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Pour éviter une troisième vague

Crise sanitaire : pour une véritable stratégie de prévention et de dépistage

Alors que nous entrons ce lundi dans une 4ème semaine de ce second confinement et à la veille d’une nouvelle allocation du président Macron, nombreux sont celles et ceux qui se rendent bien compte que la stratégie du gouvernement face à la crise sanitaire est catastrophique et ne tient pas la route.

Adèle Chotsky

23 novembre 2020

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Crédits photos : LP/Carole Sterlé

À l’approche des fêtes de fin d’années et de leur enjeu économique, les mots déconfinement, assouplissement, commencent à poindre dans le paysage.
Si l’on ne peut pas encore se prononcer sur les annonces de demain, il est certain qu’elles s’inscriront dans la droite ligne de la politique menée jusqu’ici par Macron : une stratégie sanitaire qui met notre santé sur le second plan par rapport au maintien de l’économie.

Après une gestion catastrophique et mensongère de la première vague, c’est ce que le gouvernement a montrée une nouvelle fois avec le couvre-feu puis le confinement made in MEDEF, ne proposant autre chose que de renforcer des mesures liberticides, de contrôles et de sanctions. Des mesures à l’efficacité contestable, faute de s’attaquer aux véritables foyers de contamination : travail, écoles, collèges et lycées.

La « non-stratégie » du gouvernement de fait un « stop and go » consiste en définitive à alterner entre le maintien de l’activité économique et son arrêt lorsqu’on arrive à saturation dans les services de réanimation. Il fallait « vivre avec le virus » : en somme, accompagner l’épidémie en impactant le moins possible l’économie. L’axe principal de cette politique, c’est le maintien de l’économie au plus haut niveau d’activité, coûte que coûte, en gardant un œil sur les indicateurs hospitaliers. Avec pour conséquence le fait de réagir en fonction du nombre d’hospitalisations, autrement dit une fois que le mal est fait. Le couvre-feu était censé répondre à cela, avant que la hausse inquiétante des courbes épidémiques ne forcent le gouvernement à réagir en catastrophe et à imposer le confinement « light » qu’il voulait à tout prix éviter. Une stratégie qui en plus de ne avoir mener vers la deuxième vague ne suffira pas à nous éviter une troisième vague.

Alors ça y est, il est question d’assouplir ce confinement qui n’en a jamais été vraiment un. Les annonces de Macron s’orienteraient en ce sens, avec bien sûr « des efforts » à poursuivre pour espérer être récompensés par quelques jours de fêtes de Noël déconfinées. Et la sortie de ce « confinement » n’est pas mieux préparée en termes de santé publique que celle de celui du printemps.

De même, comme pour la première vague, l’hôpital publique se retrouve dans un état toujours plus ciritique. A l’heure actuelle, les contaminations continuent et la pandémie se fait toujours brutalement sentir. Les chiffres généraux de 31 500 hospitalisés pour Covid-19 dont 4500 en réanimation ne donnent pas à voir de près la réalité de la situation catastrophique auquel doivent faire face les travailleurs de la santé. La situation est critique, non seulement de par le nombre de patients victimes du Covid-19, mais aussi avec tous les patients non-Covid souffrant de pathologies lourdes qui voient leurs soins et leurs opérations reportés. Endiguer l’épidémie, ce serait aussi alléger la charge qui pèse sur les épaules d’un personnel soignant en première ligne face aux contaminations et qui continue de payer un lourd tribu face à la crise. Les équipes sont affaiblies par des démissions nombreuses, face à des conditions de travail toujours plus insupportable et sans aucune reconnaissance salariale et professionnelle. Les renforts, qui se voient seulement proposer des CDD et des contrats précaires, n’affluent pas.

Il est nécessaire de dénoncer la responsabilité du gouvernement dans la gestion de la crise, sa politique autoritaire, sécuritaire et répressive. Mais cela ne peut suffire face à l’urgence. La possibilité d’une troisième vague et son cortège de morts peuvent et doivent être éviter. La situation actuelle qui menace de faire craquer l’hôpital doit être stoppée. Face à un gouvernement incapable de déployer une stratégie sanitaire à la hauteur de part son dévouement au patronat, nous souhaitons opposer une véritable politique sanitaire alternative pour en finir avec le virus en préservant un maximum de vies. C’est pourquoi nous revendiquons un programme d’urgence globale, pour que dans cette situation de crise sanitaire, économique et sociale, ce ne soit pas aux travailleurs, ni à la jeunesse, ni aux petits commerçants de payer leur crise. À ce stade de développement de la pandémie, contre une stratégie de la constatation, il est nécessaire de passer à une stratégie de prévention d’envergure pour briser les chaînes de contamination et circonscrire le virus.

  •  La condition sine qua none pour faire face à l’afflux de patients, c’est un programme d’urgence de moyens pour l’hôpital : création de lits, embauche de personnels sous statut
  •  Pour prévenir la multiplication des contaminations, embauche massive de travailleurs et travailleuses de la santé chargés de contacter, aider et informer les patients, de retrouver les « cas contacts ».
  •  Comme le développe notamment la commission Santé Sécu social du NPA, il faut aussi, à contre-courant des mesures liberticides et inefficaces, une stratégie de prévention démocratique fondée sur l’alliance des professionnels de santé et de la population, qui puisse s’auto-organiser, sur les lieux de travail, dans les quartiers, pour trouver des solution face au virus : à l’image des profs qui ont mis en place par eux-même la division des classes en deux.

    Avec 1/ un respect collectif et solidaire des « gestes barrières » pour éviter un maximum les contaminations

    2/ dépistage précoce et rapide des personnes contaminées (avant apparition des premiers symptômes) et des « cas contacts », ainsi que leur isolement

    Cette stratégie d’autodéfense collective contre le virus n’a bien sûr jamais été mise en œuvre par le pouvoir qui a fait peser la responsabilité sur les individus en les menaçant de sanctions et d’amendes, dans sa logique libérale et autoritaire. L’application « stop Covid » étant l’aboutissement de cette individualisation et de cette dilution de la responsabilité, avec traçage des individus à la clef.

    Ces mesures pourtant logiques et basiques ne seront certainement jamais prises par le gouvernement. Pourquoi ? Parce que celui-ci, depuis le début de son mandat, a montré que ce qui l’importait était l’économie. Son rôle est celui de défendre l’économie, le capitalisme et ses profits. Face à la crise historique que nous traversons, il est important que notre camp social revendique, aujourd’hui plus que jamais, que « nos vies valent plus que leurs profits ».

    Les travailleurs et en première ligne ceux de la santé, les jeunes, mais aussi les petits commerçants paient le prix de l’incapacité du gouvernement à faire face à l’épidémie de Covid-19. En tenant à tout prix à faire passer l’économie avant la santé, les instigateurs de la casse de l’hôpital public et d’un confinement taillé sur-mesure pour le patronat nous ont mené droit dans le mur. Face à cela, nous revendiquons plus que jamais l’urgence d’un programme alternatif dont puissent s’emparer les travailleurs, les professionnels de la santé et la population, pour endiguer l’épidémie et éviter des milliers de morts.


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