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Zéro licenciement, zéro baisse de salaire !

Face au PSE chez Daher : une grève annulée, mais que font les syndicats ?

Face à l’enfumage du « dialogue social » qui durait depuis 3 mois sans que cela change quoi que ce soit à l'ampleur de l'énorme plan de licenciement, la CGT Daher avait décidé de faire un pas en avant en appelant pour la première fois à la grève ce jeudi 1er octobre. Mais à la dernière minute, sous la pression des autres organisations syndicales, l'appel à la grève a été annulé.

Rafael Cherfy

4 octobre 2020

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Daher a été la première entreprise aéronautique à annoncer en avril un PSE. L’annonce s’est concrétisée lors du CSE du 25 juin où la direction du groupe confirmait son intention de supprimer jusqu’à 1.300 postes en CDI et de ne pas renouveler les 1.400 contrats d’intérimaire. Suite à la crise sanitaire, pour les salariés c’est la double peine comme témoignait un travailleur du site Air Log1 à Cornebarrieu : « l’entreprise n’a pas fermé, alors qu’on est en période de confinement la direction nous dit vous pouvez travailler. On vient au travail la boule au ventre parce qu’on a peur d’être contaminé. Et ce qu’on récolte c’est des licenciements »

Après 3 mois de négociations, la situation n’a pas bougé et la direction reste sur un plan de licenciement qui vise à supprimer presque 3000 emplois sur les 8000 que compte l’entreprise. En conséquence la CGT Daher avait appelé à une grève ce jeudi 1er octobre mais a finalement reculé au dernier moment sous la pression d’un tract contre la grève des syndicats FO, CFE-CGC,CFDT et CFTC (voir ci dessous). L’appel à la grève a donc été malheureusement annulé à la dernière minute, alors même que quelques salariés avaient répondu à l’appel. Quelques soutiens d’autres entreprises s’étaient rendus sur les lieux dans le but de diffuser un appel à se coordonner entre toutes les boîtes de l’aéronautique, face aux attaques patronales. Ils ont pu rencontrer quelques salariés amers et remontés dont certains doutaient dès la veille que la grève serait annulée...

Les syndicats FO, CFE-CGC,CFDT et CFTC se contentent d’une « promesse » de la direction (une semaine plus tard !) sur l’élargissement du périmètre de l’APLD (activité partielle de longue durée). Ce même dispositif qui permet aux entreprises de mettre en chômage partiel les salariés en payant moins de la moitié du salaire (60 % est pris en charge par l’état). Le récent décret du gouvernement concernant l’APLD vise d’ailleurs à faciliter les licenciements dans le cadre du dispositif. Les quatre syndicats se bornent à défendre un plan de licenciement plus modeste, plus acceptable (?) et l’élargissement d’un dispositif de chômage partiel qui baisse la rémunération des salariés concernés et ne donne aucune garantie qu’ils ne seront pas licenciés par la suite. Pourtant les trois mois de négociations passées prouvent bien que la direction de Daher n’est pas prête à lâcher du terrain.

Aucune illusion dans les négociations, l’urgence est à construire le rapport de force

A l’heure ou les plans de licenciements et les APC se multiplient dans l’aéronautique, les cadres de négociations seuls ne peuvent que donner une issue défavorable pour les salariés. La force des salariés se trouve dans leur nombre, leur capacité à s’allier entre différentes entreprises et à stopper la production par des actions de grève ou de blocage : les oreilles des patrons se trouvent dans leurs portefeuilles. Et de ce point de vue, les salariés de Daher disposent d’une force de frappe importante, le ralentissement ou l’arrêt de la plate-forme logistique Airlog pouvant fortement impacter les lignes d’Airbus. Aucun de ces éléments en faveur des salariés ne se trouve dans les réunions de dialogue social (si tant est qu’on puisse parler de dialogue et de social avec un couteau sous la gorge de 1300 licenciements), dans les salles de réunions feutrées où tout se joue selon les règles du patron. L’urgence est à construire un rapport de force par la grève sans aucune illusion dans le dialogue social comme nous l’as montré la lutte exemplaire des travailleurs de Derichebourg.

Les salariés de Daher disposent d’une grande force qui pourrait faire plier la direction. Pour s’en convaincre, il faut commencer par se réunir, faire des assemblées générales, que tous les collègues s’emparent du sujet et qu’il ne soit pas sous-traité à quelques élus qui s’enferment pour discuter avec le patron à l’abri des regards. Des milliers de suppressions d’emplois, c’est le problème de toutes et tous, tout le monde doit être acteur de la résistance. Une première journée de grève aurait permis de se compter, d’aller chercher les collègues plus hésitants et de commencer à exprimer le refus de tout licenciement et de toute baisse de salaire : à négocier qui sera licencié et comment, on en arrive forcément à diviser les salariés et à abandonner la lutte avant même de l’avoir commencée. Les salariés de Daher ne sont pas responsables de la crise qui frappe aujourd’hui l’aéronautique, ce n’est pas à eux de la payer !


    
    
    
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