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Faire payer la crise aux riches !

Grève majoritaire à Chronodrive : une jeunesse en lutte pour l’augmentation des salaires !

Ce samedi, les travailleurs du Chronodrive de Basso Cambo à Toulouse ont signé le premier jour d’une grève inédite et majoritaire dans l’entreprise pour l’augmentation de salaires. Une grève qui est appelée à s’élargir et qui envoie un message fort à toute la jeunesse précaire.

RP Toulouse

25 juin 2022

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Crédits photo : Révolution Permanente Toulouse

Une grève inédite des jeunes précaires pour les salaires : David contre Goliath

Ce samedi, c’est une cinquantaine d’employés de l’antenne Chronodrive de Basso Cambo à Toulouse qui se sont déclarés en grève. Alors que la direction a décidé lors des négociations annuelles obligatoires (NAO) de cantonner la hausse des salaires à la revalorisation automatique du SMIC, les grévistes ont montré leur colère et leur détermination face aux salaires de misères imposés par le grand patronat.

Majoritaire, la grève a forcé la direction de cette enseigne de courses en ligne à suspendre l’écrasante majorité des commandes de la journée sur le site. Alors que le samedi est habituellement la journée sur laquelle le chiffre d’affaire le plus important est réalisé dans ce type d’enseigne, ce n’étaient que quelques voitures au compte-goutte qui défilaient dans le dos des grévistes tenant le piquet.

Un véritable tour de force dans ce secteur particulièrement précaire, qui emploie en écrasante majorité des étudiants et des jeunes en temps partiel et dans lequel les grèves sont très complexes à organiser en raison d’un fort turnover, d’horaires variables et adaptables au bon vouloir du patron et des fortes pressions de la direction envers des travailleurs souvent peu organisés dans des syndicats. En plus de la colère des jeunes travailleurs devant le mépris de leur direction, c’est notamment la caisse de grève, qui a atteint près de 3000 euros en moins d’une semaine, qui a permis d’assurer cette forte mobilisation alors que pour la plupart des grévistes, chaque euro compte à la fin du mois.

Dans une période où l’inflation continue de rogner sur les salaires et dans laquelle la précarité dans la jeunesse ne cesse de croître, cette mobilisation importante dans le plus gros site de l’enseigne Chronodrive de Toulouse ouvre des perspectives importantes pour la jeunesse et les travailleurs précaires en général. En effet, dans la véritable épidémie de grèves autour de la question des salaires qui explose dans de nombreuses entreprises en France, la grève des travailleurs de Chronodrive est la première à mobiliser de manière majoritaire des jeunes travailleurs précaires, en temps partiel et rémunérés au SMIC. Elle est également parvenue à faire le pont entre ces travailleurs en temps partiel et les travailleurs en 35h.

Également, alors que la précarité de la jeunesse a fait les gros titres dans la période récente, et que ses effets mortifères étaient montrés au grand jour avec par exemple les images de files pour des colis alimentaires ou les statistiques alarmantes autour de la santé mentale chez les jeunes, la mobilisation des chronodrivers montrent qu’une réponse collective est possible face à ces enjeux de taille, mais qu’elle nécessite de se confronter au patronat et à ses profits.

De nombreux soutiens et des grévistes déterminés

A l’occasion du rassemblement de soutien à la grève, les grévistes ont pris la parole pour exprimer leur colère et leur détermination. Ainsi, Greg est revenu sur la précarité à laquelle font face les salariés : « Le SMIC c’est de la survie ! », et sur la nécessité de se mobiliser largement face aux grandes fortunes : « je n’ai même pas réfléchi à si j’allais venir ou pas, on est tous touchés et on sera tous touchés tôt ou tard. […] On peut relever la tête, c’est un combat qu’on peut gagner et ce qu’on demande, on le mérite ! ».

Guillaume a lui appuyé sur la précarité qui touche les étudiants et les force à prendre un travail pénible et précaire pour pouvoir payer leurs études : « C’est pas normal de devoir travailler autant dans un pays où on nous vend les études comme un droit accessible à tout le monde ». Sur le piquet, la question des études revient régulièrement, certains grévistes expliquant même qu’ils ont dû les quitter pour conserver un salaire : « j’ai arrêté mes études, je me voyais pas travailler ici en plus de mes études ça n’était tout simplement pas possible » ou encore appuyant la difficulté de travailler en cours après des heures de travail épuisantes : « on travaille dans des conditions de travail horribles, sous la chaleur, et avec des cadences importantes : on doit faire 14 préparations à l’heure ».

