Hier, le maire de la ville de Nice, Christian Estrosi, a refusé de célébrer un mariage au prétexte de débordement du cortège et de « désobéissances à la loi ». De fait un maire assume des tâches régaliennes importantes – la légalisation d’un mariage – et dispose de pouvoir de police. Ce qui est reproché aux cortèges, c’est justement de ne pas avoir respecté le code de la route ! Une pénalité qui aura de quoi égayer une nuit de noce, car la liste est longue : « Défaut de port de casque, conduite dangereuse, manifestation d’un drapeau étranger, entrave à la circulation, conduite sur trottoir à vive allure, circulation en contresens et mise en danger de la vie d’autrui ayant entraîné le placement en garde à vue de deux convives ». C’est d’autant plus cynique que Christian Estrosi a fait sa carrière et sa célébrité comme pilote de moto sur circuit – ce qui l’a poussé à abandonner le lycée, avant de se lancer en politique dans l’équipe du très corrompu Jacques Médecin.
Tout ceci ne justifie en rien aux yeux de la loi la légalité du refus du maire de marier deux personnes pour des délits commis par deux autres… Estrosi s’appuie sur un arrêté municipal entré en vigueur en 2012 interdisant de brandir un drapeau étranger lors d’une cérémonie nuptiale. Voilà donc le vrai crime des interdits de mariage.
Le contexte de tout ceci c’est celui d’une région de Nice et du Sud-Est de la France, gangrenée par les idées et les politiques d’extrême-droite, où la surenchère va toujours plus loin. Car la réalité des faits, comme toujours avec l’extrême-droite est bien différente. Selon les dires des proches du couple, notamment, la sœur de la mariée, rapportés par Nice Matin, la version donnée par Christian Estrosi est fausse. La sœur de la mariée affirme ainsi que « le Code de la route a été respecté » et qu’ « aucun drapeau étranger n’a été sorti ». Elle affirme que « des invités ont été menottés », mais aussi que « les parents de la mariée n’ont pas été autorisés à entrer dans la cour de la mairie ». Le beau-frère du marié assure que « la mariée n’était pas encore sortie de chez elle que les policiers étaient déjà présents pour l’escorter ». Deux invités ont été placés en garde à vue.
Pourquoi tant de haine ?
Parce que la campagne électorale pour les régionales a été lancée et qu’elle se mène entre le FN de Marion Maréchal-Le Pen et les Républicains d’Estrosi. Voilà comment on instrumentalise le racisme des électeurs sans aucune conséquence pénale pour des politiciens profondément réactionnaires. L’Etat leur laisse les mains libres pour agir contre ceux qui ont pour seul tord d’être d’origine maghrébine. Les droits les plus élémentaires – circulations sur la voie publique, droit à une union légale – sont écrasés du pied et la police municipale fait son travail de répression au quotidien.
Les réactions sur le facebook d’Estosi où il a mis en ligne une vidéo sont en soit éloquentes sur la haine et le racisme qui se déploie à l’initiative de ces hommes politiques de droite. « Les youyous ce n’est pas notre culture », « qu’ils restent chez eux », « Français que quand ça les arrange ». La litanie du discours raciste, encore et toujours, qui rappelle que cette idéologie n’est pas l’apanage d’un parti, qui n’est malheureusement plus aussi infréquentable qu’hier, et qui tous les jours – les déclarations récentes de Nadine Morano le rappelle – touchent les politiciens qui se prétendent « fréquentables », de droite, comme de gauche.
