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Une vieille obsession de la bourgeoisie.

Face à la grève dans les transports, Pécresse veut encore restreindre le droit de grève

C’est une vieille antienne de la droite. Comment chercher à toujours plus encadrer et limiter le droit de grève. Alors que les grévistes sont déterminés à ne rien lâcher, en dépit des arguments fallacieux du gouvernement sur les fêtes, la droite reste en embuscade, bien décidé à tirer les marrons du feu en cas d’échec de Macron.

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Sur le plateau de RTL, Valérie Pécresse, anciennement LR, et présidente d’Île-de-France Mobilité est revenu sur la grève en cours qui touche particulièrement les transports. Cette dernière a tout d’abord exigé le remboursement intégral des titres de transport, faisant mine de se placer du côté des usagers en faisant porter la responsabilité des perturbations aux grévistes – reprise de l’argument éculé qui consiste à opposer les grévistes aux usagers. Pourtant, ça ne prend pas. Au contraire, loin de tomber dans ce jeu d’opposition, le soutien populaire en faveur de la grève, véritable épine dans le pied du gouvernement, continue de progresser. L’opinion publique impute même la responsabilité de la situation en priorité au gouvernement.

En réalité, derrière un argument soi-disant pro-usager, Valérie Pécresse cherche à avancer des mesures pour restreindre le droit de grève. Pour la bourgeoisie, et surtout ses franges les plus à droite, il est absolument intolérable de voir les grévistes non seulement faire grève, mais aussi tenir des piquets et imposer leur loi aux classes dominantes en paralysant le pays. Aussi Pécresse a-t-elle proposé qu’après cette grève, « on négocie une nouvelle loi qui dise que lorsqu’on est un monopole qui touche à quelque chose d’aussi fondamental que le droit d’aller travailler, on est soumis à des astreintes, comme on l’est quand on est médecin dans un hôpital public » : on peut être gréviste et « porter un brassard » l’indiquant, mais « on continue à faire son travail ».

Contrairement à une idée reçue, il n’existe pas de loi imposant le service minimum dans les transports. Nicolas Sarkozy avait néanmoins déjà introduit des mesures qui encadraient fortement le droit de grève, notamment la loi sur la continuité du service public de 2007. Comme le précise Le Monde : « En réalité, la loi n’oblige pas à faire circuler des trains, mais à assurer un « service garanti », c’est-à-dire à informer de manière « gratuite, précise et fiable » les usagers au moins vingt-quatre heures en avance des trains en circulation. Le texte, complété par la loi Diard de 2012, impose donc aux agents de se déclarer en grève quarante-huit heures à l’avance, pour que la SNCF ait le temps de redéployer ses effectifs non grévistes et de prévoir un plan de transport adapté. »

Cependant, dans certains cas, l’obligation d’un service minimum aux heures de pointe est possible via des accords entre syndicats et autorités organisatrices des transports. C’est le cas en région parisienne : la SNCF Transilien est à ce titre tenue par un contrat à Île-de-France Mobilités (ex-STIF), dirigée par Valérie Pécresse, qui stipule qu’au moins un train sur trois dans la région doive circuler, contraignant le cas échéant la société à des pénalités financières en vue de dédommager les usagers.

C’est qu’en réalité, l’argument du « service minimum » sert depuis des années à la bourgeoisie de véritable instrument de propagande pour limiter la possibilité de la classe ouvrière à utiliser son arme principale, à savoir la grève. Il ne s’agit ni plus ni moins que de l’amputer de sa capacité de contestation. Comme le rappelle l’Obs, cette opposition au droit de grève est fort ancienne, le MEDEF s’étant toujours résolu à le limiter autant que possible :« Instaurer un véritable service minimum est une volonté ancienne, notamment à droite. C’est ainsi que, dès 1987, la commission des affaires sociales du Sénat déposait une proposition de loi (restée lettre morte) pour « l’organisation d’un service minimal lors du déclenchement de la grève et la création de sanctions ». En 2004, de concert, le Medef et le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin veulent « Introduire le service minimum dans les transports publics pour mettre fin aux scandaleuses atteintes à la liberté du travail". Nouvel échec. »

Il n’est donc pas étonnant que la même Valérie Pécresse trouve que le gouvernement ne va pas assez loin dans sa réforme des retraites. Selon elle, il aurait été préférable de se débarrasser de la notion d’âge pivot, et de repousser purement et simplement l’âge de départ légal à la retraite. Par ces déclarations, il s’agit pour Pécresse de se poster en position de force à droite face au gouvernement. Espérant que ce dernier flanchera sur sa réforme phare, la droite se tient en effet en embuscade pour mieux se positionner pour 2022 et récupérer son socle électoral. Pour l’heure, cependant, l’électorat de droite l’a compris, sa meilleure assurance reste Emmanuel Macron.


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