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Nos vies pas leurs profits !

Contre les fermetures d’usines chez Renault : construire un plan de bataille pour gagner !

Le site historique de Renault Flins subit de plein fouet les restructurations : la direction a annoncé la fin de la construction de véhicules neufs, et sa transformation en un complexe visant à l’entretien des véhicules d’occasions, actant en parallèle la fermeture du site de Choisy.

Vincent Duse

28 novembre 2020

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Luca De Meo, le Directeur Général de Renault avait déjà annoncé la fin de la construction de véhicules neufs sur le site de Flins aux alentours de 2024, et le transfert de salariés de Choisy vers Flins pour l’entretien et la réparation de véhicules d’occasion. Autant dire que le nombre de salariés va considérablement baisser : en réalité c’est bien une fermeture d’usine qui se profile à terme à Flins, en parallèle de la fermeture déjà annoncée du site de Choisy. Pourtant, la Zoé réalisée à Flins est le véhicule qui marche le mieux. Si le groupe Renault et le patronat ont de la marge d’ici à 2024, ils ne perdent pas de temps et entament déjà des restructurations pour supprimer des emplois dès maintenant : de la poudre aux yeux des travailleurs, leur évitant d’assumer une fermeture d’usine.

Alors qu’en dix ans le groupe Renault s’est gavé de 25 milliards d’euros de bénéfices, sans parler des dividendes versées aux actionnaires, cela n’a pas empêché certain syndicats de signer des accords de suppressions d’emplois. Mais la vraie question reste à savoir quelle contre-attaque du monde du travail mettre en place aujourd’hui : la mobilisation ne pourra se faire de manière isolée boîte par boîte, sans perspectives communes. Même si l’on peut entendre qu’il faut partager le travail entre tous au niveau du secteur automobile de Renault comme le défendent les camarades de Lutte Ouvrière, c’est bien une stratégie plus globale qu’il faut construire, pour s’opposer à toutes les suppressions d’emplois et fermetures d’usines au niveau national.

Luca De Meo est venu insulter les travailleurs de Flins

Alors qu’il avait déclaré au journal Les Echos que le projet pour l’usine de Flins serait avant-gardiste, ambitieux et costaud, Luca de Meo a tenu un tout autre discours au CSE du site, le 25 novembre. A la question « pourquoi ne plus fabriquer de voiture à Flins ?  », il n’a pas répondu par quatre chemins : le coût de fabrication y serait deux fois supérieur à celui du site de Maubeuge et 5 fois supérieur à celui de l’usine de Bursa en Turquie. Il faudrait 10 heures de plus pour fabriquer une Clio à Flins qu’à Novo Mesto en Slovénie. Le taux d’absentéisme y serait le plus haut de France. Quant à la qualité des véhicules produits à Flins, il aurait préféré ne pas s’étendre pour ne vexer personne. Il a fini par conclure en disant aux syndicalistes qu’une personne normale, extérieur à l’usine, en viendrait aussi à la conclusion qu’il faudrait fermer le site.

Nous sommes donc très loin d’un projet ambitieux et avant-gardiste pour les travailleurs de Flins, à moins que supprimer des emplois et mettre sur le carreau des familles ouvrières soit un projet formidable. C’est surtout une déclaration de guerre contre tous les salariés de Renault Flins, et contre la classe ouvrière du pays, qu’elle soit ou non travailleuse de l’automobile. C’est pourquoi le peu de réactions des directions syndicales est criminel ; les confédérations ne parlent depuis des années que d’une politique envers la filière automobile, et pensent plus à discuter dans le cadre du dialogue social, avec les patrons et le gouvernement, qu’à préparer une riposte, notamment dans la situation que nous vivons aujourd’hui, dans laquelle pleuvent les plans de suppressions d’emplois et de fermetures d’usine.

Créer les conditions d’un plan de bataille à la hauteur, contre les suppressions d’emplois et les fermetures d’usine

Il n’y a pas de doute sur le fait que le patronat est complètement décomplexé, lorsqu’il se permet d’attaquer et d’insulter comme il le fait les travailleurs de Flins, en menant à bien des suppressions d’emplois d’autant plus dans cette période, dans laquelle il n’y pas un jour sans une annonce de ce type, sur fond de crise sanitaire et économique. Malgré les milliards qu’a injecté le gouvernement dans ces secteurs, la soif de préservation des profits passera toujours avant les vies des salariés.

C’est aussi l’occasion d’élargir le front qui doit se mettre en place entre les différents secteurs en lutte existants, comme à Grandpuits où les travailleurs mènent la bataille contre la fermeture du site, ou celle des Toray, qui refusent de négocier les licenciements et les départs volontaires. Tout ceci en établissant également un lien étroit avec la coordination aéronautique, un collectif de syndicats et non-syndiqués qui se battent contre tous les licenciement et suppressions d’emplois.

Dans l’automobile, il serait impératif d’avoir une démarche d’unification de tous les secteurs qui veulent lutter et gagner contre toutes les suppressions d’emplois. Toutes les conditions sont réunies pour passer à la contre-offensive sur un base de lutte des classes, des constructeurs automobiles jusqu’aux sous-traitants qui risquent aussi de se faire massacrer. Se préparer à la contre-offensive signifie penser de manière interprofessionnelle : se doter d’une coordination nationale des travailleurs contre tous les licenciements et fermetures d’usine serait un saut important dans la situation, afin de s’adresser à tous ceux qui subissent des attaques. Les directions syndicales n’organisent pas un plan de bataille : à nous de le réaliser.


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Vincent Duse

Ouvrier PSA-Stellantis Mulhouse, militant CGT

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