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Face à un plateau acquis à Eric Zemmour, Anasse Kazib dénonce l’offensive contre Charline Vanhoenacker

Ce vendredi soir, Anasse Kazib était invité sur le plateau de TPMP pour évoquer le cas Zemmour. Dénonçant tour à tour la vision fantasmée de la France et les sorties racistes du polémiste, le cheminot a défendu une position à contre-courant sur un plateau acquis à la dénonciation des humoristes moquant Zemmour.

Paul Morao

18 septembre 2021

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Ce vendredi soir Anasse Kazib était invité sur le plateau de TPMP face à l’énarque d’extrême-droite Jean Messiha et Loup Sommier, maire d’une petite commune. Sur la chaîne de Bolloré, la discussion a très vite virée au plaidoyer de soutien à Zemmour, présenté comme la victime d’une odieuse blague de l’humoriste Charline Vanhoenacker.

Parrainages de maire : Zemmour, le faux « petit » candidat préféré des médias

C’est le maire pro-Zemmour qui a eu l’honneur d’introduire longuement la discussion, évoquant son parrainage accordé au polémiste d’extrême-droite. « Il va les avoir ses 500 signatures ? » s’est interrogé Hanouna. Et pour cause, la question obsède les médias, qui suivent avidement les tribulations de cette probable candidature. Sur le plateau cette dernière a été traitée comme celle d’un « petit » candidat : une véritable hypocrisie quand on connaît la puissance des soutiens de Zemmour, parmi lesquels plusieurs hommes d’affaires comme le millionnaire d’extrême-droite ultra-libéral Charles Gave, et la tribune dont jouit le polémiste.

Anasse Kazib, candidat lui aussi à la présidentielle de 2022 avec Révolution Permanente, est lui aussi revenu sur la recherche de parrainages. Un obstacle anti-démocratique pour les candidats disposant de peu de moyens. « Nous de notre côté on a dépassé les 50 signatures début septembre » a-t-il rappelé, comme il l’avait fait le 6 septembre dernier appelant à soutenir la campagne largement.

Le cheminot a ensuite embrayé sur la mascarade du « petit maire » venant évoquer son soutien à Zemmour. « Qu’un maire d’une petite ville parraine Zemmour est incompréhensible pour moi. Les maires qu’on rencontre, même ceux qui ne veulent pas parrainer Anasse Kazib, ils ont les mêmes problématiques : les transports, les fermetures des salles de classe, les médecins… Ce sont des maires qui ont vu l’école fermer, la poste, la boulangerie. » « Qu’est-ce que ça change pour les habitants de votre commune que demain moi je m’appelle Jean-Pierre Kazib ? » a-t-il conclu.

Un plateau vent debout… pour défendre Eric Zemmour contre les « humoristes de gauche »

Le débat s’est ensuite orienté sur la volonté d’Eric Zemmour d’obliger les citoyens français à choisir un prénom du calendrier chrétien. Une mesure raciste défendue sans surprise par le militant d’extrême-droite Jean Messiha, revendiquant « l’identité nationale ». Une identité fantasmée qu’a démonté Anasse Kazib : « Ce que racontent Messiha et Zemmour est du révisionnisme. Ils veulent faire croire que la France ce n’est que Vercingétorix, ce n’est pas la colonisation. Mon père on est venu le chercher au Maroc, on lui a demandé de venir travailler. L’histoire de France elle est coloniale aussi ».

Dans une discussion cacophonique, les chroniqueurs se sont ensuite indignés en chœur d’une vidéo de l’humoriste Charline Vanhoenacker, où celle-ci dessine une moustache à la Hitler à Eric Zemmour sur l’une de ses affiches de campagne. Une blague qui a scandalisé le plateau, dont les chroniqueurs sont allés jusqu’à affirmer qu’elle serait « antisémite »… Une véritable hypocrisie quand on connaît les positions de Eric Zemmour. « Vous avez défendu la caricature raciste de Danielle Obono » a rappelé Anasse Kazib à Jean Messiha avant de rappeler que la vidéo était le fait d’une « humoriste de France Inter » et de rappeler le deux poids deux mesure avec les positions ignobles du polémiste sur le Maréchal Pétain ou sur les enfants juifs tués par Mohamed Merah [1].

Un refus de condamner l’humoriste et de défendre Zemmour qui a valu au cheminot la fureur du plateau. « Vous cautionnez ! » se sont indignés certains chroniqueurs. « Qu’elle dégage » a expliqué Gilles Verdez, avant de rajouter « Elle est protégée », tandis que Benjamin Castaldi fulminait : « Quand on est de gauche on est protégés ». Il semble ainsi que sur le plateau de Cyril Hanouna critiquer trop durement Zemmour dont les positions islamophobes et xénophobes violentes sont connues est indigne. Une situation probablement pas sans lien avec le fait que Vincent Bolloré, propriétaire de C8 et ami de Cyril Hanouna, soutient depuis des années le polémiste auquel il offre une tribune sur CNews.

Une mascarade complaisante avec Zemmour

Dans cette atmosphère ultra-hostile et complaisante avec l’extrême-droite, Anasse Kazib aura eu le mérite de dénoncer de façon explicite le racisme et l’antisémitisme de la nouvelle coqueluche des médias, mais aussi de mettre à bas les mythes de « l’identité nationale » et des immigrés « colonisateurs » défendus par l’extrême-droite. Des mythes qui reposent sur une négation de l’histoire coloniale de la France, qui demeure encore aujourd’hui un des piliers de l’impérialisme français dans le monde et en Afrique. Un impérialisme duquel Vincent Bolloré, dont le groupe réalise 60% de son résultat opérationnel en Afrique notamment dans les activités logistiques, est par ailleurs une figure centrale.

Revenant après l’émission sur le tour que celle-ci a prise, Anasse Kazib a expliqué dans la soirée dans une vidéo : « Au final c’était une ode à Eric Zemmour ce truc-là, une mascarade. On a mis un petit maire, comme si les maires de villes de 40 habitants se déplacer pour défendre Zemmour. Et ensuite on a eu la victimisation autour de cette affiche [caricaturée] par l’humoriste Charline Vanhoenacker avec un plateau télé qui a voulu me forcer à la condamner. Ce n’est pas possible d’inverser les choses. Zemmour est un mec qui fait la pluie et le beau temps du racisme au quotidien et on ne nous laisse pas le dire ! »

Notes :

[1] Dans son dernier ouvrage ultra-réactionnaire Eric Zemmour explique : « La famille de Mohamed Merah a demandé à l’enterrer sur la terre de ses ancêtres en Algérie. On a su aussi que les enfants juifs assassinés devant l’école confessionnelle à Toulouse seraient eux enterrés en Israël. Les anthropologues nous ont enseigné qu’on était du pays où on est enterré. Assassins ou innocents, bourreaux ou victimes, ennemis ou amis, ils voulaient bien vivre en France, faire de la garbure en France ou autre chose, mais pour ce qui est de laisser leurs os, ils ne choisissaient surtout pas la France, étrangers avant tout et voulant le rester par-delà la mort. »


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