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Partiels en ligne

Examens sous télésurveillance à Rennes 1 et HEC. Le maintien de la "valeur du diplôme" à tout prix

Un nouveau vent de colère s’abat sur les universités après le scandale du maintien des partiels par le ministère de l’enseignement supérieur malgré la crise sanitaire. Les étudiants de Rennes 1 et plus surprenant encore de HEC, s’organisent collectivement pour refuser la télésurveillance des examens que veulent leur imposer les directions des universités. Pour ce faire, celles-ci font massivement recours à des entreprises privées pour la gestion de logiciels espions qui impliquent l'utilisation d'applications de vidéo-surveillance.

Léon Sidhoum

22 mai 2020

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Les applications de télésurveillances auxquelles les universités veulent faire recours portent directement atteinte à l’intimité des étudiants car ces logiciels prennent la main sur l’écran, le clavier et la navigation et s’emparent des données personnelles présentes sur l’ordinateur ; ils ont également accès à la webcam pour directement contrôler l’environnement physique. Le tout en hébergeant les données personnelles collectées directement sur les serveurs d’Amazon… Ces entreprises privées qui émergent dans le secteur de la surveillance de masse sont doublement gagnantes car elles sont directement rémunérées par les contrats qu’elles passent avec les universités, mais elles peuvent aussi revendre des données personnelles collectées qui valent de l’or pour des entreprises de commerce en ligne.

Cependant, les étudiants ne se laissent aucunement faire ; à Rennes 1, suite à un courriel qui informait les 30 000 étudiants des modalités de passation de leurs partiels sous télésurveillance, ceux-ci ont lancé une pétition qui a recueilli un millier de signatures en quelques jours. Dans la pétition lancée par la Fédération des syndicats étudiants de Rennes, c’est bien le caractère intrusif des logiciels espions qui est dénoncé.

« Permanente ou momentanée, la télésurveillance constitue une intrusion dans notre vie privée »

Cette révolte des étudiants face à des pratiques de surveillance de masse n’a pas épargné la pépinière du capitalisme français, l’école de commerce HEC, où près de 300 étudiants ont écrit la semaine dernière une lettre ouverte à la direction pour dénoncer, eux aussi, l’organisation d’examens virtuels sous télésurveillance. Bien que la lettre dénonce essentiellement l’intrusion dans la vie privée et la confidentialité des données personnelles des étudiants, celle-ci va jusqu’à dénoncer une « dérive autoritaire », ce qui est une première dans une école à caractère technocratique dans laquelle la critique sociale n’a pas sa place.

Mais il est important de comprendre que, derrière l’acharnement du ministère de l’enseignement supérieur à faire passer les examens, c’est bien les principes de sélection sociale à l’université que celui-ci veut maintenir malgré la crise sanitaire mondiale. Frédérique Vidal, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche l’a de nouveau affirmé : Garantir la valeur des diplômes est une priorité, quel que soit le contexte dans lequel les étudiants auront composé. Pour répondre aux exigences de taux d’échec, les universités font donc recours à la télésurveillance de ses étudiants pour que ceux-ci aient le moins de chance de réussir leurs épreuves.

Ces phénomènes de contestation représentent cependant une belle épine dans le pied de Frédérique Vidal dans une séquence politique où la question des données personnelles et les politiques d’intrusion dans le privé deviennent les catalyseurs d’un embryon de conscience politique duquel le gouvernement se méfie dans le contexte de l’après confinement.

Crédits photo : AFP/ALAIN JOCARD


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