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Jean-Luc Mélenchon se déclare candidat à la présidentielle de 2022

Sans surprise, Jean-Luc Mélenchon a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle de 2022, ce 8 novembre sur TF1. Une annonce faite à un an et demi de l'échéance, et qui s'inscrit dans la volonté de Mélenchon d’inscrire sa campagne sur un temps long mais surtout de se présenter comme la seule alternative crédible au sein de la gauche institutionnelle.

Julian Vadis

10 novembre 2020

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Crédits photo © Thomas Samson, AFP

Jean-Luc Mélenchon a mis fin au faux-suspense, ce 8 novembre, lors d’une brève interview en direct du journal de 20h de TF1. L’Insoumis briguera donc, pour la troisième fois, la présidence de la République en 2022. Une annonce à plus d’un an et demi de l’échéance électorale, alors qu’Europe Ecologie les Verts s’active en interne pour désigner un candidat, tout comme le Parti Socialiste, et qu’Arnaud Montebourg a fait part de ses velléités à proposer également sa candidature.

Dans un live sur les réseaux sociaux au sortir de son interview sur TF1, Mélenchon a, tout en laissant la porte ouverte, mis en avant que tous les partis entendent présenter un candidat, et qu’il serait de fait illusoire d’envisager une campagne commune. Dans ce jeu de recomposition, le candidat insoumis entend se mettre au-dessus de la mêlée, s’appuyant sur son leadership dans les sondages, et incarner un « pôle de stabilité » et une voix alternative au « moindre mal ».

Une annonce rapide pour « damner le pion » à des candidatures concurrentes ?

Si Mélenchon a soumis sa candidature à un « parrainage citoyen », par le biais du recueil de 150 000 signatures sur la plate-forme en ligne créée pour l’occasion, il ne fait guère de doute que le leader des Insoumis sera de la partie. Cette annonce rapide, si elle reprend la logique de l’élection « au long cours » de 2017 qui a, c’est indéniable, fait ses preuves, s’inscrit avant tout dans un contexte de re-composition politique de la gauche institutionnelle, marquée par la dynamique des écologistes aux élections européennes et municipales. Une dynamique des écolos qui cependant ne se répercute pas encore sur la présidentielle.

Comme le souligne Cécile Cornudet dans son article pour Les Echos, l’objectif est bien de « prendre la gauche de vitesse ». Pour l’éditorialiste, si Mélenchon reste le candidat le mieux placé dans les sondages à gauche, le désormais candidat doit faire avec « un mouvement LFI fracturé sur les questions d’identités et de laïcité ». D’où la posture d’un « roc qui surfe, et qu’on ne reconnaît pas toujours. Porteur de la colère sociale (jusqu’à l’Assemblée où il a électrisé les mœurs) sans réussir à en être le porte-drapeau, ni contre la oi Travail et les retraites, ni lors des « Gilets jaunes », et désormais « humaniste » comme un agneau, puisant l’inspiration chez Mitterrand pour faire oublier ses excès (« L’Etat c’est moi ! ») ». Mitterrand, justement, avec qui Mélenchon a toujours revendiqué une forme de filiation, et qui a incarné le programme commun.

Le PS, EELV vent debout suite à l’annonce de la candidature

Un timing qui ne manque pas de créer la polémique comme en témoigne la réaction des autres forces politiques en présence. Le premier secrétaire du PS a dégainé le premier : « D’abord, pensez-vous que c’était le bon moment ? s’interroge faussement Olivier Faure, invité ce lundi matin sur LCI. En pleine crise sanitaire, économique, sociale, avec le terrorisme, à son degré maximal d’alerte... Est-ce que vous pensez que les Français n’ont pas déjà le sentiment que l’obsession des femmes et des hommes politiques est leur propre élection ? Sommes-nous obligés de leur donner raison ? ».
En tirant à boulet rouge sur la candidature de Jean-Luc Mélenchon, Olivier Faure illustre en quelque sorte l’absence de dynamique du PS dans la situation alors qu’il s’était vu comme le facilitateur de l’union de la gauche à la sortie du premier confinement. « Jean-Luc Mélenchon se présente comme le candidat anti-Macron, mais avez-vous une idée de la façon dont hier soir le président de la République a réceptionné cette déclaration ? Je vais vous le dire : le chef de l’Etat, il s’est ouvert une bonne bouteille », a-t-il ajouté.

Si le ton est moins tranché chez les écologistes, le secrétaire national d’EELV ne se montre pas moins hostile comme le note Le Figaro : « Jean-Luc Mélenchon avait annoncé lui-même qu’il n’avait jamais cessé d’être candidat », a lancé Julien Bayou, prenant acte de la nouvelle étape avec « beaucoup de respect pour le personnage ». EELV se montre ainsi plus sûr de ses forces comme le note la tête de liste d’EELV en Île-de-France : « Jean-Luc Mélenchon nous explique qu’il a un projet ; nous, nous avons le nôtre. Les modalités seront calées cet hiver. Nous pensons que c’est un ou une écolo-giste qui pourra offrir l’alternative en 2022. »

Derrière les fausses discussions sur le timing : les recompositions à gauche et l’ombre de Monte-bourg

Quoi que puisse être l’avis des uns et des autres, ce qui se préfigure, ce sont les recompositions de la gauche institutionnelle à venir. Et le nom d’Arnaud Montebourg est sur toutes les lèvres. Comme le note Le Figaro : "François Hollande, interrogé dimanche sur France 3, son ex-ministre ne représente « pas une ligne différente » de celle de Jean-Luc Mélenchon’’.

De son côté, Djordje Kuzmanovic, souverainiste mais ancien conseiller Défense de la FI, analyse la situation ainsi : « Si Arnaud Montebourg sort de l’ambiguïté sur l’Union européenne et comprend qu’il peut incarner un souverainisme courageux allié à la justice sociale, à la fermeté sur la laïcité et à l’autorité de l’État, il pourra fédérer sur cette ligne et représenter la grande et réelle alternative à Emmanuel Macron. Dans ce cas, le rôle de Jean-Luc Mélenchon sera celui de faiseur de roi, ou, tragiquement, celui qu’avait joué Benoît Hamon face à lui en 2017 : empêcher le candidat capable de vaincre l’actuel chef de l’État d’accéder au second tour. »

Et cette tension était perceptible à la France Insoumise, elle-même. Sitôt l’annonce de la candidature faite, La France Insoumise a interpellé Montebourg sur France Info. « Je ne sais pas ce qu’a l’intention de faire Arnaud Montebourg mais je lui dis, comme je dis aux autres, que si leur but n’est pas de témoigner mais de gagner, nous pourrions faire équipe. Surtout quand ce qu’ils racontent est porté depuis des années par Jean-Luc Mélenchon » a t-il ainsi déclaré.


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