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Réforme des retraites

Éducation. L’intersyndicale appelle à « mettre les écoles à l’arrêt » le 7 mars, préparons la reconduction !

Ce mardi, l'intersyndicale de l'éducation s'annonce prête « à durcir le mouvement » et appelle à « mettre les écoles, établissements et services à l’arrêt » par la grève le 7 mars prochain. Un appel dont le personnel de l'éducation doit se saisir pour construire une grève reconductible large à compter de cette date.

Gabriella Manouchki

15 février 2023

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Ce mardi, l’intersyndicale éducation a publié un communiqué annonçant « être prête à durcir le mouvement dans l’éducation » et appelant « à ce que les grèves massives permettent de fermer totalement les écoles, collèges, lycées » le 7 mars prochain, date nationale de grève contre la réforme des retraites. Elle « invite les personnels à se réunir afin de discuter de la manière dont on peut réussir à faire fléchir ce gouvernement ».

Un changement de ton, mais pas d’appel à la reconduction

Ce communiqué vient appuyer le changement de ton de l’intersyndicale interprofessionnelle, menaçant de « bloquer le pays » le 7 mars prochain face à l’inflexibilité du gouvernement. Il répond à la pression des grévistes qui sont nombreux à vouloir durcir le mouvement, constatant que les dates isolées de grève, aussi massives soient-elles, ne suffisent pas à faire plier Macron.

Un constat qui pèse sur le moral des travailleurs de l’éducation, chargé de l’expérience des défaites liées à la stratégie des grèves perlées, confrontés à la précarisation du métier et à la pression de devoir boucler les programmes scalaire - en particulier à l’approche des épreuves du bac. C’est en ce sens que, dans les AG des grévistes de l’éducation qui commencent à se structurer, la question du plan de bataille de l’intersyndicale a été soulevée.

À Toulouse en particulier, l’AG avait interpellé l’inter-syndicale et les syndicats de l’éducation pour exiger un appel à la grève reconductible. C’est en réponse à cette interpellation et aux discussions et résolutions de l’AG que l’intersyndicale éducation 31 a publié ce mercredi son propre communiqué, appelant à « faire du 7 mars une grève totale, à reconduire la grève le 8 mars à l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, et à enchaîner le 9 partout où c’est possible pour étendre la grève et maintenir le rapport de force ». Un exemple à petite échelle de ce que peuvent obtenir les grévistes en s’organisant par la base, en assemblée générale, pour prendre en main leur mouvement et imposer leur plan de bataille aux directions syndicales.

De ce point de vue, au niveau national, la réponse de l’intersyndicale éducation reste insuffisante. Si le ton change, revendiquant en plus du retrait de la réforme l’abandon du « pacte » de Pap N’Diaye qui constitue une nouvelle attaque pour les travailleurs de l’éducation, le plan de bataille proposé reste le même : il se limite toujours à une journée d’action le 16 février, à une nouvelle journée de grève de 24h le 7 mars, suivie d’une « mobilisation » féministe le lendemain pour la journée internationale de lutte pour les droits des femmes et des minorités de genre.

Avant même d’appeler à mettre les établissements à l’arrêt le 7 mars , le communiqué demande aux grévistes de tourner leurs espoirs vers la bataille parlementaire, les députés étant appelés à « écouter la population » et « rejeter massivement ce texte ». Une manière de durcir le ton, tout en déviant les aspirations qui commencent à s’exprimer sur la nécessité d’un appel clair de l’intersyndicale à la grève reconductible, celle-ci restant pour l’heure toujours exclue.

Un point d’appui pour préparer une grève reconductible au côté des autres secteurs

Néanmoins, cet appel constitue un point d’appui dont les travailleurs de l’éducation doivent se saisir pour redonner un nouveau souffle à la grève dans leurs établissements. Aujourd’hui, le soutien de la grève est majoritaire au sein de la population : le personnel de l’éducation a le soutien des familles d’élèves, et même des élèves eux-mêmes qui commencent à se mobiliser dans les lycées.

À la différence des dates précédentes, le 7 mars offre une fenêtre de tir pour imposer une grève reconductible large, au côté des travailleurs de la SNCF, de la RATP ou encore des égoutiers qui se sont déjà prononcés en ce sens. Alors que Pap N’Diaye veut imposer son pacte méritocratique et nous faire travailler plus pour gagner moins, le personnel de l’éducation doit se saisir de cette occasion de construire un mouvement d’ensemble pour aller chercher non seulement le retrait de la réforme, mais aussi la retraite à 60 ans, des augmentations de salaires et leur indexation sur l’inflation, ainsi que l’ensemble des revendications sectorielles propres à l’éducation.

Pour ce faire, il est central de développer tous les cadres d’auto-organisation qui ont émergé depuis le 19 janvier, comme les AG d’établissements, de secteurs et de ville. C’est en effet la clé pour que les grévistes puissent exprimer leur propre vision sur les suites à donner au mouvement et renforcer la pression sur l’inter-syndicale, dans le but d’obtenir un appel clair à la reconduction.

C’est aussi par le biais de ces AG qu’il sera possible d’organiser la solidarité pour faire face au coût important que représente la grève pour un nombre croissant d’enseignant·es, et plus encore pour le personnel le plus précaire de l’éducation nationale. En effet, dans la perspective réaliste d’un départ en grève reconductible, il est nécessaire d’anticiper que la question des caisses de grève va prendre une importance de premier plan : au-delà de l’organisation d’actions visant à renflouer les caisses de grève locales, les AG doivent réclamer aux syndicats une participation aux caisses de grève.

Enfin, parce qu’il dispose des cadres les plus avancés d’auto-organisation, le secteur de l’éducation a également un rôle central à jouer pour organiser la coordination interprofessionnelle. Dans l’objectif de préparer un potentiel départ en reconductible à compter du 7 mars, le développement des AGs interpro constitue à ce titre l’une des tâches prioritaires du mouvement. Pour les personnels de l’éducation mobilisés, les vacances scolaires pourraient ainsi servir à organiser des rencontres entre différents secteurs et permettre de convaincre les derniers bataillons disponibles, encore nombreux notamment dans le privé, à entrer dans la bataille à la rentrée.

Ces différentes tâches sont la clé pour une journée noire de grève dans l’éducation le 7 mars, mais aussi pour la suite, afin d’aller arracher ce dont nous avons toutes et tous besoin : travailler moins, travailler tous et gagner plus !


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