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Validisme

Zemmour contre « l’inclusion » des enfants handicapés : une sortie validiste, des condamnations hypocrites

A l’occasion d’une rencontre avec des enseignants à Honnecourt-sur-Escaut, Eric Zemmour a déclaré vendredi être contre la présence d’élèves handicapés dans les écoles ordinaires. Un discours stigmatisant auquel ont répondu avec une grande hypocrisie LREM et la droite.

Tyshka Rostov

17 janvier 2022

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Les propos validiste de Zemmour et l’hypocrisie de la classe politique

Vendredi dernier, Zemmour rencontrait des enseignants à Honnecourt-sur-Escaut, dans le Nord. A cette occasion, il s’est livré à une énième déclaration scandaleuse, cette fois à propos des enfants handicapés qui n’auraient pas leur place dans les écoles « normales ». « Je pense que l’obsession de l’inclusion est une mauvaise manière faite aux autres enfants et à ces enfants-là, qui sont, les pauvres, complétement dépassés par les autres enfants » a-t-il expliqué. Des propos qui tendent à sur-pathologiser le handicap et à stigmatiser les enfants handicapés plus qu’ils ne le sont déjà.

Si Zemmour tente de formuler un discours qui se veut au service des enfants concernés, son discours est en réalité profondément validiste et excluant. D’ailleurs, parler « d’enfants handicapés » est une manière d’uniformiser le handicap et d’invisibiliser les cas multiples et spécifiques de handicaps qui existent. Un terme fourre-tout qui témoigne du mépris envers tous ceux qui ne fonctionneraient pas selon la norme établie.

Suite à la polémique suscitée par sa déclaration, Zemmour a tenté de rattraper le coup avec une intervention face caméra diffusée sur sa page Youtube où il précise que « certains enfants handicapés font des miracles à l’école et dépassent même leur camarade par leur travail et leur intelligence ». Pour Zemmour il est souhaitable que ces enfants-là restent dans les « établissements ordinaires »… Une réponse qui ne fait qu’enfoncer le clou du validisme de sa première sortie, en appelant à séparer les enfants « fonctionnels » de ceux qui ne le seraient pas. Comme si la seule condition pour qu’un enfant handicapé ne soit pas mis à l’écart était qu’il soit un génie ! Une fois de plus, il s’agit de trier les personnes fonctionnelles des non fonctionnelles dans un but de faire tourner l’éducation et l’économie capitaliste le mieux possible.

Les sorties de Zemmour ont indigné une partie de la classe politique, qui s’est empressée de s’indigner avec hypocrisie. La secrétaire d’Etat chargée du handicap, Sophie Cluzel, s’est ainsi exprimée sur BFMTV pour exprimer sa colère face aux propos de Zemmour : « C’est vraiment l’honneur de la France de pouvoir scolariser ces enfants avec les autres, au milieu des autres. » Une déclaration pour le moins gênante de la part de la comparse de Jean-Michel Blanquer, qui casse l’école publique et qui est à l’origine de la récente attaque contre les AESH, ces personnels de l’éducation qui aident et accompagnent les enfants handicapés.

Macron y est également allé de sa petite phrase, évoquant la France comme « une nation solidaire, humaniste, qui ne divise ni ne stigmatise. Une nation qui, par-delà les sensibilités politiques, a toujours su faire des différences une richesse et une force ». Là encore l’hypocrisie est de mise, quand on assiste depuis des années à des politiques de casse des services publics, qui n’ont jamais été aussi violentes que sous le mandat de Macron, qui mettent à mal la prise en charge des enfants handicapés. Ce théâtre s’est également poursuivi du côté des Républicains, avec Damien Abad qui a réclamé des « excuses » alors que son parti a, au pouvoir, défendu et mené les mêmes politiques que le gouvernement actuel, ou Marine Le Pen qui a parlé de « ligne rouge ».

Le concert de la classe politique comme la sortie validiste de Zemmour respirent tous l’hypocrisie. Car derrière les grands gestes, tous revendiquent l’austérité, la destruction des services publics qui ne font que saper les moyens, déjà insuffisants, pour répondre aux besoins des personnes en situation de handicap. A rebours de cette logique, c’est de moyens massifs que nous avons besoin et de politiques à la hauteur, notamment pour diagnostiquer dès le plus jeune âge les différents handicaps, permettre un accompagnement adapté au sein des écoles, dans des classes moins surchargées, en finir avec la précarisation du métier d’AESH, ou encore financer les infrastructures, ordinaires ou spécialisées, qui permettent l’inclusion de toutes et tous.


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