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Augmenter les moyens !

« L’hôpital est en ruine » : des dizaines de services d’urgences menacés de fermeture

Plusieurs dizaines de services d’urgence sont menacés de fermeture, certains sont déjà interrompu la nuit ou ponctuellement. Une situation désastreuse qui s’annonce d’autant plus dangereuse à l’approche de l’été. Dans plusieurs villes soignants et habitants se mobilisent et exigent des moyens pour les hôpitaux !

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Des dizaines de services d’urgences menacés de fermetures

La période d’été, habituellement synonyme de réductions d’effectifs, n’a pas encore commencé que plusieurs services d’urgence voient leurs activités réduites voire suspendues la nuit, par manque de personnel. Ce sont plusieurs dizaines de services d’urgence qui sont saturés. Limoges, Jonzac, Dijon, Chaumont, Rambouillet, Montluçon : la liste est non-exhaustive mais les situations se ressemblent avec un manque critique de personnel, une attente de plusieurs heures ou plusieurs jours et de nombreux soignants en arrêt maladie. Le moment de rupture est palpable. Et il a été atteint dans de nombreux autres services qui se retrouvent fermés, pour une nuit ou deux comme à Aulnay-Sous-Bois, ou de manière répétée comme à Montmorillon, Voiron, Marmande, Senlis, liste là encore non-exhaustive.

Les cartes réalisées par différents syndicats se multiplient et rendent compte de l’étendue du problème et dressent un tableau d’urgence à bout de souffle. Le syndicat des anesthésistes SNPHARE alerte le gouvernement sur la situation particulièrement tendue dans laquelle se trouvent 120 services d’urgences sur les 600 que compte le territoire, qui ont fermé leurs portes soit complètement soit partiellement. « Ces fermetures ne cessent d’augmenter sur l’ensemble du territoire et touchent aussi bien les Centres Hospitaliers Universitaires que les petites structures » précise le communiqué.

Carte réalisée par la CGT-Santé

Des situations qui poussent y compris de gros centres à fermer sans date de réouverture envisagée. C’est le cas des urgences du centre hospitalier Pellegrin du CHU de Bordeaux, pourtant longtemps premier CHU de France avant de passer second, derrière le centre toulousain. Son service d’urgences se voit, depuis le 18 mai, contraint de fermer ses portes entre 17 heures et 8 heures du matin - sauf urgence vitale - par manque de personnel. Dans un reportage du Monde, le chef du Samu Bordelais, Philippe Revel, estime qu’il manquerait 40 % des effectifs. Cette limitation de l’accueil au CHU de Pellegrin laisse craindre un déport sur les autres hôpitaux de la zone, comme Saint-André ou la Polyclinique Bordeaux Nord.

A Marseille, la situation est inquiétante, d’autant plus à l’approche des vacances d’été et de l’afflux de touristes. En effet aux urgences de la Timone « Le service est passé de 30 urgentistes à désormais seulement 16 » en deux ans, rapporte Radio Classique. Une situation qui tend à mettre les urgences sous pression et mène déjà ailleurs à des fermetures partielles. « Avec les congés, le tableau d’août n’est pas bouclé, Si on n’y arrive pas, il faudra penser à des mesures radicales, comme à Bordeaux » rapporte Cécile Meguerditchian auprès du Monde.

Derrière les fermetures, une baisse des budgets et une politique de l’usure

A l’origine de cette situation on trouve le désinvestissement financier qui dure désormais depuis plusieurs années, dans les différents services de soins. Celui-ci a amené les urgences «  à devoir pallier tous les dysfonctionnements de la médecine de ville et des autres services hospitaliers  » comme l’explique à Révolution Permanente Marie-Pierre Martin, porte-parole du collectif Inter Urgences. Les services se retrouvent ainsi avec un afflux ce plus en plus important de personnes démunies et souffrantes qui n’ont plus que les urgences comme alternative. Marie-Pierre Martin martèle : « l’Hôpital est en ruines : même les urgences qui en sont la porte d’entrée s’effondrent. On ne tient plus  ».

