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Etat colonial

Israël. Après le massacre de Jénine, Netanyahou et l’extrême-droite renforcent leur tournant sécuritaire

L’attaque de l’armée israélienne contre le camp de Jénine a causé la mort de 10 palestiniens jeudi dernier. Un pas supplémentaire vers une escalade sécuritaire et meurtrière du gouvernement de Netanyahou et de l’extrême-droite.

Mariam Amel

30 janvier 2023

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Crédits photo : JAAFAR ASHTIYEH / AFP

La dernière attaque contre le camp de Jénine qui a causé la mort de 10 palestiniens a exacerbé la situation en Israël. Dans un pays en proie à une crise politique, le gouvernement ultra-orthodoxe continue son offensive meurtrière. Oppressions, massacres et deuils : c’est ainsi que le peuple palestinien a commencé l’année 2023. Trente Palestiniens sont en effet morts depuis le début de l’année, et le mois de janvier n’est pas encore terminé.

Un jeudi sanglant à Jénine

Moins d’un mois après sa nomination, le gouvernement israélien est déterminé à mettre en place son plan d’annexion de la Cisjordanie occupée, en renforçant davantage la suprématie israélienne des deux côtés de la ligne verte et en privant le peuple palestinien de l’exercice de son droit inaliénable à l’autodétermination. Ce plan, qui passe par l’intensification des offensives coloniales contre le peuple palestinien et le saut encore plus autoritaire, sous l’égide du nouveau gouvernement d’extrême-droite, a atteint son apogée ce jeudi 26 au matin, quand les Palestiniens ont découvert au camp de Jénine le bain de sang lancé par les forces sionistes. Celles-ci ont tué neuf Palestiniens dont deux enfants et une femme de 61 ans.

Selon les informations d’Al-Haq, une ONG palestinienne, les forces israéliennes, accompagnées d’unités spéciales, au volant de véhicules civils, dont un camion palestinien de produits laitiers, ont pénétré le quartier Jouret Al Dahhab dans le camp de Jénine, et ont attaqué le quartier qui se trouve au centre du camp de réfugiés. Cette opération militaire meurtrière rappelle le massacre de 2002 dans le même camp pendant la deuxième Intifada, lorsque les forces d’occupation avaient tué 52 Palestiniens et détruit environ 169 maisons, déplaçant plus d’un quart de la population du camp.

Malgré la situation tendue samedi dernier à Jénine, la police israélienne n’a pas hésité à intensifier ses provocations avec des démolitions de maisons palestiniennes en série, accompagnées des manifestations haineuses des colons sionistes dans les quartiers palestiniens à Jérusalem. Dans un communiqué, les Forces de défense israéliennes ont déclaré que des troupes étaient entrées dans le camp de réfugiés de Jénine pour déjouer les plans d’attaque imminents d’une branche locale du groupe terroriste du Jihad islamique palestinien. « Ce groupe était une bombe à retardement. Si nous n’agissions pas, ils l’auraient fait » a déclaré un officier supérieur de Tsahal aux journalistes du Times of Israel, une excuse habituelle que les agents de Tsahal utilisent pour justifier leurs massacres.

Vendredi soir, en réponse au raid israélien sanglant à Jénine, un tireur palestinien a commis un massacre près d’une synagogue dans le quartier Neve Yaakov à Jérusalem Est qui a fait sept morts. Quelques heures après, le responsable présumé de l’attaque, Kahyri Alqam, un jeune Palestinien de 21 ans, était abattu par la police israélienne. La même nuit, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le ministre de sécurité Itamar Ben Gvir ont été accueillis sur le site de la fusillade sous des cris des manifestants israéliens « mort aux Arabes ». Le vendredi matin, la situation s’exacerbe encore, après qu’un jeune Palestinien âgé de 13 ans a ouvert le feu sur deux hommes israéliens dans la ville de Silwan. En réponse, les forces israéliennes ont annoncé samedi matin l’arrestation de 42 palestiniens accusés de « soutien au terrorisme ».

Suite à cette escalade, les pays impérialistes ont présenté leurs condoléances à Netanyahou suite à l’attaque du 27 janvier ayant causé la mort de 7 Israéliens, après avoir gardé le silence face au massacre de jeudi contre les Palestiniens. Le président américain l’a considéré comme une « attaque contre le monde civilisé » selon les sources de la maison blanche et a promis d’offrir tous les moyens de soutien au gouvernement dans les prochains jours. En France, le président Emmanuel Macron a dénoncé l’attaque dans un tweet « l’engrenage de la violence doit être évité à tout prix », assumant son soutien à Netanyahou.

