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Covid19

Hypothèse de confinement à Paris : manœuvre électorale d’Hidalgo sur fond de fiasco gouvernemental

Quelques heures après les annonces de Castex et Véran, la mairie de Paris est sortie du bois, proposant un confinement dur de trois semaines en Île de France, avant de rétropédaler et de ne parler que d’une hypothèse le lendemain. Une manœuvre électorale en vue de 2022 qui s’appuie sur le fiasco de la politique sanitaire du gouvernement.

Julian Vadis

26 février 2021

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Crédits photo : AFP, Jean- Christophe Verhaegen

Ce jeudi soir, après les annonces de Castex et de Véran, la mairie de Paris, par la voix d’Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo, a annoncé qu’elle comptait demander à la préfecture un confinement dur de trois semaines à Paris. Si ce même Emmanuel Grégoire a apporté des précisions ce vendredi 26 février lors d’une conférence de presse, parlant d’une simple hypothèse proposée au gouvernement pour une mesure nécessairement régionale, le rétropédalage de l’équipe d’Hidalgo a ouvert une vive polémique.

Effet d’annonce

« Nous ne voudrions pas nous retrouver dans une situation où face à la dégradation, nous ne prendrions que des demi-mesures supplémentaires, ne faisant que retarder une forme d’inéluctabilité d’un confinement plus dur » a ainsi déclaré le premier adjoint à la mairie de Paris, dans des propos relayés par Le Figaro. « Nous devons réfléchir à l’idée de faire des efforts plus importants à court terme » dans la « perspective de tout rouvrir plus rapidement, plutôt que de rester sous un couvre-feu pendant des mois et des mois » a précisé Grégoire.

Balayons d’emblée ce qui relève de l’évidence : bien sûr, les déclarations rapides de la mairie de Paris sont avant tout des effets d’annonces pour apparaître comme principale opposition au gouvernement, avec en toile de fond les élections présidentielles de 2022. Échéance électorale pour laquelle Anne Hidalgo est une candidate potentielle. C’est d’ailleurs sous cet angle que les critiques ont été les plus virulentes de la part de l’opposition LR à la mairie et du gouvernement.

Fiasco et jusqu’au boutisme du côté du gouvernement

Toutefois, il est clair que la brèche existe tant les déclarations optimistes de Castex et de Véran peinent à masquer l’ampleur du fiasco de la stratégie du gouvernement. Le couvre feu visant à réguler la courbe de contamination et, surtout, à éviter que les variants ne deviennent majoritaires est un échec cuisant, qui a même poussé Véran a concédé que « nous avons effacé en une semaine les deux semaines de baisse consécutives que nous avions enregistrées jusqu’ici ». A cela s’ajoute le fait que la stratégie vaccinale fait face à de nombreuses difficultés, comme l’illustre le fait qu’AstraZeneca ne devrait livrer que la moitié des doses commandées par l’Europe au second trimestre. Autre chiffre inquiétant, seulement 4 % de la population a été vaccinée, et les projections et objectifs annoncés par les ministres ce jeudi sont pour le moins ambitieux.

Pourtant, comme l’indique Jean-Loup Delmas dans son article paru sur 20 minutes, Macron semble engagé dans une forme de fuite en avant. « Pourquoi une telle inertie dans les décisions ? Stéphane Rozès, politologue et président de CAP (Conseils, analyses et perspectives), analyse : « Le gouvernement doit gérer à la fois la contrainte sanitaire, économique, sociale et psychologique de cette pandémie, et il y a une division au sommet de l’Etat entre le président qui ne veut pas prendre des mesures trop restrictives et le Premier ministre ou le ministère de la Santé qui sont pour agir vite et préventivement. » Une dichotomie entraînant des débats sans fin et donc un retard décisionnel, quand celles-ci sont finalement prises. Loin de n’être que subi, ce retard est peut-être également consenti, notamment par Emmanuel Macron, dont de multiples sources officieuses rapportent aux médias qu’il serait farouchement opposé à un reconfinement […] Pour Stéphane Rozès, « si Emmanuel Macron a fait le pari de ne pas reconfiner début février, ce n’est pas pour le faire quelques jours plus tard, ce serait un désaveu. S’il y a reconfinement, il n’arrivera donc qu’au dernier moment avec une situation totalement hors de contrôle. Cela permettra également selon lui une meilleure adhésion de la population, lui qui craint une désobéissance. » Mais pourquoi un pari aussi risqué, qui pourrait vite lui retomber dessus maintenant qu’il a laissé fuiter que c’était lui et lui seul qui avait pris cette décision ? Et bien justement, afin de soigner son image d’homme de décision à l’approche des élections présidentielles de 2022. »

