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Edito

Dix mois d’une gestion sanitaire catastrophique et le spectre d’un nouveau rebond épidémique

De la polémique des masques au confinement, en passant par la saturation des centres de dépistage, c’est la catastrophe qui ressort comme bilan de la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement. A l’heure actuelle, avec le plateau de la deuxième vague et l’annonce de la nouvelle souche du virus, à 3 jours de Noël, nul n’imagine que le retour des vacances ne soit pas marqué par un nouveau rebond de l’épidémie.

Lucia Nedme

22 décembre 2020

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Ces dernières semaines ont marqué l’échec du plan à plusieurs étapes avancé par Macron lors de l’annonce du reconfinement. Une allocution dans laquelle il a appelé, une nouvelle fois, à la responsabilité individuelle pour respecter les mesures - alors que de nombreuses personnes devaient continuer à aller travailler ou à l’école et souvent à prendre les transports en commun - avec comme « récompense », la promesse d’une « trêve » pendant les fêtes, en se donnant l’objectif d’un seuil de 5000 contaminations quotidiennes.

Actuellement, le nombre de contaminations qui ne descend plus au contraire, mais même tend à la hausse, reste loin de l’objectif souhaité notamment avec l’enregistrement le 18 décembre de 18 000 nouveaux cas en 24 heures. A quelques jours de Noël, alors que de nombreuses personnes vont se déplacer et se croiser, la situation est particulièrement préoccupante et peut ouvrir une crise importante pour le gouvernement.

Ce mois marque donc une période assez chaotique entre les alertes des scientifiques par rapport à un « effet thanksgiving » et la possibilité d’une troisième vague qui s’ajoute à l’annonce du développement d’une nouvelle souche du virus extrêmement contagieuse rencontrée au Royaume-Uni et détectée déjà dans certains pays de l’Europe. Face à cette situation sanitaire qui se dégrade, le Conseil de Défense sanitaire s’est réuni dans l’urgence dimanche soir pour discuter du plan à suivre. Néanmoins, la seule réponse qui est ressortie de cette réunion est la fermeture des frontières et des échanges, à l’image de nombreux autres pays tout autour de la planète, avec le Royaume-Uni et le simple renouvellement à «  redoubler la vigilance » suivie d’ une publication d’une liste de recommandations à suivre pour les fêtes.

Néanmoins, parallèlement, les alertes des scientifiques ne cessent de se multiplier : « l’équilibre actuel est extrêmement fragile, on sait qu’on joue avec le feu avec la période des fêtes qui s’ouvre, alors qu’on est déjà à un niveau élevé où tout peut basculer très vite », affirme ainsi, Mahmoud Zureik, professeur en épidémiologie à l’université Versailles-Saint Quentin-en-Yvelines, cité par Le Monde. Ce dernier souligne également que la semaine du 14 au 20 décembre a vu apparaître en moyenne 14 000 nouveaux cas par jour avec un taux de reproduction du virus qui augmente à 1.03 le 17 décembre (étant de 0.83 le 10 décembre). Dans ce sens, « si on ne change rien dans l’équation, avec ce R supérieur à 1, les choses vont s’aggraver sans doute », avertit l’infectiologue Christian Rabaud.

De nombreux scientifiques ne cessent d’alerter d’une possible troisième vague (qui commencerait avec un plateau bien plus élevé que la deuxième alors qu’actuellement 2700 lits de réanimation sont encore occupés), comme l’ont fait pour la deuxième., le gouvernement de Macron malgré l’échec effectif de ces différentes stratégies depuis le début de la crise, poursuit sans sourciller dans une politique qui vise explicitement et avant tout à maintenir les profits des très grands groupes capitalistes, jouant avec la vie des travailleurs, quitte à remarquer, peut-être encore une fois, dans une prochaine allocution « la force et l’imprévisibilité » du virus. En effet, pour l’instant, le gouvernement mise tout sur l’effet du couvre-feu et tente par tous les moyens de donner une lueur d’espoir à la population avec l’annonce du démarrage de la campagne de vaccination dimanche prochain, dont les effets, en cas de succès, ne seraient pas observables avant l’été prochain.

10 mois rythmés par l’échec de la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement

Le début des vacances de Noël, avec un taux élevé de contaminations, marquent l’échec du nouveau plan mis en place au début du reconfinement, mais ceci n’est pas nouveau. Depuis le début de la crise sanitaire le gouvernement accumule les échecs à côté du nombre de morts et des chômeurs.

