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150 travailleurs rassemblés

Derichebourg Aéro à Toulouse : un rassemblement réussi contre les licenciements

Comme Renault dans l’automobile ou Daher dans l’aéronautique, le groupe Derichebourg Aéronautic Services cherche aussi à faire payer la crise aux salariés. Contre la fausse alternative proposée par la direction – choisir entre un PSE immédiat de 700 salariés ou une suppression de ses acquis sociaux pour aller vers un PSE plus léger– les travailleurs ont choisi leur propre voie : réunir leurs forces pour s’opposer aux plans du patronat et à la position conciliatrice de FO.

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Crédits photo : Révolution Permanente Toulouse

Le gouvernement avait déjà préparé le terrain à l’offensive patronale avec la loi d’urgence sanitaire. Aujourd’hui, comme Bruno Le Maire l’expliquait à propos des licenciements massifs, le gouvernement continue à prêter main forte au patronat en préparant les esprits aux conséquences de la crise économique. C’est tout le sens de la garantie de prêt accordé par le gouvernement à Renault, alors que le groupe va supprimer 15 000 emplois dans le monde, dont 4600 en France. Derrière la rhétorique des efforts partagés le gouvernement peine à cacher que le patronat veut refaire ses marges et que cela implique de s’attaquer à la masse salariale : prolonger le temps travail, précariser et licencier.

Les exemples les plus éloquents de l’offensive patronale ont commencé avec Daher et le plan de licenciement concernant 3000 travailleurs et actuellement avec le « plan de compétitivité » présenté par Renault, qui ont conduit à une série de réponse des travailleurs sur le terrain de la lutte, avec ce 2 juin [le début d’une grève reconductible sur le site de Choisy-le-Roy contre la fermeture de l’usine. Dans cette même logique de faire payer la crise aux travailleurs, le groupe Derichebourg Aéronautic Services a présenté une fausse alternative à ses salariés un PSE immédiat de 700 salariés ou une suppression de ses acquis sociaux pour aller vers un PSE plus léger en septembre. Malgré cela et alors que le plan de la direction est largement refusé parmi les salariés, les représentants Force Ouvrière mènent une ligne de soutien aux patrons en cherchant à justifier l’Accord de Performance Collective (APC), présenté comme « le moindre mal » : reculer sur les acquis sociaux aujourd’hui pour se faire licencier demain.

Ce mardi 2 juin se tenait la première réunion du processus de négociation qui devra finir le 10 juin. C’est la période que la direction a établi pour aller vers l’application d’un APC le plus vite possible. Cependant, les travailleurs n’ont pas encore dit leur dernier mot. Contre la fausse alternative proposée par la direction, les travailleurs ont donné le premier pas vers leur propre choix : réunir ses forces pour être en capacité d’imposer une issue favorable à ses propres intérêts. En effet, en même temps que la réunion se tenait, 150 travailleurs se réunissaient pour la première fois devant le siège pour s’opposer aux attaques de la direction.

Comme nous l’expliquait un des travailleurs, « si on accepte l’APC et la destruction de nos acquis on ne pourra jamais s’opposer aux licenciements. Si l’APC est approuvé, le PSE va passer comme une lettre à la poste ». En effet comme le dénonçait l’UNSA SNMSAC aérien, le syndicat de l’usine qui a appelé au rassemblement, « le 10 juin il sera peut-être trop tard ! ». La direction essaye de gagner du temps avec les négociations en retardant toute annonce définitive avant la signature de l’APC. Raison pour laquelle, comme l’ont dénoncé les délègues d’UNSA SMNSAC Aérien, rien de concret n’est ressorti de la réunion de ce 2 juin si ce n’est que la direction « explore » la possibilité de s’attaquer via l’APC au 13 mois, au panier repas à la prime de déplacement et à la prime d’équipe. Des points que la direction avait déjà évoqué dans des réunions préalables. En effet la colère est grande parmi les salariés et la direction cherche à marquer les rythmes et à nourrir les illusions sur le processus de négociation afin de contenir d’avance l’initiative des travailleurs.

De nombreux salariés sont allés au rassemblement pour exprimer leur colère contre le mépris de la direction : « en nous disant qu’il fallait choisir entre mourir de faim ou du virus, le patron nous a montré la peu de valeur que les salariés ont à ses yeux ». Un mépris qui continue à s’exprimer par le fait que la direction demande des efforts aux travailleurs pour affronter la crise alors qu’ils ont déjà perdu 16% de leur salaire et cela sans compter les primes qui ont sauté avec le chômage partiel. Comme le dénonçait Boris Escaich, délégué au CSE pour l’UNSA SMNSAC aérien, « à aucun moment la direction n’a parlé d’efforts de la part de l’actionnaire qui a fait 22 millions d’euros de dividendes dans le dernier semestre ». Et poursuivait, « dans ce moment-là c’est scandaleux de s’attaquer à nos salaires ».

De même, comme le rappelle Boris Escaich, à l’image de ce qui s’est passé chez Smart ou Continental, historiquement les APC n’ont pas sauvé des emplois, mais ils sont le premier pas d’une offensive plus vaste du patronat. Et cela pas seulement dans l’ usine mais pour l’ensemble du secteur. Dans le rassemblement beaucoup de travailleurs pointaient que si « Derichebourg tombe, les autres entreprises du secteur, vont tomber comme des dominos ». En effet, les attaques qui commencent dans ce sous-traitant aéronautique de premier rang, annoncent une offensive plus générale. Devant les manœuvres de la direction et les tentatives de diviser les travailleurs usine par usine, c’est important d’aller vers une réponse unitaire, qui ne parie que sur le poids des travailleurs organisés et en lutte et qui refuse toute négociation sur le nombre de licenciements et d’acquis sociaux supprimés. Les travailleurs ne doivent pas payer la crise : ni licenciements ni baisse de salaire !

Pour appuyer les travailleurs de Derichebourg Aeronautic Services signez leur petition en ligne ici.


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