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Le Medef pour la baisse des pensions par répartition... Sauf pour les gros salaires !

La réforme des retraites, plafonnant à 120 000 euros les revenus annuels, devrait contraindre les mieux payés à recourir à la capitalisation. Même au sein du patronat, certaines fédérations veulent maintenir la répartition par peur de devoir compenser les pertes de pension auprès de leurs cadres. Peu importe la capitalisation, tant que les pensions (des travailleurs) baissent.

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Le grand patronat se fait du souci pour les cadres (très) supérieurs. Ces « super cadres » gagnent plus (voire beaucoup plus) que le plafond prévu par la réforme (120.000 euros/an) au-delà duquel les cotisations salariales (ramenées à 2,81%) n’ouvrent plus de droits supplémentaires à la retraite ; ils craignent une baisse significative de leurs retraites, les contraignant ainsi à la capitalisation, but honteusement inavoué du gouvernement. Ils cotisent aujourd’hui jusqu’à un plafond de 329.000 euros/an.

A priori, le Medef n’aurait pas eu de raisons de se plaindre, les cotisations patronales, chutant de 16,68% à 1,69% sur cette tranche de salaires. Par ailleurs, Geoffroy Roux de Bézieux n’avait rien trouvé à y redire lors des négociations autour de ce plafond. Ce que craint aujourd’hui la fédération patronale c’est que ces salariés ne se retournent vers leurs employeurs afin d’obtenir des augmentations ou des primes en guise de compensations… sur lesquelles les entreprises auront à payer des cotisations, revenant de fait sur les baisses accordées par la réforme. Sans cela, les patrons craignent « une fuite des cerveaux », argument régulièrement mis en avant par le patronat (avec la fuite des capitaux) pour peser dans les négociations.

Ce sont près de 250.000 personnes qui sont concernées par cet abaissement du plafond et un manque à gagner d’un peu moins de 4 milliards d’euros ! Le gouvernement procède donc bel et bien à une destruction et à un braquage des caisses. A l’inverse, l’assiette des salaires concernées par la réforme avait même été augmenté il y a un peu plus de 30 ans pour augmenter les cotisations. Ironiquement, la CGT, la CGC et certaines composantes du Medef (comme l’UIMM, le patronnat de la métallurgie, traditionnellement plus dur et réactionnaire) se retrouvent donc à demander le maintien d’un plafond à 8 fois celui de la Sécu au lieu de 3 fois tel que voulu par la réforme, les premiers pour garder cet argent dans la sphère de la répartition, les patrons pour ne pas avoir à supporter les coûts de ce bouleversement.

Le gouvernement aurait pour projet une transition de baisse des cotisations s’étalant sur vingt ans, dont les modalités devront être établies... par ordonnance. Pour ainsi dire, rien n’est fixé ! Philippe espère pouvoir régler ce problème lors de la conférence de financement ouverte depuis hier, mais cette concession au patronat en serait donc une également aux syndicats. Ce cas de figure illustre des tensions au sein du patronat sur la question de la retraite par capitalisation. Si une ouverture même partielle comme prévue, de fait, par la réforme avec la réduction de l’assiette promet des profits pharamineux aux banques et aux actionnaires (profits qui feront relativiser n’importe quelle augmentation des cadres supérieurs), de l’autre côté ceux qui n’ont pas d’intérêt particulier à court terme dans l’ouverture de ce marché se satisfont d’une baisse générale des pensions et de la part du produit intérieur qui leur est consacré (régime universel, par point et règle d’or). Le patronat et les cadres supérieurs craignent de devoir payer pour l’équilibre des régimes (ce que Philippe leur épargne avec l’âge pivot) mais surtout que les cadres aient à payer deux fois : continuer à cotiser pour les retraites d’aujourd’hui et constituer un capital, car personne ne croit vraiment que les droits ouverts avant le passage à la réforme pour ceux qui seront entre les deux régimes de retraite (générations entre 1975 et 2004) aboutiront réellement à des droits.

Depuis le début de la grève contre cette réforme des retraites, le gouvernement n’a eu de cesse d’isoler certains secteurs notamment les cheminots, voulant ainsi selon ses dires, mettre fin aux « privilèges des régimes spéciaux ». Cette politique de fracturation du front que Macron avait face à lui s’est accompagnée d’aménagements pour de nombreux secteurs du travail selon l’âge, la profession, les modalités de cotisation, de départ etc. Les arguments marketing de l’universalité et de la lisibilité ne tiennent plus et ce retournement du patronat est un coup dont le gouvernement se serait passé gouvernement, en particulier après l’addition salée servie par le Conseil d’Etat. Pour autant, étrangement, le gouvernement ne va pas rentrer en guerre contre le patronat et les cadres supérieurs, dont un certain nombre composent d’ailleurs ce gouvernement, qui bénéficient eux d’un vrai régime spécial quand il s’agit de faire le tri dans les mesures qui leur vont ou pas : une réforme faite sur-mesure pour les plus riches malgré les quelques problèmes d’arbitrage entre ceux qui veulent la capitalisation tout de suite et ceux qui jugent préférable de garder la répartition encore quelques temps.


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