En effet, la fin de l’été et puis la rentrée scolaire marquaient l’espoir d’un « retour à la normale » avec le déconfinement et la relance de l’économie, grâce à la diminution considérable de cas dû au confinement de mars.

Cette période a rappelé l’esprit de fond de la politique sanitaire du gouvernement. Obligation du port du masque sans les rendre gratuits, forte reprise de l’épidémie dont les principaux clusters étaient les universités qui accueillaient des étudiants dans des amphis bondés ainsi que dans les écoles et entreprises, où les protocoles sanitaires étaient loin d’être suffisants pour empêcher des contaminations massives. Une impréparation au déconfinement qui s’est suivie par la polémique des centres de dépistages totalement saturés, où il a fallu attendre parfois jusqu’à 10 jours pour avoir les résultats des tests, mettant à mal toute la stratégie de « tester, tracer, isoler », qui n’a pas été à la hauteur de la reprise de l’épidémie.

Le pendant de la « responsabilité individuelle » mise en avant par le gouvernement, c’est la répression étatique, priorisant les investissements pour le corps policier avant ceux des hôpitaux et rythmant la séquence politique par des attaques contre les droits démocratiques et par une politique stigmatisant les musulmans. Face à la hausse de cas de contamination, le gouvernement sort la matraque.

Avec la deuxième vague, « imprévisible » selon le gouvernement, « surpris par l’évolution du virus », a mis en place un couvre-feu et puis un confinement, un métro-boulot-dodo en acte. La meilleure manière d’arrêter la vie sociale pour ne pas avoir à toucher la vie économique. Une proposition, qui comme nous l’avons vu, a été elle aussi vouée à l’échec.

La stratégie globale n’a jamais changé : les profits ont toujours passé avant nos vies, et les mesures sanitaires ont, de plus en plus, été subordonné au question économique. A ce titre, le reconfinement express a bien des allures de mesures dans l’urgence et en panique, alors que la situation devenait à tout point de vue totalement incontrolable.

Hormis l’énumération interminable des erreurs du gouvernement dans cette crise sanitaire, c’est une période qui marque une ouverture d’une crise économique sans précédent ainsi qu’une crise politique énorme qui s’est démontré dans les rues malgré la situation sanitaire. De la lutte pour un protocole sanitaire à la hauteur dans les lycées à la lutte contre la Loi Sécurité Globale, qui fait suite aux mobilisations anti-racistes du mois de juin tout en passant par les manifestations du personnel hospitalier pour exiger plus de moyens, c’est un ras-le-bol général qui gronde dans la population. La douche a été froide pour celles et ceux qui attendaient un monde d’après. Il s’avère que le capitalisme en crise n’a pas d’autres solutions que rétrogrades, et Macron n’a à nous proposer qu’une version plus autoritaire et plus précaire du monde que nous connaissions déjà.

Pour éviter une catastrophe sanitaire à la rentrée, luttons pour une stratégie sanitaire alternative

Face à l’incapacité du gouvernement à proposer une stratégie sanitaire et afin d’éviter la troisième vague, il est nécessaire d’exiger un programme alternatif qui ne soit pas aux mains de ceux qui protègent les intérêts économiques de la classe dominante. Il s’agit d’attaquer à la racine des contaminations à travers une stratégie de dépistage et de prévention à la hauteur de la crise actuelle. Pour cela, il faut des moyens, il faut des embauches massives. Stopper les affaires qui se font sur notre santé et nationaliser sous contrôle des travailleurs tous les laboratoires, afin d’avoir une véritable transparence dans la recherche du vaccin, dont l’objectif sera la santé de la population et non pas les profits de quelques-uns. Encore et toujours, la lutte pour un service public hospitalier de qualité et contrôlé par celles et ceux qui y travaillent, pas par des gestionnaires sorties des écoles de commerce, et pour lui réinjecter les milliards donnés au patronat.

Pour cela nous revendiquons un programme d’urgence globale fait par et pour l’ensemble des travailleurs pour que ce ne soit pas à eux, ni à la jeunesse ni aux petits commerçants de payer une crise qui n’est pas la leur ! Face à la perspective d’une troisième vague, nous n’avons plus le luxe de laisser les capitalistes et leurs représentants gouverner nos vies plus longtemps !


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