Ce dernier a par la suite convoqué le cabinet de sécurité israélien samedi soir et a annoncé une « réponse [...] forte, rapide et précise ». Le cabinet de sécurité a discuté différentes mesures à prendre, telles qu’un accès facilité aux licences autorisant le port d’armes aux citoyens israéliens. Il cherche aussi à retirer les prestations d’assurance nationale et les droits de résidence aux familles des membres de groupes terroristes, voir même à arrêter des membres des familles et prévoir une législation spécifique pour les expulser. Plus tôt dimanche, les forces israéliennes ont scellé la maison de Khairy Alqam, l’auteur du massacre devant le synagogue à Jérusalem Est, dans le but de la demolir.

Vers une intensification de la crise du régime israélien

Cette escalade militaire et sécuritaire contre le peuple palestinien s’inscrit dans un contexte d’instabilité en Israël après des manifestations contre les réformes judiciaires rassemblant des dizaines de milliers de personnes à Tel-Aviv depuis le début de l’année. Netanyahou, actuellement en procès pour corruption, a lancé cette nouvelle réforme en s’appuyant sur sa nouvelle coalition avec l’extrême droite israélienne. Cette réforme vise à limiter le pouvoir de la Cour Suprême de réviser les décisions du gouvernement.

Les manifestants considèrent que l’avenir de la « démocratie » israélienne est en danger si une telle réforme est adoptée. Ces manifestations ont également attiré des opposants (dont des juifs et arabes israéliens) à l’occupation des territoires palestiniens. Ces derniers ont dénoncé les massacres commis contre le peuple palestinien et la coalition gouvernementale qui cherche à enraciner davantage le suprémacisme juif en allant encore plus loin dans la politique répressive.

A bas la répression sanglante, l’impérialisme et l’État colonial d’Israël !

La montée de l’extrême droite en Israël, accompagnée d’une intensification du nettoyage ethnique exercé sur le peuple palestinien, rappelle encore une fois que cette monstrueuse machine militaire ne se transformera jamais en une démocratie qui permettrait une vie digne pour les Palestiniens et assurerait le retour des millions de Palestiniens expulsés partout dans le monde. Dans une telle situation, il est irréalisable, voire utopique, d’essayer de résoudre le problème historique de la Palestine en s’appuyant sur une solution à deux états ou un Etat unique qui serait plus « démocratique ».

Alors que l’Etat israélien fonde sa propre existence sur le nettoyage ethnique et l’apartheid d’un peuple et fait office d’enclave coloniale, fondée sur l’unité entre l’État et la religion et soutenue par les grandes puissances impérialistes, la solution à deux états ne peut être que réactionnaire.

Or, la vieille classe politique arabe, le Fatah et le Hamas ne représentent pas une véritable alternative politique dans ces situations. L’approche conciliatrice adoptée par le Fatah avec l’impérialisme, et la coordination sécuritaire avec Israël, a facilité l’imposition de la situation actuelle et le renforcement de la machinerie coloniale. En outre, le programme islamiste du Hamas qui gouverne la bande de Gaza n’offre pas de meilleure solution. Son programme, dont le but est d’ériger un État islamiste, n’est en aucun cas une alternative pour l’autodétermination du peuple palestinien.

Enfin, le recours à des actions d’assassinat directs par les groupes de résistance tels que le Jihad Islamique est inadmissible. Il fournit à Israël un prétexte pour légitimer encore plus sa brutalité soutenue par les pays impérialistes, comme c’est le cas aujourd’hui alors même que certains cortèges contre l’apartheid sont apparus de manière inédite lors des récentes mobilisations de la Place Habima.

Les travailleurs et les jeunes Juifs qui rejettent le projet colonial doivent travailler main dans la main avec le peuple palestinien pour démanteler l’état sioniste d’Israël. Seule la mobilisation ouvrière indépendante des projets conciliateurs, basée sur l’auto-organisation et l’indépendance du peuple palestinien, garantira son autodétermination pour la dissolution de l’Etat d’Israël et la mise en place d’un état socialiste palestinien, où juifs et arabes coexisteront sur tout le territoire palestinien de la mer au Jourdain.

Il faut se battre pour la dissolution de l’Etat d’Israël et la mise en place d’un Etat Palestinien socialiste et révolutionnaire qui refuserait toute oppression religieuse ou raciale et où coexisteraient juifs et arabes. Pour une vie en paix entre ces peuples, il faut démanteler jusqu’aux racines de l’Etat raciste et pro-impérialiste israélien en en finissant avec l’impérialisme dans la région. En tant que révolutionnaires, nous considérons que cette grande tâche historique ne peut être résolue que par la stratégie et les méthodes de la lutte de classe, pour que la Palestine ouvrière et socialiste soit le premier point d’appui vers la construction d’une Fédération des Républiques Socialistes du Moyen Orient.


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