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Charité pour sauver des vies

La commission européenne en appelle à une oeuvre caritative pour financer les recherches d’un vaccin

La Commission européenne est à l’initiative d’une œuvre de charité pour la recherche d’un vaccin, dont elle estime la valeur à 7,5 milliards, selon l’objectif qu’elle s’était fixé. Un chiffre bien loin des 100 milliards donnés en cadeau aux grandes entreprises, et ce seulement en France et payé par les impôts.

Petra Lou

5 mai 2020

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Crédit photos ; THOMAS SAMSON / AFP

Quand les capitalistes en appellent à la charité des États et des milliardaires pour un vaccin

À l’initiative de la Commission européenne, un téléthon mondial a été organisé pour financer les recherches et le développement d’un vaccin contre le coronavirus. L’objectif était d’atteindre 7,5 milliards d’euros. Ce lundi 4 mai 7,4 milliards d’euros ont été obtenus rassemblant des contributions de gouvernements, dirigeants d’entreprise et célébrités. 

« Nous l’avons fait. Nous avons obtenu 7,4 milliards d’euros  » a déclaré la présidente de la commission européenne Ursula Von der Leyen dans un tweet. 

« C’est une démonstration puissante et inspirante de la solidarité mondiale  » a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d’une conférence de presse au siège de l’OMS à Genève. Parmi les donateurs, on retrouve les gouvernements allemands et français, qui ont respectivement fait don de 500 et 525 millions d’euros, une vingtaine d’autres États, ainsi que d’autres personnalités philanthropes comme la chanteuse Madonna, Melinda et Bill Gates, etc.

Quand sauver les entreprises a plus de valeur que sauver des vies

Cette œuvre caritative a le mérite de soulever quelques interrogations : alors que le gouvernement français fait cadeau de 100 milliards d’euros au patronat pour sauver les entreprises, l’objectif de la Commission européenne pour les finances d’un vaccin qui endiguerait le virus s’élève à 7 milliards d’euros, et ce, à l’échelle mondiale. L’ordre des priorités capitaliste est très clair. C’est là que prend tout son sens le slogan clamé sur les balcons et les banderoles aux fenêtres « Vous comptez vos sous, nous compterons nos morts ». Il semblerait en effet que maintenir coûte que coûte les profits des entreprises ait bien plus de valeur aux yeux des gouvernements que la vie de milliards de personnes.

Et le comble de l’ironie, c’est que le plan d’aide aux entreprises en France, c’est le contribuable qui le paie, comme l’a pointé un conseiller bien connu, Raymond Soubie : «  Ce sont les contribuables qui paieront cette crise ». Pendant ce temps, les finances pour un vaccin qui pourrait mettre un terme à une pandémie mondiale sont une œuvre de charité de quelques milliardaires philanthropes. Pour sauver les patrons, les gouvernements de droite comme de “gauche” sont toujours présents et débloquent des fonds en conséquence, tandis que les soignants n’ont toujours pas de matériel suffisant dans les hôpitaux pour soigner et se protéger eux-mêmes, et qu’on doit faire face à des bilans humains catastrophiques et un à un nombre de morts conséquent.

« Le chacun pour soi est une erreur majeure  » a ainsi regretté Emmanuel Macron, en pointant implicitement du doigt les États-Unis, l’un des seuls pays majeurs à ne pas avoir pas répondu à l’appel. Mais Macron peut bien faire ses discours de générosité et pointer du doigt les mauvais élèves, il fait partie du même camp que tous ceux-là, même quand ils ont un vernis « progressiste » comme le gouvernement PSOE-Podemos en Espagne, qui a répondu à la crise par d’énormes plans de sauvetage des grandes entreprises et des banques. Au nom du « maintien de l’emploi » c’est à celles-ci qu’on donne des milliards d’euros, qu’elles ne rembourseront jamais, comme cela s’était déjà produit en 2008. 

Parallèlement à ces scandales, dont les travailleurs paient le prix fort, il est utile de rappeler que ces dernières années les grandes entreprises pharmaceutiques ont consacré l’essentiel de leurs recherches aux maladies les plus rentables, et que les institutions comme l’OMS agissent constamment selon leurs intérêts géopolitiques. Aujourd’hui, les gouvernements et les patrons font pression pour la levée des mesures de confinement, sans les accompagner de mesures sanitaires élémentaires comme des campagnes massives de tests. 

S’il est clair que les capitalistes veulent tirer profit de la crise sanitaire, les hôpitaux et entreprises privées en Espagne en sont la plus tragique illustration : moyennant 300 euros pour un dépistage, et que les hôpitaux publics ne prennent en charge que les patients les plus gravement atteints. En France, des personnels soignants du centre hospitalier La Châtre ont reçu une facture de 66,78€ pour avoir réalisé des tests au Covid, ce qui a été démenti comme une erreur informatique : erreur ou pas, après les masques à 9€, cela aurait été au tour des soignants de payer leurs tests ?

Ce n’est pas aux travailleurs de payer la facture : c’est aux responsables de payer leur crise !

Face à la crise économique qui vient, il est bien clair que ce n’est pas sur les gouvernements que l’on pourra compter, ni sur leurs œuvres de charité pour un vaccin. Plutôt que d’attendre en vain la générosité très incertaine de capitalistes « philanthropes », il nous faut revendiquer un investissement massif dans l’hôpital public, ainsi que des financements pour la recherche d’un vaccin en exigeant qu’il soit financé non pas par le monde du travail, mais par un impôt sur les grandes fortunes. Ce n’est pas aux travailleurs de payer la facture, mais aux capitalistes, qui sont eux-mêmes responsables de l’ampleur de cette crise. Avec ces revendications, il s’agit de répondre aux premiers impacts de la crise économique en posant la question de l’interdiction des licenciements qui pourraient se multiplier dans la période comme [la direction de Daher qui compte bien supprimer 3000 emplois en pleine crise sanitaire- >https://www.revolutionpermanente.fr/Daher-supprime-3000-emplois-Voila-la-finalite-d-avoir-continue-a-bosser-la-boule-au-ventre].


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