Rafael, militant à la CGT Chronodrive et à Révolution Permanente, a également abordé ce problème : « Y a une situation qui pèse sur nos épaules : travailler à Chronodrive, ça fait que tu foires tes études […] c’est des situations d’étudiants précaires, qui sont invisibilisés au quotidien […] pourtant on relève la tête, c’est exceptionnel ! », avant d’enchaîner sur la nécessité de se battre pour l’indexation des salaires sur les prix et la hausse de tous les salaires face à l’inflation, dans la continuité de cette grève et à une échelle globale.

Face à des patrons qui organisent sciemment le sous-effectif pour maximiser leurs profits, et qui détiennent des milliards comme les Mulliez, propriétaires de Chronodrive, Rafael est revenu sur la nécessité d’élargir la grève à partir de la première victoire que représente la mobilisation majoritaire de ce samedi : « On est pas juste à se battre juste sur notre entreprise, mais ça peut motiver d’autres qui galèrent au quotidien, qui se disent que c’est impossible ».

De nombreux soutiens ont également apporté de la force aux grévistes. Des soutiens en provenance d’autres entreprises, comme la CGT Mechachrome, entreprise récemment en grève autour de la question des salaires, et qui a mis en avant le courage et la détermination des grévistes : « Les grèves comme ça, quand les personnes sont précaires, c’est très rare et c’est très difficile ».

Une salariée à McDo syndiquée à la CGT-SELA a témoigné des similarités entre les conditions de travail extrêmement dégradées auxquels les jeunes font face dans leurs emplois précaires à Chronodrive ou à McDo et Simon, délégué syndical CGT Ateliers de Haute Garonne et militant à Révolution Permanente, est revenu sur la nécessité de se battre pour arracher des augmentations significatives de salaires. Des preuves de solidarité qui montrent la voie pour construire l’unité des différents secteurs pour se battre ensemble pour l’augmentation de salaires.

Des soutiens politiques se sont également exprimés, avec la présence de François Piquemal et Hadrien Clouet, députés NUPES récemment élus, qui se sont engagés à faire porter la voix des chronodrivers à l’assemblée et à mettre à profit leur tribune de députés pour relayer la caisse de grève. Lutte Ouvrière et le Parti de Gauche se sont également exprimés, ainsi qu’une militante climat.

Rozenn et Alberta, militantes à Révolution Permanente ont également pris la parole. Figure de la première grève de l’histoire de Chronodrive l’année dernière, licenciée pour avoir combattu les violences sexistes et sexuelles dans l’entreprise, Rozenn est revenue sur cette première expérience de grève l’année dernière qui a permis de donner confiance aux travailleurs pour se mobiliser à nouveau, ainsi que sur la nécessité pour la jeunesse de s’organiser dans des syndicats et politiquement pour faire valoir ses intérêts face au grand patronat.

Alberta quant à elle a insisté sur l’angoisse présente dans la jeunesse, face aux perspectives sinistres que lui offre le patronat et son monde entre précarité et destruction de la planète, et comment cette grève peut permettre d’organiser une riposte : « Le signe que vous envoyez, il faut que vous le voyiez comme un premier pas pour qu’on transforme l’angoisse en colère et qu’on puisse faire payer les riches ! »

Les grévistes lancent un appel à l’ensemble de salariés du groupe à les rejoindre !

A l’issue de ces prises de paroles, les salariés se sont réunis en assemblée générale pour décider tous ensemble des suites du mouvement . Ils ont voté à l’unanimité un deuxième jour de grève le samedi 9 juillet. Convaincus de la nécessité d’élargir le mouvement aux autres magasins de Toulouse et de France pour arracher la hausse de salaires dont ils ont besoin, et forts de cette première journée de grève qui donnera de la confiance aux travailleurs des autres sites, les salariés ont discuté des modalités permettant de les joindre et les convaincre et ont décidé d’appeler à la mobilisation via une vidéo en direct du piquet.

Ils ont lancé cet appel à l’ensemble de salariés de l’entreprise dans l’objectif de tisser des liens et organiser la grève dans l’ensemble de magasins du groupe. Un objectif qui pour être atteint demande que le plus de monde possible relaye leur appel comme ils l’expliquent dans la vidéo.

Ils ont également discuté de la centralité de la question médiatique et de la caisse de grève, qui permettra d’assurer la réussite et l’élargissement de cette deuxième journée de grève.

Cette première journée de grève est une importante réussite dans le combat de ces jeunes travailleurs précaires pour une augmentation de salaire permettant de faire face à l’inflation, et plus généralement montre des perspectives collectives pour toute une partie de la jeunesse face à des conditions d’études et de travail insupportables et des salaires de misères. Pour aider les chronodrivers à arracher aux Mulliez cette augmentation nécessaire des salaires, participez à la caisse de grève !


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