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Crise sanitaire. Les soignants et les travailleurs sociaux en première ligne

La crise du Covid-19 frappe de plein fouet le monde des soignants et des travailleurs sociaux, qui sont tous les jours confrontés à des situations dramatiques. Ils sont en première ligne dans la lutte contre l'épidémie, ils devraient être en première ligne pour décider des mesures pour résoudre cette crise.

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 Crédit photo : © C.Clerc / ActuSoins 

Une crise sans précédent

La crise du Covid-19 frappe de plein fouet le monde des soignants et des travailleurs sociaux, qui sont tous les jours confrontés à l’horreur.

A l’hôpital, le personnel soignant s’épuise pour contenir l’épidémie, malgré le manque énorme de moyens humains et matériels. La pénurie de masques force les soignants à porter le même masque jusqu’à 8 heures d’affilée, contre toutes les recommandations médicales. A Mulhouse, le tri des patients en service de réanimation a commencé la semaine dernière, condamnant les personnes les plus âgées ou les plus fragiles à une mort certaine. Les infirmières et les aides-soignants sont usés, enchaînent des journées de plus de quatorze heures, et sont de plus en plus nombreux et nombreuses à tomber eux-mêmes malades !

Dans le travail social, tous les secteurs sont concernés par les mêmes problématiques. Dans les centres d’hébergement d’urgence et les foyers de la protection de l’enfance, les équipes réduites de travailleurs sociaux doivent composer avec la promiscuité de personnes hébergées dans des bâtiments confinés, parfois même en chambres collectives, l’angoisse suscitée par la situation, et le tout avec très peu voire aucun matériel de protection alors que plusieurs structures accueillent des personnes contaminées. Les 200 000 personnes qui vivent à la rue en France ne possèdent aucun moyen de se confiner, ou même de se protéger contre le virus.

Des années de politiques catastrophiques

Si le personnel hospitalier et les travailleurs sociaux subissent à ce point la crise du Covid-19, c’est avant tout parce que leurs conditions de travail ont été dégradées par plusieurs décennies de restrictions budgétaires, de diminution de financements et de politiques publiques visant à limiter les dépenses de l’Etat dans ces secteurs. Ainsi, ces 6 dernières années, les gouvernements successifs sont responsables de la suppression de 13 631 lits d’hôpital, de l’abandon du stock stratégique de masques et les moyens alloués au travail social sont loin de correspondre aux besoins que font en permanence remonter les associations ou professionnels de terrain.

Loin d’être une fatalité, ces politiques publiques et ces coupes budgétaires sont des choix politiques, effectués par des gouvernements qui défendent les intérêts des grandes entreprises et du patronat plutôt que ceux de la majorité de la population. Nul doute que l’argent perdu par la suppression de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune aurait permis de conserver des lits, des emplois et du matériel dans les hôpitaux où aujourd’hui on demande aux soignants de ne pas jeter leurs masques en fin de journée pour les stériliser et les réutiliser.

Encore aujourd’hui, alors que le monde connaît une crise sanitaire d’ampleur inédite, alors que le virus continue de se répandre de plus en plus vite dans le pays, l’Etat continue de faire passer les profits des entreprises avant nos vies. Ainsi, alors même que tout l’univers du soin fait campagne pour que les gens restent confinés chez eux, le gouvernement lui préfère que les ouvriers et les employés aillent trimer, sans se soucier du risque pour eux-mêmes et pour leurs proches. Macron lui-même soulignait il y a quelques jours « l’importance pour les salariés des entreprises qui se sont mis en conformité avec les règles sanitaires d’aller travailler sur les sites de production ». Si le chef de l’Etat parle d’entreprises qui se sont mis en conformité avec les règles sanitaires, les travailleurs savent que la réalité est tout autre et que les patrons préfèrent les voir se tuer à la tâche que voir leurs profits diminuer.

C’est aux travailleurs et aux usagers de décider !

Comment expliquer que le gouvernement ne prévoit et n’acte aucun plan d’embauche massif de personnel médico-social pour assurer un confinement le plus serein possible dans toutes les structures d’accueil et d’hébergement, si ce n’est par volonté de dépenser le moins possible pour des secteurs qui ne sont pas lucratifs ? Comment expliquer qu’il faille attendre une semaine d’alertes et de réclamations de toutes les associations humanitaires pour commencer à voir naître les premières mesures de protection des SDF, qui restent encore scandaleusement insuffisantes en terme de nombre de places et de confort ?

Dans une période où il est urgent de reconvertir toute l’économie pour la mettre au service de la résolution de la crise sanitaire, les services publics ne devraient pas être soumis à une logique de rentabilité ni de profit.

Les soignants, les travailleurs sociaux et les usagers sont les seuls à même de gérer efficacement les services publics, en se basant sur les seuls intérêts de la majorité de la population. Pour permettre à tous et toutes d’accéder à des soins gratuits, des services d’accompagnement fonctionnels et gratuits également, et des conditions de vie décentes, ces services publics devraient être financés à hauteur des besoins. Nous seuls pouvons établir, dans nos lieux de travail ou de vie, la liste des besoins qui nécessitent d’être pris en charge par la collectivité. Une assemblée composée de professionnels du secteur social et d’usagers n’aurait-elle pas été plus à même d’anticiper les besoins et les moyens à déployer pour minimiser le plus possible l’impact de la crise sur les plus fragiles et les plus démunis d’entre nous ?

De la même manière, on peut penser qu’un collectif comme le Collectif inter-Hôpitaux, une assemblée de soignants de toutes catégories et de représentants des usagers, pourrait être l’organe décisionnaire concernant la santé publique. Depuis plus d’un an, les soignants en grève tirent la sonnette d’alarme sur le manque de moyens, de lits et de personnels à l’hôpital. Ils se retrouvent aujourd’hui au front sans même avoir de matériel de protection adapté, au péril de leur vie et de celle de leurs proches. Ceux-ci sont les seuls à connaître les besoins réels, et l’ensemble du système de santé, qui doit inclure une nationalisation des établissements de santé privés, doit être contrôlé par les travailleurs et usagers, pour ne plus jamais refaire face à de telles situations.


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