La surenchère sécuritaire n’est pas la solution pour sortir de la crise sanitaire

On le sait, la politique sanitaire du gouvernement est directement subordonnée à la préservation des profits des très grands groupes capitalistes, qui ont bénéficié de large aides de l’État malgré de multiples plans sociaux et suppressions d’emploi, y compris dans le cas d’entreprise qui ont réalisé de large profits comme c’est le cas de Sanofi. Aujourd’hui, il est clair que la question des échéances électorales, à un an des présidentielles, est une donnée qui prend chaque jour un peu plus d’importance. Le bilan ? Des centaines de milliers de suppressions de postes, deux millions et demi de morts dans le monde, dont plus de 85 000 en France, une hausse massive des états de dépression et d’anxiété, une précarisation galopante et une potentielle sortie de crise à l’été 2022, comme l’estimé le Professeur Didier Pittet, chef du service de contrôle des infections aux Hôpitaux Universitaires de Genève, au micro de France Inter.

A ce titre, il est clair que la poursuite d’une politique sanitaire autoritaire et liberticide nous mène dans le mur, et que la proposition de la mairie de Paris d’un confinement de trois semaines pour permettre des réouvertures massives, bien qu’encadré de protocoles stricts, tient plus d’un coup médiatique à visé électorale que d’une réelle proposition alternative de gestion sanitaire à la politique du gouvernement. Tout au contraire, c’est par un programme d’urgence qui sort de la logique répressive qu’il sera possible d’ouvrir la voie à une alternative progressiste dans la situation.

La première des urgences consiste en un plan massif d’embauche et de mise à disposition de moyens matériels pour l’hôpital public, touché par des décennies de politique austéritaire et qui fonctionne à flux tendu, y compris avant le début de la pandémie. Ainsi, comme le développe la commission santé du NPA, il est indispensable de mettre sur place un « plan emploi formation pour former et à embaucher à la hauteur des besoins dans la santé », avec entre autre « 100 000 embauches dans les hôpitaux », « 200 000 dans les Ehpads » et « 100 000 pour l’aide à domicile et à répondre positivement aux revendications des personnels de la santé et du social ».

Sur le plan social, il est indispensable d’exiger 0 suppression d’emploi, 0 baisses de salaires, une augmentation des salaires à hauteur de 1800€ net, indéxés sur l’inflation, pour sortir de la spirale de la précarisation, une diminution drastique du temps de travail, l’interdiction des emplois précaires pour des embauches en CDI et la mise en place d’assemblée de travailleurs, décidant collectivement quoi et comment produire, en fonction des nécessités de la lutte contre la pandémie, dans des conditions sanitaires optimales.

La situation catastrophique de la jeunesse nécessite, la aussi, un plan d’urgence à la hauteur. Entre précarité et dégâts psychologiques, les mesures de Vidal sonnent comme une insulte. La réouverture des universités passent par un plan massif assurant des conditions sanitaires optimales pour les étudiants, les personnels et les enseignants, la gratuité des soins, et la mise en place d’un revenu étudiant à hauteur du SMIC financé par un impôt fortement progressif sur les grandes fortunes. Un programme anticapitaliste de combat, en alliance avec les luttes ouvrières, que nous avons défendu lors des élections étudiantes par le biais des listes Le Point Levé dans les universités de Paris 1, Paris 8 et Toulouse le Mirail avec des résultats probants et qui doivent se concrétiser sur le terrain par l’auto-organisation des étudiantes, comme nos camarades de Révolution Permanente / Onzième thèse à Bordeaux à l’initiative de comités contre la précarité. A ce titre, il est indispensable que la firme pharmaceutique soit mise sous le contrôle des travailleurs, avec une transparence scientifique totale auprès de la population sur tous les aspects.

Bien sur, ces mesures vont à l’encontre même de l’essence du système capitaliste, qui a mille fois démontré son obsolescence et son irrationalité à chaque étape de la pandémie. C’est pourquoi ces mesures ne pourront s’imposer que sur le terrain de la lutte des classes, par la grève, l’action et la convergence du monde du travail, de la jeunesse et des classes populaires.


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