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Crise sanitaire et sociale

Grèce. Écoles bondées, masques inadaptés : 700 lycées occupés pour exiger des moyens face au Covid

Cette semaine, la contestation de la jeunesse continue en Grèce, avec 700 lycées occupés. Les lycéens protestent contre la rentrée catastrophe organisé par le gouvernement, et revendiquent de meilleures conditions sanitaires pour étudier, et plus de moyens.

Tyshka Rostov

9 octobre 2020

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La jeunesse continue de se mobiliser face au gouvernement de droite de la Nouvelle Démocratie dirigé par Kyriakos Mitsotakis. Celui-ci avait programmé la rentrée scolaire pour le 14 septembre, consacrant la prédominance accordée à la reprise économique avant la vie et la santé de la population. Moyens insuffisants et même hausse du nombre d’élèves maximum par classe, après une saison touristique qui a rendu possible une remontée de la circulation du Sars-CoV2.

Face à cette rentrée catastrophe, les élèves ont entamé une mobilisation qui dure depuis plusieurs jours, avec des manifestations, et des occupations de lycées ! Cette semaine, des occupations ont eu lieu dans 700 lycées parmi les 3000 que compte la Grèce, le tout dans 35 villes. La semaine dernière, des milliers de lycéens ont défilé dans la rue, rejoints par les enseignants.

Cette colère a d’abord éclaté autour de la polémique du « masque parachute ». Le 14 septembre, la rentrée s’est faite sous le signe de l’échec du gouvernement, alors que les masques gratuits prévus par le gouvernement, et distribués aux élèves, n’étaient pas aux bonnes mensurations. Les masques étaient beaucoup trop grands pour les enfants : la commande portait sur des masques de 10 cm sur 18 cm pour les enfants âgés de moins de 10 ans, et des modèles de 12 cm sur 22 cm pour les élèves plus âgés et les enseignants..

La polémique a rapidement enflé, sur les réseaux sociaux, les photos d’enfants avec des masques beaucoup trop grands se sont multipliées. Cet scandale a fait exploser la colère des jeunes, qui revendiquent aujourd’hui bien plus que des masques à leur taille. En effet, les lycéens revendiqu une forte réduction du nombre d’élèves par classe, 15 élèves maximum dans les établissements scolaires, et le recrutement massifs d’enseignants et de personnel de nettoyage. Les mesures austéritaires mises en place depuis plus de dix ans tant par le Pasok (Parti socialiste), que par la Nouvelle Démocratie (parti de droite traditionnelle du jeu bipartisan) ou Syriza ont saigné les services publics et les classes populaires grecs : dans l’éducation ce sont autour de 20.000 postes qui ont été supprimés !

Cette mobilisation s’inscrit dans une colère de la jeunesse qui avait déjà explosé en hiver dernier, avant la crise sanitaire. En février dernier, près de 8.000 lycéens manifestaient dans les rues d’Athènes, contre la loi anti-constitutionnelle de la ministre de l’Education Niki Kerameos, qui permet « de mettre sur le même plan les diplômes de l’université et ceux délivrés par des boîtes privées labellisées par des facs étrangères pour avoir une carte de visite leur permettant de faire payer très cher l’inscription », comme le précisait Andreas Sartzekis pour l’Anticapitaliste.

La seule réponse du gouvernement face à ces mobilisations pour plus de moyens pour l’école et face à la crise du Covid, a été un tournant répressif et autoritaire. Le ministère de l’Éducation a lancé une campagne pour criminaliser les occupations, soulignant qu’elles sont « illégales » et envoyant la police dans les écoles à plusieurs reprises. Anastasia Gika, secrétaire du ministère de l’Éducation, a dénoncé les occupations en déclarant : "C’est un acte illégal de saisir un bâtiment public. C’est la pire chose qui puisse être faite étant donné que les écoles ont été fermées les mois précédents également à cause du coronavirus.". Cette criminalisation de la part du gouvernement et des grands médias grecs, se combine avec lune violente répression policière des manifestations. De même qu’une répression administrative, puisque les élèves mobilisés reçoivent des menaces de refus de passage en année supérieure, ou bien d’être privé des cours qui sont pourtant transmis à distance aux élèves qui restent chez eux.

Des élèves d’environ 180 établissements ont participé à une réunion du comité de coordination des étudiants en grève à Athènes le samedi 3 octobre, où ils ont décidé de poursuivre les mobilisations. Lors de cette réunion, l’appel à la mobilisation de ce vendredi 9 octobre devant le ministère de l’Éducation a été voté. La manifestation massive qui réunit des milliers de lycéens, s’est aussi déroulée sous le signe de la répression, comme plusieurs vidéos en témoignent sur les réseaux sociaux.

Comme en France, l’été qui s’est déroulé sans protocole sanitaire et avec une reprise normalisée du tourisme et de l’ensemble des activités économiques (transports bondés, gestes barrières inapplicables dans bon nombre d’entreprises), associé à une rentrée scolaire et universitaire kamikaze, sans mesures adéquates, donne une rentrée sous le signe de l’angoisse et de la catastrophe sanitaire. La bourgeoisie n’a plus peur de l’affirmer haut et fort sur les plateaux télé et dans les journaux, ses profits passeront avant nos vies.

Face à ces nombreuses rentrées catastrophes imposées par les capitalistes dans de nombreux pays, la jeunesse doit s’organiser et revendiquer des conditions d’études dignes, des masques gratuits et adaptés, plus de moyens et d’embauche dans l’éducation et dans le secteur de la santé. La lutte pour une éducation publique accessible à toutes et à tous et la lutte sanitaire se combinent. La jeunesse grecque montre la voie, à nous de suivre son exemple face à la casse de l’éducation et à la politique du gouvernement qui met en danger les élèves et leurs familles ainsi que les travailleurs de l’éducation.


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