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Répression anti-syndicale

Interview. L’inspection du travail refuse le licenciement d’Alex El Gamal : la RATP doit cesser son acharnement

L'inspection du travail de Paris vient de rendre un avis défavorable à la demande d'autorisation de licenciement d'Alexandre El Gamal, militant CGT secrétaire du CSE 4 de la RATP Bus. Après la grève des retraites, la direction de la RATP n'a pas cessé d’entamer des procédures de sanctions contre les militants de la grève avec un esprit de revanche insatiable car ce sont principalement des faits de grève qui sont reprochés. C'est une demi-douzaine de militants syndicaux, principalement cégétistes, qui a été sanctionnée (2 mois de mise-à-pied pour la plupart) et Alexandre qui est le plus durement touché avec une procédure de radiation. Nous l'avons interviewé.

Eric Bezou, ancien cheminot

1er décembre 2020

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Crédit Photo : La Photo Sociale

Le refus de l’inspection semblait gagné d’avance avec un dossier vide contre Alexandre, mais la question qui subsiste est : la RATP va-t-elle exercer son recours auprès du ministère ? Elle devrait s’arrêter là, car les faits de grève sont protégés par la jurisprudence et Alexandre n’a commis aucune faute, mais la haine de la direction semble tenace et elle peut également espérer que Borne suive la ligne de Pénicaud en autorisant les licenciements contre l’avis de ses services, comme ça a été le cas pour plus de 20 salariés protégés sous l’ancienne ministre (Gaël Quirante à La Poste, Eric Bezou et Yannick Dubois à la SNCF, les 9 de WHIRLPOOL etc...)

Si la RATP exerce son droit de recours, une contre-enquête sera confiée à la DIRRECTE pour confirmer ou infirmer le résultat de celle de l’inspection. On peut présumer que dans le cas présent, la DIRRECTE ne pourra que confirmer, mais le danger vient du ministère et de ce gouvernement qui mène une politique anti-syndicale et qui veut également se venger de la grève des retraites.

RP : Quel est ton état d ’esprit après cette nouvelle Alexandre ?

Alexandre El Gamal : « Après 10 mois de procédure et d’attente (entretien préalable, conseil de discipline, passage au CSE, entretien avec l’inspection et délais d’attente), je ressens un certain soulagement, une certaine satisfaction. Cette décision nous donne à tous de la force pour la suite, pour les prochaines luttes. Mais évidemment, je ne vais pas sauter de joie, je sais bien que je ne suis pas tiré d’affaire et c’est une situation très dure à vivre au quotidien et qui pèse sur ma famille et moi. »

RP : C’est toi qui semble le plus durement attaqué parmi la demi-douzaine de militants CGT. As-tu une explication à ce sujet ?

Alex : « Oui, je suis le seul donc la révocation (licenciement) a été demandée à l’inspection. Et d’ailleurs cela fait partie des arguments évoqués pour ma défense. En effet, comment se fait-il que sur les dizaines de personnes citées dans les constats d’huissiers avec des agissements semblables aux miens, certains ont été sanctionnés de 2 mois de mise-à-pied, un a écopé d’une mutation forcée, la plupart n’ont même pas été inquiétés, et moi, l’entreprise veut me révoquer. L’inspection le dit clairement dans sa décision : les faits de grève, même constatés par huissier, ne sont pas un motif de licenciement (ce qui est repris par la jurisprudence). Je pense qu’après avoir sanctionné mes camarades, la direction a voulu faire un exemple plus marquant en montrant sa volonté de licencier un secrétaire de CSE. »

RP : Quelles sont les suites envisagées par ton syndicat ?

Alex : « Pour l’instant, nous sommes encore en discussion entre nous concernant les modalités de la contre-attaque, mais il est évident que nous devons mobiliser nos forces pour essayer de dissuader la direction d’exercer son recours et que la procédure s’arrête là. Si nous y arrivons, je ne serai pas sorti d’affaire pour autant puisque je passerai sur une sanction inférieure, comme une mise-à-pied ou une mutation forcée, mais cela restera une victoire tout de même. »

Après la large campagne menée en soutien à Alex et tous les syndicalistes réprimés, la mobilisation doit se poursuivre pour stopper cet acharnement, dans une période où les raisons de lutter sont chaque fois plus nombreuses. De la SNCF à la RATP, en passant par La Poste, l’Education Nationale, les secteurs de l’énergie, de la santé, du social ou encore à Monoprix, le combat contre la répression à l’encontre de ceux qui relèvent la tête s’avère déterminant pour préparer la contre-offensive du monde du travail, si nécessaire face à la casse du service public, aux licenciements et à l’ensemble des attaques contre notre camp.


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