×

Inscription et régularisation des étudiants réfugiés !

« Je veux juste continuer mes études » : un étudiant réfugié d’Ukraine interpelle les présidences de fac

Amara est étudiant d'origine algérienne. S'il a fui les bombes au même titre que les nationaux ukrainiens, la préfecture lui refuse le statut de protection temporaire, soulignant le tri raciste fait entre les réfugiés. Nous relayons son témoignage.

4 mai 2022

Facebook Twitter

Crédits photo : AFP

Je m’appelle Amara, j’ai 33 ans et je suis Algérien, j’étudiais la psychologie en 3ème année à l’Institut d’Écologie, Économie et droit de Kiev. Je suis actuellement à Bordeaux où j’ai demandé une inscription à l’Université Bordeaux Montaigne puis à l’Université de Bordeaux.

J’ai fui l’Ukraine le 28 février, j’ai tout laissé là-bas, j’ai quitté mon appartement, mes vêtements, mon diplôme, je n’ai plus rien. J’ai passé 3 jours en Pologne et je suis directement arrivé en France, parce que j’ai un cousin à côté de Bordeaux.

Je suis allé à la Préfecture de Bordeaux pour demander un titre de protection temporaire qu’ils m’ont refusé, même pas un mois de protection temporaire comme cela est indiqué par le gouvernement. Je leur ai dit qu’à Paris, des amis l’ont obtenu pour un mois, ils m’ont répondu que “ça n’existe pas. Soit tu demandes l’asile, soit un titre de séjour, soit tu rentres chez toi”... et je savais que je n’aurais aucun titre de séjour.

J’ai essayé de contacter plusieurs Universités, dont celle de Bordeaux Montaigne qui ne m’a donné aucune suite, puis je me suis renseigné pour être inscrit en Espagne où on m’a donné la même réponse qu’en France : “les étudiants étrangers qui sont réfugiés d’Ukraine n’entrent pas dans les dispositifs de protection temporaire et sont invités à rentrer chez eux dans des conditions sûres et durables” comme le dit la circulaire européenne, pourtant je n’ai aucune garantie de reprendre mes études en Algérie non plus. J’ai même essayé d’aller en Allemagne où des amis ont obtenu des titres de séjour de trois mois, mais il fallait les payer cher et pendant ces trois mois ils doivent obtenir une inscription sans quoi ils seraient en situation irrégulière. Donc je suis de nouveau revenu en France où je pense avoir plus de chances d’être inscrit.

Mais en France aussi on fait toujours face au traitement différent des étudiants de nationalité ukrainienne. On a fui la même guerre et les mêmes bombes, on était dans les mêmes classes et les mêmes universités, mais on subit un traitement différent, c’est un traitement d’injustice.

J’ai essayé de contacter plusieurs associations, mais personne ne nous répond et personne ne nous aide. Le 26 avril j’ai envoyé une demande d’inscription à l’Université Bordeaux Montaigne, ils m’ont seulement renvoyé vers l’Université de Bordeaux. Donc en rentrant en contact avec le Collectif Le Poing Levé on a envoyé ma demande d’inscription le 4 mai à l’Université de Bordeaux en psychologie.

Mais l’argument de la présidence de Bordeaux Montaigne pour reculer sur son engagement est faux, notre situation ne serait pas urgente alors que de jour en jour notre situation est plus compliquée. Ils essayent de gagner du temps, parce que s’ils inscrivaient 150 étudiants comme à Marseille ils iraient contre les directives du gouvernement. Ils ne veulent pas de tension avec la préfecture. Mais pourquoi prennent-ils ces engagements alors… c’est oui ou c’est non, ils doivent être clairs.

Finalement en France on nous accueille, on nous ouvre la porte, mais on ne veut pas nous donner de statut. Du coup le gouvernement jette des milliers d’étudiants à la rue et les laisse en situation irrégulière. Sans carte étudiante on n’a pas de titre de séjour, sans titre de séjour on est à la rue : alors les présidences de l’Université Bordeaux Montaigne et de l’Université de Bordeaux, ainsi que de toutes les Universités en France, doivent prendre leurs responsabilités, elles doivent continuer de former tous les étudiants réfugiés de la guerre en Ukraine.

On ne demande pas d’aide ni de protection temporaire, on demande une carte étudiante qui nous donne accès à un titre de séjour légal auprès de la Préfecture. Je veux juste continuer mes études.


Facebook Twitter
Rima Hassan convoquée par la police : un nouveau cap dans la criminalisation des soutiens à la Palestine

Rima Hassan convoquée par la police : un nouveau cap dans la criminalisation des soutiens à la Palestine

Contre le délit d'opinion, pour défendre notre droit à soutenir la Palestine : il faut faire front !

Contre le délit d’opinion, pour défendre notre droit à soutenir la Palestine : il faut faire front !

Anasse Kazib convoqué par la police : « une procédure politique contre des dizaines de soutiens de Gaza »

Anasse Kazib convoqué par la police : « une procédure politique contre des dizaines de soutiens de Gaza »

Un an de prison avec sursis pour avoir soutenu la Palestine : exigeons la relaxe pour Jean-Paul Delescaut !

Un an de prison avec sursis pour avoir soutenu la Palestine : exigeons la relaxe pour Jean-Paul Delescaut !

« Plan de stabilité » du gouvernement : la Cour des comptes et le FMI font pression

« Plan de stabilité » du gouvernement : la Cour des comptes et le FMI font pression

Compte épargne temps : les directions syndicales s'entendent avec l'U2P pour aménager la misère

Compte épargne temps : les directions syndicales s’entendent avec l’U2P pour aménager la misère

« C'est le moment de faire front face à la répression » - Anasse Kazib et Elsa Marcel au Media

« C’est le moment de faire front face à la répression » - Anasse Kazib et Elsa Marcel au Media

TIG pour les parents, comparution immédiate : le nouveau projet d'Attal pour mettre au pas la jeunesse

TIG pour les parents, comparution immédiate : le nouveau projet d’Attal pour mettre au pas la jeunesse