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Nouvelle attaque en perspective

Guerre sociale : Macron prépare une réforme de l’assurance-chômage XXL pour l’été

En plein été, Macron et son gouvernement sont déterminés à entamer leur programme de guerre sociale. Parmi les pistes évoquées dernièrement, une réforme de l’assurance-chômage XXL incluant l’indexation des indemnités sur la conjoncture économique. Une attaque de grande ampleur.

Ariane Anemoyannis

15 juillet 2022

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Après la raclée des élections législatives, Macron semble vouloir reprendre la main sur son second quinquennat, qui s’annonce plus houleux que le premier. Dès cet été, le président cherche à remettre en avant la question des contre-réformes dans l’espoir de contenter un patronat inquiet du climat politique et de donner des gages à la droite sur laquelle il entend s’appuyer pour gouverner.

Sur ce point, c’est la question de l’assurance-chômage qui fait son retour ces derniers jours, devant la réforme des retraites. Aux rencontres économiques annuelles d’Aix en Provence, Bruno le Maire a ainsi expliqué les 9 et 10 juillet dernier que celle-ci était « la réforme de structure la plus urgente ». Une perspective que Macron a confirmé lors de son interview du 14 juillet : « Nous devons aller plus loin sur l’assurance chômage. (…) Je veux dès cet été que nous puissions accélérer sur la réforme du travail » a-t-il indiqué, insistant sur l’idée que la France « est l’un des modèles sociaux les plus généreux au monde ».

Au cœur de cette contre-réforme, une nouvelle attaque contre les conditions d’indemnisation. Selon La Tribune : « cette réforme viserait à aller un cran plus loin que celle déjà faite lors du premier quinquennat » et « devrait moduler les indemnisations en fonction de la conjoncture économique. Plus la situation se dégrade, plus le système d’indemnisation est généreux. Et à l’inverse, plus elle s’améliore, et moins le régime verse d’indemnités. »

Une véritable réforme de l’assurance-chômage XXL, poursuivant la casse d’un acquis ouvrier déjà frappé par une attaque historique lors du dernier quinquennat. Pour justifier une telle mesure, déjà évoquée en mars dernier, Macron met en avant l’objectif de « plein-emploi » et la prétendue « pénurie » dans différents secteurs, désertés par des travailleurs lassés d’emplois difficiles et mal payés. Surfant sur la traditionnelle rhétorique qui assimile protection sociale et « assistanat », le gouvernement veut donc « remettre au travail » les chômeurs. Pour l’occasion, Macron n’hésite d’ailleurs pas à réactualiser ses « petites phrases ». « Il m’est arrivé de dire qu’il fallait traverser la rue, c’est encore plus vrai aujourd’hui. » a-t-il ainsi noté ce jeudi.

Tandis que la réforme des retraites a été repoussée pour éviter d’envenimer une situation d’instabilité importante au lendemain des élections, la nouvelle réforme de l’assurance-chômage, qui devrait être entamée dès cet été, pourrait être la première attaque d’ampleur de la faible majorité. En mai, le président du Modem Patrick Mignola vantait d’ailleurs cet objectif : « Les règles de l’assurance chômage, quand la société est en difficulté, doivent être assouplies. En revanche, quand on a une société économique qui va mieux, il faut qu’on soit plus exigeants » résumait-il au micro de LCP. La réforme de l’assurance-chômage semble ainsi être la perspective rêvée pour la macronie, afin de contenter non seulement sa propre coalition mais également Les Républicains, toujours friands de ce type d’attaques. Une manière de contrecarrer le spectre de l’immobilisme alors que le pouvoir fait face à une crise politique inédite à l’Assemblée nationale.

De ce point de vue, si le gouvernement ose envisager une telle mesure en dépit de la crise politique et de la colère sociale, c’est évidemment parce que la première réforme de l’assurance-chômage a peu mobilisé, du fait de l’absence de plan de bataille de la part des directions syndicales. Dernièrement, celles-ci restent bien silencieuses sur les attaques à venir. Alors que des grèves importantes ont eu lieu ces derniers mois, que l’inflation suscite une profonde colère sociale, il y a au contraire urgence à poser des perspectives de luttes, sur le terrain des salaires et du refus de contre-réformes, à commencer par celle de l’assurance-chômage.


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