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En passe d’être licenciée parce qu’elle est de gauche

Italie. Une prof mise à pied pour avoir participé à une manif antifasciste

La scène se passe à Turin : le 25 février dernier, des militants fascistes de Casapound organisent un rassemblement électoral protégé par la police. En face, une manifestation nourrie de militantes et de militants de gauche et antifascistes. Accusée d’avoir insulté un policier, l’une des manifestantes, Lavinia Flavia Cassaro, enseignante, a été mise à pied pour six mois.

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« Crève, charogne ! ». C’est plus ou moins la façon dont on pourrait traduire le « Merde, mi fate schifo, dovete morire », lancé par Lavinia Flavia Cassaro pendant une manifestation antifasciste organisée à Turin contre un rassemblement du groupe néofasciste CasaPound, le 25 février dernier. Le rassemblement du groupe d’ultra-droite qui défend l’héritage de Mussolini était protégé par la police qui n’a pas hésité à charger les manifestants. C’est alors que Lavinia, filmée par plusieurs journalistes, s’est emportée contre les policiers.

L’affaire a fait la « une » de la presse et continue à faire polémique, notamment depuis que Matteo Renzi, ancien Premier ministre et démissionnaire de la tête du Parti Démocrate (centre-gauche) après les élections de dimanche dernier qui ont vu une progression inquiétante de la droite populiste et de l’extrême droite, en a fait un cheval de bataille. Les politiciens italiens qui ont tous fait de la surenchère anti-immigrés au cours de la campagne sont scandalisés à l’idée qu’une enseignante de 38 ans puisse être antifasciste et « insulter les forces de l’ordre ».

Lavinia est en effet enseignante-contractuelle à l’école Leonardo Da Vinci de Turin. Ce n’est donc pas seulement pour « outrage et incitation à la violence » que Lavinia est poursuivie. Le ministère de l’Education italien a décidé sa mise à pied pour six mois, ce qui équivaut à son licenciement, compte-tenu de son statut.

Lavinia a continué à manifester jusqu’à l’avant-veille du scrutin de dimanche, en Italie, et elle est soutenue par l’ensemble de la gauche radicale, les centres sociaux turinois Askatasuna et Gabrio ainsi que les syndicats de base Cobas et CUB, alors que le reste de la gauche institutionnelle hurle avec les loups. Le principal syndicat d’avocats progressistes en Italie, I Giuristi democratici, pourtant proches du PD, a demandé la révocation de la sanction, en insistant sur son caractère arbitraire : Lavinia ne saurait être sanctionnée sur son travail pour une plainte déposée contre elle dans le cadre d’une manifestation publique.

« C’est davantage Salvini, le leader de la Ligue, arrivé en pole position aux élections de dimanche, qu’il faudrait licencier, de même que les fascistes, pour la diffusion quotidienne de leurs idées médiévales et rétrogrades », souligne Douglas Mortimer, de LaVoceDelleLotte, en rappelant la croissance inquiétante d’agressions et de meurtres perpétrés, ces derniers temps, en Italie, contre des migrants et des militants de gauche et citant notamment les « 70 épisodes de ‘squadrisme’ [opérations coup-de-poing fascistes] répertoriés ces derniers mois par les services secrets italiens et publiés dans un rapport officiel ». Rien n’y fait, pour l’heure, et Lavinia continue à risquer son poste. Son nom a été scandé dans toutes les manifestations et rassemblements organisés, en Italie, dans le cadre de la Journée Internationale des Femmes.

[Crédits. LaSicilia.it]


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