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Lutte contre la réforme des retraites

Le 5 décembre, pour vaincre Macron, la jeunesse doit se mobiliser avec le monde du travail

Le spectre plane autour du 5 décembre. Et pour peu que la jeunesse se mobilise aux côtés du monde du travail, en particulier les cheminots, le spectre peut devenir réalité, au point même de faire regretter aux classes dominantes les mobilisations de 1995.

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Gilet-jaunisation du monde du travail…

C’est la grande crainte des classes dominantes désormais, que l’effet gilet jaune ne se propage et imprime sa marque – radicalité et spontanéité – à l’ensemble du monde du travail – et même de la société. Rapportant les propos d’un ancien cheminot, l’Opinion écrit : « Pour lui, il se passe à la SNCF ce qu’il s’est passé dans la société française avec les Gilets jaunes : des mouvements spontanés, inflammables, qu’il compare à « des éléphants dans le magasin de porcelaine fragile du dialogue social ». Quant au secrétaire d’état chargé aux Transports, Jean-Baptiste Djébarri, ce dernier exprimait ce matin sur France Inter toute la fébrilité des classes dominantes face à la multiplication de grèves spontanées à la RATP, déclarant : « On a un mois pour faire baisser la tension » à la SNCF. De notre côté, avec l’ensemble de notre camp social, nous avons un mois pour ne pas lâcher et faire monter la pression !.

Car après l’ouverture d’un mouvement à la base à Châtillon, où deux cents grévistes sur sept cents travailleurs et travailleuses paralysent le réseau ferroviaire, la colère et la contestation se sont étendues à deux autres technicentres de la région parisienne. Il s’agit du Technicentre le Landy qui est en charge de la maintenance des TGV de l’Axe Nord, dont le Paris-Lille, des Eurostar et des Thalys, ainsi que du Technicentre Sud-Est Européen, en charge de la maintenance des TGV de l’Axe du Sud-Est de la France. Au Landy, Technicentre situé à Saint-Denis, dès hier soir des assemblées générales se sont tenues, avec la participation de nombreux cheminots, y compris de nombreux cadres, où les agents ont discuté de la dégradation de leurs conditions de travail et de la situation intenable dans le secteur du matériel. « Une rupture, écrit Mediapart, jamais une grève comme au technicentre de Châtillon n’avait jusque-là démarré sans préavis. Jamais les grévistes n’avaient tenu à se démarquer autant des syndicats, comme si ces derniers étaient disqualifiés. »

Tout est sur la table : surtout faire payer la jeunesse !

Employant les mêmes manœuvres éculées pour diviser le mouvement social, le gouvernement cherche à déminer le terrain en montant, comme à l’accoutumée, les grévistes contre les usagers, mais cherche aussi à faire payer la réforme des retraites à la jeunesse, espérant que celle-ci ne se mobilisera pas face à cette attaque historique – et alors même que la réforme brutale de l’assurance-chômage entre en vigueur aujourd’hui. Et ce dernier a déjà prévu de faire à nouveau des cheminots sa cible favorite, de jouer l’opinion publique contre eux pour faire avaler sa réforme des retraites. « Il faut déminer le maximum de sujets avant le 5 décembre, trouver des voies de passage avec le plus de professions possible, pour ne plus avoir que les salariés de la SNCF et de la RATP mobilisés le jour J, et pas une coagulation entre les 42 régimes spéciaux », a raconté au Monde un membre du gouvernement, explicitant sa stratégie des boucs émissaires

Parmi les solutions possibles pour ouvrir la voie à la réforme tout en espérant limiter la mobilisation sociale, le gouvernement – aux côtés des dirigeants de la CFDT qui soutiennent eux aussi l’idée – cherchent à appliquer ce que l’on appelle la « clause du grand-père », qui consiste tout simplement à n’adopter la réforme des retraites qu’aux prochains entrants sur le monde du travail, alors que la précarité de la jeunesse travailleuse et étudiante atteint des proportions inouïes.

Dans ce contexte, tous les moyens sont bons pour éviter de lier le mouvement de grève qui a démarré à Châtillon avec la bataille qui se prépare le 5 décembre avec la réforme des retraites en ligne de mire. Comme le dit un des grévistes lui-même : « Ce qu’on a fait, j’espère que ça servira à tous les collègues qui aujourd’hui subissent ça. On a montré qu’on était capable de se défendre ! ». Et en effet, une semaine seulement de grève a suffi pour que la direction accède à la majorité de leurs revendications, qui deviennent encore plus offensives, réclamant également la levée de toute mesure disciplinaire.

Contre tous ceux qui subissent les attaques néolibérales de Macron, les cheminots montrent comment transformer une lutte défensive en passage à l’attaque contre Macron et son monde.

Pour la jeunesse : faire du 5 décembre une bataille victorieuse contre Macron et son monde

Qu’il s’agisse de 1995 ou des mouvements précédents qui ont mis le gouvernement à la défensive – et en remontant jusqu’à mai 68 – la jeunesse a toujours représenté une force matérielle capable de mettre en branle les autres secteurs de la société, par son explosivité et sa spontanéité ; en s’alliant au monde du travail qui aujourd’hui est en lutte contre les réformes néolibérales que Macron cherche à imposer, la jeunesse peut jouer un rôle central pour faire du 5 décembre une première bataille victorieuse dans une lutte que Macron lui-même annonce sans merci.

Aujourd’hui, la jeunesse chilienne est en première ligne pour faire reculer les attaques néolibérales et la répression sanguinaire du gouvernement Piñera ; aux côtés de la classe ouvrière, des enseignants, des personnels hospitaliers ou encore des travailleurs portuaires, celle-ci montre la voie à l’ensemble de la jeunesse française pour mettre un coup d’arrêt aux réformes de Macron.

Ces derniers mois, les étudiants et lycéens, dont une partie remet déjà en question ce gouvernement notamment sur les questions écologiques, pourraient faire leur retour sur le terrain de la lutte sociale. Pour cela, il sera nécessaire que la jeunesse développe ses propres cadres d’auto-organisation et de coordination afin de préparer le 5 décembre ; c’est la condition même pour lutter contre la division sociale que tente d’instaurer le gouvernement.

Cette date du 5 décembre, enfin, sera l’occasion de passer d’une position défensive à une position offensive : en finir avec la précarité généralisée, dont souffre en première ligne la jeunesse et pour la retraite à 60 ans maximum, et 55 ans pour les métiers pénibles, sans condition d’annuités qui sont une double peine pour les femmes et les précaires, financée par les possédants et leurs exonérations, dividendes, ISF et autre CICE ; pour un partage du temps de travail avec maintien de salaire entre ceux qui se tuent au travail jusqu’après 65 ans et ceux qui se tuent à en chercher, etc.

Alors que les Gilets jaunes ont fait irruption sur la scène politique, exposant toutes les fragilités du gouvernement, la jeunesse doit se mobiliser aux côtés du monde du travail pour faire, aux yeux des dominants, de ce mois de décembre un cauchemar à côté duquel 1995 n’était qu’un doux rêve !

Crédit photo : O Phil des Contrastes.


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