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Journée « ports morts » : La grève chez les ports et docks monte d’un cran contre la réforme des retraites

Les dockers et agents des ports s’organisent pour exiger le retrait pur et simple du projet de réforme et faire monter d’un cran la mobilisation.

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crédits photo Jean Philippe Simean Martini

Au lendemain des annonces d’Edouard Philippe, la tension est loin d’être redescendue, et elle est même montée d’un cran. Marseille, Le Havre, Rouen, La Rochelle, Dunkerque… tous les principaux ports du pays ont été bloqués ce jeudi 12 décembre pour une journée « ports morts » très réussie.

Le Havre

Ce jeudi 12 décembre, le port du Havre et son immense Zone industrielle ont été totalement bloqués à l’appel de l’intersyndicale et de l’Assemblée générale interprofessionnelle de la ville, réunie mardi 10 décembre au soir. Au total près de 6 000 manifestants – grévistes, soutiens extérieurs, Gilets jaunes, etc. – se sont retrouvés sur 8 points de blocage entre le port et la ZI. Selon nos informations plus de 2 500 dockers et portuaires étaient sur le terrain pour mettre à l’arrêt ce qui constitue le plus gros port de France pour le trafic de conteneurs.

Ancien « fief » de l’actuel Premier ministre Edouard Philippe, maire de la ville du Havre de 2010 à 2017, c’est un signal fort qui a été adressé au gouvernement au lendemain de ses annonces qui n’ont définitivement convaincu personne. « Les annonces de notre Premier ministre hier ont augmenté la mobilisation » déclare même Sandrine Gérard, secrétaire de l’Union locale CGT.

« Depuis 6 heures du matin jusqu’à la fin de l’après-midi, toute la Zone industrielle était bloquée, et aucune activité entrante ni sortante n’a pu être effectuée. Le blocage a été une vraie réussite ! Sur la Zone industrielle c’est entre 60 et 80% de grévistes sur les équipes de quart par exemple. A part les administratifs dans les bureaux, tout le monde est dans le mouvement… » nous disait Sylvain Chapelle, secrétaire CGT de l’Union locale d’Harfleur. « On a décidé de se greffer à la « journée port mort » organisée par la fédération des ports et docks nationalement, pour une grosse journée « port et ville morts » sur le Havre ».

Lorsqu’on l’interroge sur la réception des annonces d’Edouard Philippe au Havre il déclare : « nous, on reste sur le retrait pur et simple de ce projet de réforme et on est inflexible là-dessus. Edouard Philippe a parlé mais de toute façon on ne s’attendait à rien. On est face à des parasites : ils vivent sur notre dos, et en plus avec une telle arrogance… Ce qu’ils veulent c’est nous soumettre et nous précariser, comme ils le font, pour leurs propres intérêts. Ils parlent de « réforme systémique », mais l’argent, il y en a, il suffit de voir le CICE, les cadeaux fiscaux, l’évasion fiscale… En fait, c’est ce système capitaliste le vrai problème systémique ! Moi ce que j’essaie de dire autour de moi c’est que sans nous ils ne pourraient pas vivre, et que le pouvoir, c’est à nous de le prendre. »

A 11 heures l’ordre a été donné par la préfecture d’évacuer les blocages, mais face au nombre et à la détermination des travailleurs, la police a renoncé à intervenir. En fin d’après midi les travailleurs du port se sont donnés rendez-vous devant la mairie pour rejoindre les enseignants où ils étaient plusieurs centaines.

Marseille

A Marseille c’est dès la fin du discours d’Edouard Philippe que les dockers et portuaires se sont mis en place et rien n’a circulé aujourd’hui sur l’ensemble du port.

« On dit merci à Edouard Philippe hier, parce qu’il a même réussi à mettre en colère la CFDT, à mettre tous les dockers en grève et à bloquer tous les ports ! » raconte un docker dans un live Facebook « On n’a pas tous les mêmes revendications, mais dans tous les cas la convergence c’est clé » ou encore « on n’est pas près d’arrêter ! ».

Le matin, ils étaient nombreux à se réunir en Assemblée générale pour organiser la mobilisation. Le secrétaire général CGT du port de Marseille, Pascal Galéoté prévient : « on va rester là H-24 et, nous allons bloquer le port jusqu’à ce que le gouvernement retire son projet de loi sur les retraites... ». Pour rappel, la ville de Marseille est très largement mobilisée depuis le 5 décembre avec près de 150 000 personnes qui ont défilé pour protester contre le projet de réforme.

Mais aussi Rouen, La Rochelle et Dunkerque

À Rouen, le siège du port était lui aussi bloqué ce jeudi. Les grévistes Enedis ont par ailleurs procédé à des coupures ponctuelles de courant dans la zone portuaire pour soutenir la journée « port mort » et les travailleurs du port.

À La Rochelle, l’activité du Grand port de commerce était également bloquée et un piquet de grève a été mis en place pour la première fois depuis le début du mouvement. Pas moins de 1 700 travailleurs et 75 entreprises qui ont été bloqués et aucun camion n’a pu franchir les portes.

A Dunkerque, enfin, les travailleurs du ports appelaient à ne maintenir « aucune activité » pour défendre leur avenir et celui de leurs « enfants ». Ils étaient nombreux jeudi dans la nuit en Assemblée générale pour discuter « comment on s’organise ? comment on fait pour réussir à bloquer l’économie ? Comment faire converger toutes nos luttes ? »

Les dockers et agents portuaires s’organisent pour faire plier le gouvernement

La journée du 12 décembre a bel et bien été une journée « port mort » dans toute la France et a montré la détermination des dockers et portuaires qui s’étaient très largement mis en grève, y compris dans des villes où ils étaient peu mobilisés jusque-là. Une belle démonstration de force d’un secteur important de la classe ouvrière qui a plus d’une fois démontré dans le passé sa force de frappe.

Convaincus de la nécessité d’augmenter le rapport de force pour faire plier le gouvernement, les syndicats CGT ports et docks se réunissent la semaine prochaine à Paris pour organiser la suite. Si certaines villes réfléchissent encore aux modalités d’action, d’autres, comme Marseille, affichent d’ores et déjà leur volonté de tenir les blocages jusqu’au retrait du projet de loi. Une excellente nouvelle pour toutes celles et ceux qui luttent depuis maintenant plus d’une semaine contre le projet de réforme. Après les annonces d’Edouard Philippe, et alors que le gouvernement est acculé de part et d’autre, c’est le moment de radicaliser le mouvement et de généraliser la grève !


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