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Scandale !

Chasse anti-pauvre. La mairie de Nice prévoit d’expulser 72 familles des HLM de la ville

Côte d’Azur Habitat a expulsé début septembre une locataire d’un logement social avec son fils de 19 ans parce que ce dernier avait été condamné pour trafic de drogue et accusé de nuisances dans le bâtiment. Avec le mot d’ordre « Pas de logement social pour les ennemis de la République », le président du bailleur social et premier adjoint au maire LR de Nice Anthony Borré applique la politique réactionnaire du gouvernement, main dans la main avec le préfet et le procureur.

Matthias Lecourbe

7 octobre 2021

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Crédit Photo : © Valery HACHE / AFP

La locataire d’un logement social de Côte d’Azur Habitat a été expulsée en septembre dernier avec son fils de 19 ans parce que ce dernier avait été condamné pour trafic de drogues et était accusé de nuisances dans l’immeuble. L’office HLM de Nice a en effet mis en place un partenariat avec la préfecture et le Ministère Public qui lui fait parvenir les infor-mations dont il dispose concernant les poursuites à l’encontre de locataires du bailleur social ; et mis en place d’autre part un « Conseil des Droits et des Devoirs » en 2020 pour sanctionner les locataires à l’origine de troubles dans les immeubles, parfois par la résiliation de leur bail.

Main dans la main avec la mairie de Christian Estrosi qui revendique la poursuite de ces opéractions nauséabondes, soixante-douze locataires seraient concernés depuis 2020 par une procédure pouvant conduire à la résiliation de leur bail. Le règlement intérieur, la « charte des droits et devoirs » a en effet été modifiée de façon à ce que toute condamnation pénale d’un membre du foyer puisse conduire à l’expulsion de toute sa famille. Côte d’Azur Habitat a même employé le terme extrêmement stigma-tisant « d’ennemis de la République » pour parler de ces locataires condamnés, expression employée par le gouvernement pour mettre en place la loi séparatisme et justifier les dissolutions, principalement d’associations musul-manes. C’est donc bel et bien l’application de l’offensive liberticide et réactionnaire du gouvernement que compte mettre en place le maire et son adjoint, président du bailleur social, en appliquant à la lettre la répression des familles populaires sous couvert de lutte contre la délinquance.

Ces mots et cette politique très durs sont en effet le signe d’une véritable opération de répression extrême des personnes les plus précaires bénéficiant de logements sociaux. On sait en effet que les jeunes condamnés pour des faits de délinquance sont très majoritairement originaires des classes populaires, comme le montre les résultats de cette enquête du laboratoire méditerranéen de sociologie qui estime que les deux tiers de ces jeunes ont des parents dont les revenus les placent dans une situation de précarité.

Expulser les familles de jeunes délinquants ne revient qu’à stigmatiser et enfoncer des foyers souffrant déjà de la précarité dans une situation d’insécurité financière plus forte et de grande difficulté pour retrouver un logement. Mediapart a enquêté sur l’affaire et a même pu établir que la mère célibataire du jeune homme était réfugiée politique très malade, ayant souvent besoin d’une assistance respiratoire. Elle peut difficilement espérer se loger en dehors du parc HLM. Une décision du juge de proximité a confirmé l’expulsion du foyer. Ainsi, c’est une politique menée conjointement par la mairie mais aussi la Justice, revendiquée comme un « partenariat d’échanges d’informations avec le préfet et le procureur dont l’objectif est de renforcer les sanctions contre les locataires se rendant coupable d’incivilités portant atteinte au cadre de vie et à la tranquillité du voisinage ».

Pourtant, l’avocate de la famille estime que rien ne vient appuyer les faits de dégradations et nuisances imputés au jeune homme et que l’expulsion n’a pas lieu d’être prononcée sur la base d’une condamnation pénale, et encore moins pour tout un foyer alors que les peines sont strictement personnelles. Christian Estrosi a pour sa part déclaré « Nous avons enfin obtenu une décision de justice qui fera jurisprudence et je vous prie de croire qu’on ne va pas s’arrêter là ». Le premier adjoint au maire et président de l’office HLM se justifie selon des arguments moraux, invoquant la méritocratie et le nombre de demandes, qui correspond au nombre de logements déjà alloués. Une rhétorique réactionnaire et anti-pauvre bien rodée des politiques de droite et d’extrême-droite qui ne cessent de responsabiliser les parents des conséquences sur leurs enfants de la misère sociale dans les quartiers pour justifier une série d’attaques anti-sociales en règle.

Le maire adjoint estime en effet juste d’allouer les logements sociaux selon le respect de la loi bourgeoise par l’ensemble d’un foyer précaire, alors même que le pays compte 13 fois plus de chômeurs de catégorie A que d’emplois vacants et que le Conseil National de Lutte Contre la Pauvreté et l’Exclusion Sociale estime que 12 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France, soit environ 19 % de la population. La délinquance est un phénomène répondant à l’urgence sociale dans laquelle se trouve actuellement une large partie des classes populaires. Côte d’Azur Habitat ne peut satisfaire actuellement que la moitié des demandes de logement sociaux, alors que la ville de Nice ne respecte pas le seuil de logements sociaux qui lui est imposé par la loi. La ville ne compte que 10,9 % de logements sociaux alors qu’il en faudrait 20 % pour être en règle.

Face à cette répression des habitants de logements sociaux, il faut une politique sociale à la hauteur de l’urgence générée par la crise économique et sanitaire, à commencer par une réquisition des logements vides et des résidences secondaires afin de loger toutes les personnes dont l’accès au logement est entravé. Il faut ensuite une interdiction des licenciements, une hausse de tous les salaires avec un passage du SMIC à 1800€ pour réellement permettre de mettre fin à la misère.


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