Le manque de moyen chronique a été organisé par les gouvernements successifs. « Ce n’est pas juste le problème des directions d’hôpitaux mais aussi du gouvernement qui met toujours moins d’argent dans l’hôpital public » défend la porte-parole de l’Inter Urgences. «  La situation va s’empirer dans les mois et semaines à venir parce qu’on va vers une privatisation de l’hôpital ». Et cette dernière est déjà en marche comme en témoigne le forfait de 20 euros imposé par Macron pour un passage aux urgences.

Le manque de moyens implique une pression de plus en plus importante, qui se répercute sur les personnels hospitaliers. « Les soignants sont épuisés et partent, ils n’ont plus la force de travailler dans une situation de sous-effectifs constants, que nous dénonçons depuis plusieurs années. Le gouvernement n’a jamais cherché à résoudre le problème qui ne fait que s’empirer » relate Marie-Pierre Martin. Claude, infirmier à la Timone, pointe les mêmes problèmes auprès de Radio Classique : « De plus en plus d’infirmiers et de médecins ne supportent plus les conditions et se dirigent vers le privé. » Des soignants à bout de souffle qui partent après des mois ou des années de travail sans repos, avec des vacances validées à la dernière minute, des rappels sur les congés et des salaires bas et gelés, voici le tableau de l’hôpital.

Ce manque d’effectifs qui s’accentue d’années en années a déjà eu des conséquences dramatiques. Infirmiers et médecins sont bien souvent deux ou trois fois moins nombreux que nécessaire et les quelques cas de personnes mortes aux urgences sur un brancard, sans même que les soignants aient pu s’occuper d’elles, ont marqué les esprits dans les hôpitaux et créent une inquiétude tenace. « On arrive le matin en sachant déjà qu’on va mal faire notre métier et être maltraitants car on n’aura pas assez de temps. Tout marche à l’envers, plutôt que d’augmenter le nombre de soignants on va ajuster les soins au sous-effectif » s’alarme ainsi Marie-Pierre Martin.

Une urgence : augmenter les moyens, les salaires et les embauches

Face à la maltraitance des patients, à la souffrance des soignants et aux fermetures des services d’urgence, les mobilisations se multiplient. « Urgences fermées, population en danger », « Non à la fermeture des urgences » les mots d’ordre se font écho. Au CHU de Poitiers pas moins de 500 personnes se sont retrouvées le 12 mai contre la fermeture période des urgences. A Bordeaux également, habitants et travailleurs de l’hôpital se sont rassemblés le 24 mai pour dénoncer les mesures de restrictions mises en place sur les urgences de nuit. A Oloron-Sainte-Marie ils étaient plus de 2 000 à se retrouver après des mois de fermetures des urgences, pour exiger une réouverture qui soit pérenne et totale.

Ces mobilisations de soutien de la population répondent à une multiplication des mouvements de grève locaux et à une colère de plus en plus grande. Un appel intersyndical a été lancé pour le 7 juin dans tout le secteur de la santé et un préavis d’une semaine à compter du 7 juin a été lancé aux urgences. Les revendications sont claires, il faut augmenter les moyens, pour recruter massivement du personnel et rouvrir les lits et les services qui ont été fermés. Après un Ségur de la Santé qui a distribué des miettes, les soignants exigent de véritables augmentations de salaires et une reconnaissance de pénibilité plus importante.

Les mobilisations à Bordeaux, Oloron ou Poitiers dessinent le chemin à suivre pour mettre un stop à cette politique de casse du service public : celle d’une mobilisation main dans la main entre les soignants et l’ensemble de la population. Celle-ci nécessite de soutenir et de se mobiliser aux côtés du monde hospitalier dès le mardi 7 juin.


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Philomène Rozan

Etudiante à l’Université Paris Cité , élue pour Le Poing Levé au Conseil d’Administration

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