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Casse de l'éducation publique

« Il faut faire plus d’efforts » : en 2022 Macron veut faire la guerre aux profs

C'est une offensive d'ampleur contre le monde de l’Éducation qu'a annoncé le président-candidat. Dans la lignée d'un quinquennat marqué par le mépris et les réformes managériales, Macron entend accélérer la libéralisation du secteur par une mise en concurrence des enseignants, une hausse du temps de travail et la remise en cause du statut.

Hélène Angelou

18 mars 2022

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Crédits photo : AFP

Ce 17 mars, Macron déroulait en conférence de presse son programme de guerre sociale pour 2022, néolibéral et autoritaire. Parmi les chantiers du président-candidat, la casse des services publics figure en bonne place, et promet une accélération des politiques mises en place durant son mandat. « Deux immenses chantiers » ont notamment été évoqués : la santé et l’éducation.

Et c’est une véritable offensive contre les travailleurs et travailleuses de l’éducation qu’a annoncé Macron, dans un discours empreint de mépris envers le corps enseignant et les personnels de l’éducation, dans la continuité du quinquennat Blanquer. Ainsi après avoir hypocritement reconnu que « les enseignants ne se sentent pas suffisamment payés et reconnus et ont raison », Macron s’est aussitôt lancé dans une diatribe dénonçant pêle-mêle le supposé « absentéisme » des profs, et les enseignants qui ne « font pas plus d’efforts ». Un moyen pour lui de chercher à rallier les parents d’élèves et l’opinion publique en reconstruisant l’idée du prof feignasse et privilégié, alors qu’il annonce un programme qui revient à casser le statut, au profit de la mise en place de salaires au mérite et d’un accroissement des pouvoirs des chefs d’établissements.

Augmentation des salaires au mérite : une déclinaison du « travailler plus pour gagner plus »

Après la promesse du dégel du point d’indice des fonctionnaires, Macron promet désormais une hausse de salaire … mais pas pour tout le monde.« Il est difficile de dire qu’on va mieux payer tout le monde, y compris ceux qui ne sont pas prêts à s’engager et à faire plus d’efforts », a osé Macron afin de justifier l’introduction de salaires au mérite.

Aussi les hausses de salaires seront conditionnées … au fait de travailler plus et valoriseront un « engagement » et la prise en charge de « nouvelles missions » encadrées par « un pacte avec les enseignants ».

Parmi les « nouvelles missions » figurent notamment les remplacements de collègues absents ou l’aide aux devoirs, un moyen pour Macron de revendiquer l’absence d’embauches, pourtant nécessaire, et l’augmentation du nombre d’heures de travail.

Au-delà des éléments de langage issus du management, cette mesure consiste en une véritable remise en cause de l’égalité de traitement et un pas en avant dans la casse du statut et la mise en concurrence des travailleurs de l’éducation. En janvier déjà, Sacha Houlié, député LREM revendiquait en ce sens une volonté « distinguer ceux qui font un bon travail de ceux qui font un travail meilleur encore » et Macron en ce sens « assume totalement qu’il y aura plusieurs systèmes de rémunération entre les enseignants ». A ce titre, il prône une forme d’évaluation permanente des pédagogies enseignantes par la « transparence », comprendre la publication des résultats d’évaluation de chaque classe et établissement afin d’opérer un classement, niant par ailleurs les inégalités sociales. « On doit pouvoir donner les moyens aux directeurs d’école, à l’équipe pédagogique, à sa hiérarchie, de mesurer [les résultats]. Et c’est cette transparence que je veux généraliser, comme ça on pourra aussi comparer les méthodes pédagogiques », revendique le président-candidat.

Une école néolibérale à la gestion managériale

Cette mise en concurrence et cette évaluation permanente s’articulent à un renforcement de « l’autonomie » des établissements, c’est-à-dire des pouvoirs des chefs d’établissement. Ce qui contribue à accélérer le processus de territorialisation de l’éducation nationale et à créer une école à plusieurs vitesses.

Macron a ainsi promis d’accélérer le processus expérimenté à Marseille où des directeurs d’école recrutent leurs enseignants, dans la droite ligne de la loi Rilhac qui fait du directeur d’école un supérieur hiérarchique.

Ces mesures s’inscrivent ainsi dans un projet de refonte de l’enseignement public qui passe par une libéralisation et une augmentation du temps de travail. Une attaque en règle contre le monde de l’éducation, alors même que le secteur est particulièrement éprouvé par la gestion catastrophique de la crise sanitaire et marqué par une grande souffrance au travail, fruit des réformes libérales successives

Les multiples mobilisations durant le quinquennat Blanquer-Macron ont su faire la démonstration d’un corps éducatif combatif des AESH aux profs en passant par les AED. Pour freiner le projet de casse de l’éducation publique et le développement de l’éducation privée qui passe par la mise au pas des personnels de l’éducation, il s’agit d’ores et déjà d’organiser la contre-offensive. Les DHG (Dotations Horaires globales) au rabais qui sont aujourd’hui annoncées aux équipes pédagogiques ne sont qu’une démonstration supplémentaire qu’une lutte d’ensemble et dure est nécessaire.

Après une mobilisation historique en janvier dernier qui a révélé l’ampleur de la colère des travailleurs et travailleuses de l’éducation, et face à ces nouvelles attaques, il est nécessaire d’imposer un plan de bataille pour mettre un coup d’arrêt à cette politique de guerre sociale. Alors que la charge de travail des enseignants ne cesse d’augmenter il nous faut revendiquer la répartition du temps de travail, la titularisation des collègues précaires, l’embauche de professeurs et personnels en fonction des besoins et des augmentations de salaire. Alors que l’inflation pose de façon urgente la question des salaires, une réponse d’ensemble du monde du travail contre ces attaques s’impose.


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