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Précarité Etudiante

Entrée en application de la réforme sur les APL : une nouvelle offensive contre la jeunesse

En période de crise économique profonde, la macronie continue d'appliquer des réformes qui précarisent la jeunesse. La réforme de « contemporanéisation des APL » vient d’entrer en vigueur début janvier 2021, elle fait subir à de nombreux étudiants une baisse drastique des aides pour le logement.

Ana Demianoiseau

4 février 2021

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Crédits photo : AFP Ludovic Martin

Vendredi 5 février, les allocataires des bailleurs privés verront leur aide au logement évoluer avec la mise en application de la réforme des APL, beaucoup voient les aides baisser comme peau de chagrin. Désormais, les aides seront calculées tous les trois mois, sur la base des revenus perçus au cours des douze derniers mois, et non plus tous les ans, selon les revenus perçus il y a deux ans. En clair l’aide versée est calculée en temps réel, son montant sera identique pendant 3 mois puis modulable à la hausse ou à la baisse à mesure que les revenus varient. En pleine période crise économique et sanitaire où les jeunes sont les premiers touchés par la perte d’emploi, la baisse de revenus, nombreux ont eu la mauvaise surprise de découvrir cette semaine qu’ils toucheraient moins d’APL, voire plus du tout, au moment où il en ont le plus besoin. La fondation Abbé Pierre dénonce cette réforme dans son rapport annuel sur l’état du mal-logement en France : “cette réforme aboutira à des diminutions ou suppressions importantes d’APL pour des centaines de milliers d’allocataires. […] Le système actuel permettait déjà des ajustements à la hausse des APL en cas de chute de revenus, mais plus rarement dans l’autre sens. L’ajustement des APL en temps réel fera donc plus de perdants que de gagnants”. Le rapport montre et dénonce les coupes budgétaires incessantes qui ont été faites dans les aides au logement depuis le début du quinquennat Macron : coupe de 5 euros par mois en 2017, désindexations régulières par rapport à l’inflation depuis 2018, réduction du loyer de solidarité, suppression des APL accession. “Alors que le coût du logement est toujours plus lourd dans le budget des ménages, surtout ceux frappés de plein fouet par la crise, le gouvernement a non seulement refusé de revenir sur les coupes effectuées dans les APL depuis trois ans, mais en a effectué de nouvelles”, regrette la Fondation. Depuis 2017, le gouvernement aurait économisé 10 milliards d’euros.

Rapidement, sur les réseaux sociaux, de nombreux jeunes ont exprimé leur colère mais aussi leur désarroi, face à des aides qui ont souvent énormément baissé, dans une période où elles étaient indispensables à leur survie. Certains perdant plusieurs centaines d’euros par mois.

Dans une situation de grande crise économique, de nombreux jeunes déjà dans une grande précarité ont donc observé leur apl drastiquement baisser, parce que travaillant en alternance, ou travaillant un peu à côté de leurs études.

C’est aussi le mépris d’un discours gouvernemental qui face à la détresse de la jeunesse répond par l’indifférence et les mensonges qui a été exprimé, une colère contre un gouvernement qui ne cesse de précariser la jeunesse.

Au commencement d’une crise économique qui sera plus grave que celle de 2008, le gouvernement fait une nouvelle fois passer des réformes précarisantes, qui se font au détriment de la majorité et au profit des grandes entreprises. Quand les grandes entreprises ont touché des centaines de milliards, les jeunes font la queue par milliers tout les soirs pour ne pas crever de faim, ils récoltent dans le même temps indifférence et un gouvernement qui aggrave leur situation. Les personnes les plus touchées par cette « contemporanéisation des APL » seront les jeunes qui viennent de prendre un premier emploi. Encore une fois, la jeunesse est la variable d’ajustement pour un gouvernement qui lui fait directement payer la crise, rappelons qu’en 2014, 14 % des étudiant.es avaient été contraint.es de faire un emprunt à rembourser afin de payer leur étude. Plus récemment, Stanislas Guérini proposait de mettre en place un « capital jeune » de 10 000 euros pour les 18-25 ans pour se « lancer dans la vie ». Comme nous le disions alors, il ne s’agissait que de « déplacer la précarité sur le long terme et de concrétiser pour les étudiants, sur la base du modèle américain, les études comme un pari à rembourser. Et si le remboursement est conditionné à un salaire futur supérieur à 1800 euros, la plupart des futurs jeunes actifs commenceront leur vie de travailleur avec un trou financier à combler. ». Pourtant la réalité des jeunes est la suivante, les 18-25 ans se situent au plus bas de l’échelle de la précarité. Près de 50 % des étudiant.es doivent travailler en parallèle de leurs études. Depuis le début de la crise sanitaire un jeune sur trois a perdu son emploi. Des emplois souvent caractérisés par des contrats payés au black ou des CDD qui peuvent facilement ne pas être renouvelés. Les aides APL sont donc nécessaires dans une situation matérielle insoutenable où la précarité touche la jeunesse de manière dramatique.

Alors que la jeunesse subit la précarité économique et psychologique de plein fouet, qu’une enquête du Poing Levé Paris 8 montre que 61% des étudiants souffrent de troubles psychologiques que plusieurs suicides ont exprimé dramatiquement cette réalité, la réforme sur les APL est criminelle.

Face à la précarité étudiante et face à la politique scandaleuse du gouvernement, il faut revendiquer en urgence un programme pour la jeunesse, réclamant un revenu étudiant pour tous et toutes financé par l’impôt sur les grandes fortunes, la réouverture des universités indexée à la mise en place de moyens supplémentaires, des personnels psychologiques supplémentaires et un accès gratuit à leur aide, et aucune sélection. Ce n’est pas à la jeunesse de payer la crise mais aux capitalistes !


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