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Augmenter les salaires !

« Il faut qu’on gagne tous ensemble » : 10 sites du nucléaire en grève pour les salaires

Depuis cet été, un mouvement sur les salaires touche le secteur de l’énergie. Alors que les négociations de branche sont venues entériner des pertes de salaire pour les travailleurs d’EDF, de nombreux sites se sont mis en grève reconductible. En l’espace d’une semaine, le mouvement s’est étendu de quatre à dix sites.

Alexis Taïeb

17 octobre 2022

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Crédits photo : François Nascimbeni/AFP

L’ouverture des négociations de branche en juin dernier des Industries Electrique et Gazière (IEG), qui regroupe plus de 150 entreprises dont EDF, s’est conclue début octobre par la signature d’un « accord » sur les salaires qui pour beaucoup de travailleurs du secteur a fait office de coup de poignard dans le dos. En effet, alors que l’inflation sur un an atteignait les 5,6 % au mois de septembre, la direction n’a proposé que quelques miettes à ses salariés. D’abord 0,3 % d’augmentation, puis 0,7 %, et, enfin, la proposition finale, qui sera signée par la confédération FNME – CGT ce mardi, qui entérine des pertes de salaire pour les travailleurs, avec 1,3% d’augmentation pour 2022, et 2,3% pour 2023.

Une colère qui prend sa source dans le mépris affiché par la direction depuis plusieurs mois

Parallèlement à l’ouverture des négociations, sur de nombreux sites les salariés ont participé à des journées d’action de quelques heures par jour, parfois davantage selon les sites, pour exiger une hausse des salaires qui permette de rattraper le niveau de l’inflation. En réaction à la conclusion des négociations de branche, closes ce jeudi 6 octobre en attente de la signature définitive, certains sites ont décidé de continuer le mouvement et de partir en grève reconductible, comme c’est le cas à Cruas (Ardèche). David Hallier, délégué syndical CGT sur le site, insiste : « L’accord est trop loin du niveau de l’inflation »

En effet, après les accords de branche, c’est une nouvelle séquence qui va s’ouvrir pour les salariés d’EDF, celle des Négociations Annuelles Obligatoires (NAO), qui débuteront ce mercredi. Les grévistes revendiquent un minimum de 5 % d’augmentation, ou directement 200 euros d’augmentation de salaire. « On ne veut pas de primes, on veut de véritables augmentations de salaires » explique Nicolas Dessertene, Secrétaire de la CGT Gravelines.

Plusieurs sites en grève reconductible depuis deux semaines : un mouvement qui s’étend

Depuis jeudi 14 octobre, le mouvement qui concerne alors 4 sites (ceux de Tricastin, Cruas, Bugey et Cattenom) prend une nouvelle tournure. En l’espace d’une semaine, six nouveaux sites rentrent dans la bataille, portant à dix le nombre de sites en grève. Pour Olivier Colle de la CGT Gravelines, en grève depuis jeudi dernier : « le mouvement a pris une ampleur nationale, encore plus importante que durant la bataille contre la réforme des retraites en 2019 ».

Du côté de Saint-Alban (Isère), qui a déjà connu dix-sept jours de grève chez les opérateurs avant la signature des accords de branche, ce sont les travailleurs du service combustible qui ont pris le relais jeudi dernier : « Alors que les collègues de la conduite (opérateur) venaient de faire 17 jours de grève, ceux du service combustible-déchet ont décidé de partir à leur tour, d’une part en solidarité avec les autres, mais parce que tout le monde en peut plus. L’Etat passe son temps à nous dénigrer… un jour, il nous remercie, le lendemain, il passe la réforme des retraites. » explique Christophe Salvetat, délégué syndicale et secrétaire CGT au CSE, sur le site de Saint-Alban.

La colère est donc sur la voie de l’extension, et même si la perspective prochaine des salariés est l’ouverture des prochaines NAO, le mercredi 19 octobre, les grévistes sont très conscients de la situation nouvelle dans le pays ouverte par la grève des raffineurs. Aussi, les réquisitions orchestrées par l’Etat contre les grévistes de la pétrochimie ont provoqué une vive réaction : « On est aussi partis pour soutenir les raffineries. Les réquisitions nous ont beaucoup impactés. On va dire que ça a été le choc qui a fait éclater un ras-le-bol général qui dure depuis longtemps » continue Christophe Salvetat. David Hallier abonde aussi dans ce sens : « on est très solidaire des raffineries. Nous aussi, on peut être réquisitionné. Sur mon site, la direction commence à nous mettre la pression, la direction nous parle de ça, elle nous explique que c’est une chose possible. La menace de réquisition pèse clairement chez nous.

Face à la direction et ses méthodes anti-grèves : continuer à élargir le mouvement

Cette question du droit de grève a aussi de fortes implications au sein d’EDF, car la direction n’hésite pas d’utiliser les procédures à sa disposition pour réquisitionner plus facilement les salariés en cas de grève. C’est ce que nous explique Christophe Salvetat : « au niveau des exploitants, EDF a le droit de nous réquisitionner en cas de grève pour assurer la sûreté ». Une manière parmi d’autres d’entraver le droit de grève des grévistes.

Ainsi, la FNME-CGT a publié cette semaine un communiqué dans lequel elle appelle, d’une part, à la généralisation de la grève dans l’ensemble des secteurs de l’énergie, mais aussi à participer à la grève nationale du mardi 18 octobre. A ce propos, David Hallier explique : « il faut y aller pour l’intérêt général et les salaires de tout le monde ! Quand je vois qu’on ne peut pas vivre dignement, quand je vois des gars qui taffent à plein temps et qui ne peuvent pas finir le mois, j’y vais pour eux aussi ! Et aujourd’hui, tout est aligné, il faut qu’on fasse quelque chose de gros ».

De son côté, Christophe Salvetat ajoute : « On a besoin de se rejoindre, aujourd’hui c’est la pétrochimie, demain, ce sera qui ? Le droit de grève est primordial. ». A Kevin Theis, secrétaire général de la CGT-Energies Cher, de conclure : « Mardi, on y sera pour faire converger nos luttes pour qu’on aille gagner tous ensemble des augmentations de salaire, et revendiquer notre droit de grève. Pour autant, si le 18 fonctionne, il doit être un point d’appui aussi pour lutter contre la réforme de l’assurance-chômage et des retraites ».


        
  
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