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PRÉCARISATION DE LA JEUNESSE

L’assurance chômage : la jeunesse en première ligne des attaques

Le 1er juillet 2021, l’ignoble Assurance chômage du gouvernement entre en vigueur. Selon L’Unedic, ce sont 1.15 millions de chômeurs qui sont susceptibles d’être pénalisés par ce décret. Baisse drastique des allocations, accès aux droits plus difficiles : le gouvernement met en marche une réforme qui va attaquer violemment les plus précaires. Déjà précarisée et fortement impactée par la crise sanitaire, la jeunesse se verra pénalisée par ces attaques.

Alberta Nur

26 avril 2021

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Crédits photo : PASCAL GUYOT/AFP

Faire payer la crise aux plus précaires

Dans un contexte de crise économique et sanitaire sans précédent, la priorité du gouvernement est de faire payer la crise aux plus précaires. C’est précisément le but de la réforme votée par décret de l’assurance chômage, qui vient diminuer et attaquer les droits et indemnités des chômeurs. La rhétorique du gouvernement se base sur le rapport de la cour des comptes qui indique que les pertes de l’Unedic pourraient atteindre 64 milliards d’euros en 2021. Ce trou béant dans le budget de l’Unedic s’est aggravé avec la crise sanitaire, qui a vu ses revenus baisser drastiquement du fait de l’augmentation importante du chômage.

Transformer le déficit organisé et les « trous » budgétaires en casse sociale est une décision politique, non comptable. Sans cesse, le gouvernement fait le choix de faire payer aux plus précaires ces déficits. C’est donc sans surprise qu’il choisit, pour rééquilibrer le déficit de l’Unedic, d’attaquer les indemnités et les droits des chômeurs. Une décision politique qui s’accompagne d’un discours culpabilisant envers les chômeurs qui « profiteraient » du système actuel. Pour rembourser ces attaques, le gouvernement demande aux jeunes précaires, non sans honte, de se « serrer la ceinture » alors qu’ils sont en première ligne des effets de la crise sanitaire et économique. Toujours plus d’efforts demandés aux plus vulnérables alors que le gouvernement accourt pour arroser de milliards le patronat et la police.

Quels impacts de la réforme sur les jeunes ?

La réforme va venir modifier le mode de calcul du Salaire journalier de référence (SJR). Dans l’état actuel des choses, le salaire journalier de référence est calculé sur les jours travaillés sur une période de 12 mois. Avec la réforme, le SJR sera calculé sur une période de 12 mois et prendra en compte les jours d’inactivité et les jours travaillés. Comme l’explique Cécile Hautefeuille dans Mediapart, « c’est mathématique : en comptabilisant les périodes non travaillées – et en remontant plus loin dans le passé professionnel la moyenne s’effondre. Le SJR est plus bas. Et avec lui, les allocations-chômage. » Ces mesures viennent impacter en premier lieu les emplois précaires : CDD, Intérim, contrats saisonniers car la moyenne qui sera effectué pour calculer l’allocution pénalisera ceux qui travaillent de manière interrompue.

Une étude de l’Unedic montre que la part des moins de 25 ans s’élève a 22 % des 2,8 millions de personnes qui vont ouvrir un droit à chômage entre juillet 2021 et juillet 2022. Cela veut dire que nombreux sont les jeunes qui vont commencer à toucher le chômage directement avec le nouveau régime : et parmi ces jeunes 30% seront impactés par le nouveau calcul du salaire journalier.

« A 18 ans, les jeunes veulent un travail pas une allocation » avait déclaré Bruno Le Maire, ce qui incarne totalement la ligne du gouvernement : si les jeunes n’ont pas de travail c’est qu’ils ne cherchent pas assez. Le ministre de l’Économie laisse donc entendre que les 619 000 jeunes qui sont actuellement au chômage serait simplement des fainéants. Pourtant, 86% des inscrits remplissent bien leurs obligations de recherche d’emploi, ce qui prouve que le discours du gouvernement est hypocrite.

Le but de la réforme dans cette logique : baisser les allocations et compliquer l’accès aux droits pour « inciter » les jeunes à chercher du travail. Dans le même temps évidemment, le gouvernement détruit des emplois et ne fait rien pour répondre à la précarité dans la jeunesse. Les différentes réformes du gouvernement s’inscrivent dans une logique néolibérale : on « incite » (comprendre « précarise » et « réprime ») à trouver du travail dans des contrats toujours plus précaires. La réforme vise à contraindre les salariés à accepter un emploi précaire et des conditions misérables de travail. En effet, celle-ci va durcir les conditions d’accès aux allocations du chômage. En effet, il faudra avoir travaillé et cotisé six mois sur les 28 derniers mois plutôt que 24 mois. Le projet du gouvernement pour la jeunesse est clair : jobs précaires et allocations minables.

La grande solution du gouvernement pour l’emploi des jeunes, la plateforme 1 jeune 1 solution, s’inscrit dans la même logique néolibérale et vise à baisser le coût du travail, c’est-à-dire qu’une subvention de 4000 euro sera donnée aux entreprises par jeune employé. Cette plateforme est un cadeau pour le patronat qui peut embaucher à bas coût des jeunes dans des emplois précaires tout en faisant artificiellement baisser les chiffres du chômage.

Lorsque Macron réplique « il suffit de traverser la rue pour trouver un emploi », c’est emblématique de la politique néolibérale : le chômage serait un problème de détermination des concernés à trouver un emploi. Pourtant, il y a 6 millions de chômeurs en France et 1 million d’offre d’emplois, ce qui laisse 5 millions chômeurs sur le carreau - si on réfléchit purement mécaniquement et si on pense que les chômeurs concernés sont disposés à accepter n’importe quelles conditions de travail, n’importe quel contrat -. Des mesures minables, et une culpabilisation constante : voila comment Macron traite les jeunes et en fait la variable d’ajustement face a la crise.

L’assurance chômage est une attaque brutale qui va venir précariser brutalement le monde du travail. Le silence des directions syndicales qui se sont contentées de quelques réunions avec le gouvernement n’est pas à la hauteur de l’ampleur des attaques. A l’image des occupations de théâtre qui ont revendiqué le retrait total de la réforme, il est temps de construire le front le plus large possible pour lutter de front contre cette attaque. Jeunes, travailleur.e.s, chômeur.e.s, exigeons un impôt fortement progressif sur les grandes fortunes, le retrait de toutes les lois racistes et liberticides et pour des moyens massifs dans les services publics de la santé et de l’éducation !


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