené à céder le site de Reichshoffen. Une cession qui jette le trouble sur l’avenir des 1050 travailleurs qui font quotidiennement tourner le site, dont 750 personnes en CDI et 300 en intérim.

Vincent Duse

18 juillet 2020

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Crédits photo : Frederick Florin / AFP

Quand ce n’est pas la crise économique, c’est le jeu de la concentration du capital qui supprime des postes. Dans le cadre de son projet de rachat du canadien Bombardier pour 6,2 milliards d’euros, Alstom compte bien mettre toutes les chances de son côté pour obtenir l’aval de la commission Européenne. Pour cela, il est prêt à vendre le site de Reichshoffen dont le carnet de commande est rempli jusque 2024.
 
C’est un jeu de dupe où le géant Alstom, géant dans le ferroviaire qui ne pèse pas moins que 6 milliards de chiffre d’affaires, est prêt à vendre la peau des salariés d’une usine qui n’est pas en mauvaise passe pour constituer un géant du transport. Dans ce jeu, l’Union Européenne qui n’est autre qu’un outil au service des grands capitalistes du centre européens devient le garant des monopoles, tandis qu’Alstom qui est prêt à tout pour racheter Bombardier ouvre la voie à un nouveau massacre de l’emploi jetant en pâture 750 salariés en CDI et 300 intérimaires. Des travailleurs qui eux n’ont aucun mot à dire sur leur devenir, sauf celui d’attendre le sort auquel ils seront abandonnés : racheté par une autre entreprise avec sûrement des suppressions de postes à la clé notamment chez les précaires, ou les baisses de salaires. La peste ou le choléra.
 
C’est ce que Guillaume raconte à France Bleu : « salarié depuis un an, en a discuté avec ses collègues juste après le passage de la direction et "forcément, on se prépare au pire". Des intérimaires, eux, espéraient une embauche d’ici quelques semaines ou quelques mois, elle est désormais remise en cause. Guillaume, lui, souhaite au moins que son entreprise mais aussi l’Etat "s’assurent que tout ça soit fait dans l’intérêt global. Si c’est juste une opération boursière, je suis pas sûr que ça vaille le coup de supprimer des emplois". »
 
Ce sont donc les postes de 1050 salariés que Alstom veut mettre sur la sellette pour satisfaire son appétit, un appétit criminel qui doit être dénoncé comme telle par les organisations du mouvement ouvrier. Et cela d’autant plus dans la situation que vit actuellement la classe ouvrière : avoir une épée de Damoclès au-dessus la tête en permanence puisque partout les plans de licenciement tombent. Face à cette crise économique que le grand patronat veut nous faire payer, pour l’heure, les réactions des directions syndicales ne sont pas à la hauteur, c’est le moins que l’on puisse dire.
 
Ce serait pourtant le moment pour nous coordonner tous ensemble et frapper ensemble sur le même clou. Et cela d’autant plus au regard de la situation d’Alstom alors même que pour le site de Reichshoffen les commandes sont pleines. Ainsi, le fait qu’il n’y ait aucune justification économique pourrait être un argument pour imposer une autre issue que celle auxquelles les capitalistes veulent nous condamner : la précarité et le chômage. Non, aucun emploi ne doit être supprimé à Reichshoffen comme chez les sous-traitants !
 
Face au plan des capitalistes, il nous faut opposer notre unité. L’émotion doit se transformer en colère et en lutte pour gagner. Nous avons vu un premier pas vers cette direction avec le débrayage chez Alstom à Aytré en soutien aux salariés de Reichshoffen par les syndicats FO et CGT. La situation de l’usine de Reichshoffen c’est le problème de tous les salariés. 
 

Le patriotisme économique et le nationalisme sont les ennemis du mouvement ouvrier

 
Aujourd’hui, le grand patronat veut faire croire qu’il s’agirait de sacrifier le site pour grossir et garantir la pérennité de Alstom à long terme, affirmant qu’il s’agirait d’être « les meilleurs et les plus productifs ». Mais ce ne sont pas les travailleurs Chinois ou d’autre qui aujourd’hui nous volent notre emploi mais bien le système capitaliste qui gangrène la société mettant en concurrence les travailleurs d’un pays contre un autre, ou encore les usines, les unes contre les autres.
 
Ils sont organisés à l’international. Il nous faut nous aussi travailleurs de tous les pays nous préparer à s’organiser au-delà des frontières contre les licenciements et la mise au chômage massif. L’outil de production nous savons le faire marcher, alors que Alstom sans les salariés ne fera rien tourner. La solidarité doit être certes local mains aussi internationales, pour vaincre. Sans la force de travail il n’y pas d’Alstom.
Il nous faut nous battre pour qu’aucun emploi ne soit supprimé, et contre toute fermeture d’usine avec un rapport de force qui est à construire. Les salariés avec leur organisation syndicales, peuvent être à l’offensive. Et cela d’autant plus dans un groupe qui fait des milliards d’euros de profits. En effet, comment accepter que le site d’Alsace ferme ou se fasse racheter ? Le vrai problème n’est pas l’Union européenne mais notre capacité à lutter pour nos intérêts de classe, sans rien lâcher dans des discussions stériles avec la direction et le gouvernement. Tout au contraire, il faut défendre nos conditions de travail pour nos familles en opposition aux intérêts des grands capitalistes qui ne mesure que leur profit : notre vie ils s’en moquent.


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Vincent Duse

Ouvrier PSA-Stellantis Mulhouse, militant CGT

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