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Un candidat riche pour les riches

François Fillon, l’anti « bling-bling » ?

Conservateur, austère, mesuré dans ses gestes et ses actes. C’est la réputation de François Fillon. Représentant de la bourgeoisie traditionnelle, conservatrice, catholique. Pas d’attitudes « nouveau riche » chez M. Fillon. Notable de province. Irréprochable, diront certains. Vraiment ?

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François Fillon a remporté la primaire à droite en promettant d’appliquer un « programme radical », un « thatchérisme à la française ». Son orientation conservatrice sur les questions sociétales est couplée avec une vision clairement ultra-néolibérale sur l’économie. De la sueur et des larmes, promet le candidat. Il promet la fin des 35 heures, la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires, la réduction des dépenses sociales, notamment dans la sécurité sociale, réduction des impôts pour les plus riches et l’augmentation des impôts antipopulaires comme la TVA.

Fillon promet un « quinquennat de rupture », comme le faisait Sarkozy en 2007 d’ailleurs. Mais cette fois, fini le « bling-bling », les attitudes de « nouveau riche » se vantant de sa richesse, comme avait tendance à faire l’ancien président Sarkozy. Or, derrière cette apparence et ce personnage austère, créé de toutes pièces par des campagnes de com’, se cache un politicien professionnel, riche et privilégié, qui possède un grand patrimoine, expose ses objets de luxe, se fait inviter passer des vacances chez ses amis (très) grands patrons.

Car, Fillon est avant tout un membre de cette vieille bourgeoisie française, qui vit très éloignée des réalités des classes populaires, qui déteste les classes populaires. En effet, ce père de famille, avec une carrière de politicien longue de près de 40 ans, possède ni plus ni moins un château qu’il n’a pas hésité à exhiber dans les pages de Paris Match lors d’une longue interview en 2013. Sur la photo, on le voit –à la manière des vieilles familles aristocratiques – avec ses enfants et son épouse devant « l’humble demeure ». C’est le prototype de la famille bourgeoise de la Manif pour tous, certes, mais qui cette fois s’expose et se vante de sa richesse, de son patrimoine.

On se rappelle encore de l’affaire des Rolex et des « vies ratés » sous le quinquennat de Sarkozy. Il faut dire à ce propos que le nouveau candidat de la droite pour les élections de 2017 ne semble pas avoir « raté sa vie ». Certes, il n’a pas une Rolex mais, en 2013 également, on apprenait que François Fillon se vantait de porter une montre suisse à 16 000 euros, soit un an et demi de SMIC.

Mais peut-être s’agissait-il simplement d’un cadeau d’amis. Un cadeau comme l’invitation en 2012 à passer des vacances dans le yacht (48 000 euros la semaine) du patron de Ferrari, Luca di Montezemolo. Il faut simplement savoir choisir ses amis. Et Fillon sait très bien les choisir, les sélectionner même. Surtout parmi les patrons. Ainsi, dans son équipe de campagne, on trouve l’ex-PDG de la compagnie d’assurance Axa Henri de Castries, Patrick Pouyanné (Total), Alain Afflelou, Denis Ranque (Airbus), Pierre Danon (ex-PDG de Numéricable et British Telecom), Arnaud de Montlaur, banquier chez Quilvest, Stanislas de Betzmann, président de Devoteam et ex-dirigeant de Coissance Plus, entre autres.

On a beaucoup tourné en dérision François Copé et ses pains au chocolat « à 10 ou 15 centimes », expression parfaite de l’éloignement de ces politiciens professionnels avec la vie réelle de la majorité de la population et surtout des classes populaires. Mais même si François Fillon n’a peut-être pas parlé du prix du pain au chocolat, son château, sa montre à 16000 euros, ses vacances de luxe dans le yacht de son ami grand patron et tant d’autres privilèges expriment également un éloignement, non moins colossal, par rapport au quotidien de millions de travailleurs, de chômeurs, de jeunes précaires et de retraités. Autrement dit de cette « France périphérique », méprisée et détestée par la bourgeoisie française, que ce conservateur ultralibéral devra essayer de coopter pour son projet réactionnaire d’attaques antipopulaires, non seulement pour gagner les élections, mais pour pouvoir gouverner.

Certains ont voulu présenter l’élection de Fillon à la primaire de la droite comme une expression de la tendance mondiale « anti-establishment », « anti-élite ». Mais François Fillon transpire l’élite, il incarne l’establishment. Il est le symbole du bourgeois réactionnaire violemment anti-ouvrier, antisyndical. Fillon a beau vouloir ne pas être un politicien « bling-bling ». Il reste un politicien riche, qui a toujours gouverné et qui envisage de gouverner pour les riches, entouré de riches. La farce ne durera pas longtemps.


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