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Crise sanitaire

« La direction n’en a clairement rien à faire des cas de Covid » dénonce Christian, CGT Neuhauser

A Neuhauser, trois cas de Covid ont été identifiés la semaine dernière. Face à l’inquiétude des salariés, la direction botte en touche et refuse la mise en place de nouvelles mesures sanitaires. Nous avons interviewé Christian Porta, délégué syndical CGT du site.

Nathan Deas

9 décembre 2020

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Crédits photos : AFP/FADEL SENNA

Propos rapportés par Nathan Erderof

Révolution permanente : La semaine dernière, plusieurs cas de Covid ont été recensés sur le site industriel de Neuhauser. Peux-tu faire un retour sur la situation ?

Christian Porta : Jeudi dernier, nous avons appris qu’un camarade avait été testé positif au Covid. Avec la CGT, nous avons alors comptabilisé l’ensemble des cas contacts que nous pouvions identifier. On a recensé une dizaine de cas contacts. Tout le monde est alors parti en isolement et nous avons décidé de faire remonter à la direction la situation.

Le lendemain, le vendredi, nous avons appris qu’un autre collègue, qui n’avait pas été identifié cas contact, était positif au Covid. Mardi, lorsque je suis revenu au travail, j’apprends qu’un nouveau cas positif a été détecté. Selon la direction, aucun des collègues ne serait cas contact, ce qui nous a surpris puisque nous en avions identifié au moins dix. Nous avons alors commencé à discuter entre nous, les trois cas positifs pouvaient avoir contaminé toute l’usine. La direction a tenté de calmer notre inquiétude, et a avancé qu’il n’y avait pas de problème, que l’ensemble du site avait été désinfecté. Mais nous savons que nous ne pouvons pas leur faire confiance, ce sont nos collègues qui font les désinfections, et la majorité des machines ne sont pas désinfectées. De là on est montés au créneau, on est allés voir notre direction. On a demandé une désinfection totale de l’usine.

Actuellement le protocole sanitaire est léger, c’est le protocole imposé. Les masques sont obligatoires pour tous les salariés. Mais il y a des manquements. Si la direction prend la température de tous les salariés (ce qui n’est ni obligatoire ni nécessaire) les thermomètres sont défectueux. Il a aussi fallu que l’on impose à la direction la mise en place de postes de nuit pour les personnels de ménage pour la désinfection. On a imposé cela et obtenu qu’il y ait trois postes, ce qui était une revendication des salariés du ménage.

Nous ce qu’on demande, au regard des contaminations c’est l’arrêt de la production, la venue de professionnels pour désinfecter l’usine, comme en mars, et un dépistage massif.

Révolution permanente : Comment vous organisez-vous pour imposer ces revendications et quel est l’état d’esprit des collègues ?

Christian Porta : Pour l’instant on attend les résultats des collègues qui sont allés se faire tester. Mais il y a une colère qui monte. Par exemple, lorsque nous faisons une liste de cas contacts on en identifie une dizaine, mais lorsque c’est notre patron qui la fait, il n’en identifie aucun. La direction n’en a clairement rien à faire des cas de contamination. J’ai interpelé mon directeur, il m’a répondu « trois cas sur 250 salariés c’est rien ». On a discuté entre nous et l’ambiance est un peu à la panique. Pas pour nous mais pour notre entourage, nos parents. L’idée d’arrêter la production commence à faire son chemin, pour imposer la désinfection totale du site et un dépistage massif.

En mars on avait obtenu cette revendication. Mais la grande différence c’est qu’en mars on était tous en droit de retrait. On avait réussi à faire arrêter l’usine, à mettre en place des mesures de sécurité, notamment le port du masque et la désinfection de l’usine. Là sans le même rapport de force et juste avec notre colère, on a proposé la même chose à la direction en ajoutant l’exigence d’un dépistage des salariés. La direction a refusé.

Révolution permanente : Est-ce que tu pourrais revenir sur le mouvement que vous aviez mené en mars pour imposer un protocole sanitaire et un regard des salariés sur sa tenue ?

Christian Porta : En mars personne ne connaissait rien du virus. Le lundi 16 mars, un de nos collègues a été hospitalisé. Nous sommes allés voir la direction pour arrêter les lignes. Face au refus de la direction, on a décidé collectivement d’arrêter la production et d’exercer un droit de retrait collectif. On est restés devant l’usine et on a convaincu l’ensemble des salariés de ne pas reprendre la production, de ne pas rentrer dans l’usine. Le patron n’avait pas alors eu d’autre choix que de désinfecter mais avait en même temps multiplié les menaces et les coups de pression. De nombreux salariés s’étaient mis en réaction en arrêt de maladie.

A l’époque on avait demandé la prise de température et la mise à disposition de gel hydroalcoolique partout ainsi que des masques. Si on avait obtenu ces revendications, le regret qu’on peut avoir, c’est qu’on a pas poussé les choses plus loin. On aurait dû aller jusqu’au bout et gérer nous-même la sécurité de nos conditions de travail. Il y a également eu une deuxième phase de mobilisation pendant le confinement, la direction avait voulu jeter les palettes de nourriture à la poubelle. On s’était mobilisés à nouveau et on avait obtenu qu’elles soient données à des associations.


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