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RN / Macron, vraie rivalité et fausse opposition

Le RN en campagne : entre tentative de récupération des Gilets jaunes et surenchère raciste

En meeting dans l’Yonne, Marine Le Pen et son poulain Bardella n’ont pas lésiné en discours aussi mensongers que racistes pour la dernière ligne droite des européennes : entre la FI devenant la « France islamiste », la tentative de coopter la colère des Gilets jaunes, ou encore un supporter qui appelle à « couler » les migrants, ils ont fait bonne mesure.

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Pour la dernière ligne droite des européennes, Le Pen et Bardella n’y sont pas allé par quatre chemins pour tenter de récupérer le mouvement des Gilets jaunes et lâcher leur venin profondément raciste et mensonger. Eux qui tentent de se poser en « grand opposant » à Macron ont pourtant bien des points en commun avec lui, tant sur le plan de la loyauté envers les forces de répression que dans leur programme qui, sous le vernis du protectionnisme et du nationalisme, se montre tout aussi libéral et pro-patronal que celui de leur rival.

Coopter la colère dans les rangs institutionnels et réactionnaires

Le principal ressort du RN, durant cette campagne, aura été celui de la pression au « vote utile » contre Macron, reprenant à son compte la détestation croissante envers le président. Derrière cette construction de « grand opposant » au camp du néolibéralisme - dont il partage pourtant nombre de points, même de manière non assumée - il y a surtout la volonté de canaliser la colère des Gilets jaunes en direction d’un vote en faveur du RN pour le promouvoir auprès d’institutions européennes qu’il se plaît pourtant à fustiger, quand ça l’arrange.

« A ceux qui ont été sur les ronds-points, je viens leur dire que le moyen pacifique et démocratique de pouvoir obtenir quelque chose, et de faire que le 26 mai, toutes ces semaines et ces semaines de lutte, de combat, de mobilisation ne soient pas rayées d’un trait de plume, c’est d’aller voter pour la liste du RN » a ainsi déclaré Marine Le Pen dans la commune de Villeblevin ce mardi.

Entre pression au « Tout sauf Macron et surtout pas les listes de moins de 5 % », celle qui se pose en « grande défenseure » des intérêts des Gilets jaunes tente ainsi d’imposer un retour à l’ordre républicain, seule manière « d’obtenir quelque chose » alors même que la radicalité qui s’est exprimée dans les rues a fait la démonstration que c’est bien là qu’il s’agit de construire un rapport de force, et non pas dans l’attente d’un représentant de leur politique fondamentalement bourgeoise. La seule manière d’empêcher que la mobilisation ne soit rayée d’un « trait de plume » c’est bien de continuer à lutter contre tout leur système de corrompus – RN y compris évidemment -, qui avait déjà montré tout l’intérêt qu’il portait au Parlement européen en piochant dans ses caisses.

Car malgré tous ses effort pour paraître « proche du peuple » et « anti-Macron », le RN n’est rien d’autre que le représentant des classes dominantes économiques et politiques, à la nuance près que c’est vers le patronat « franco-français » et impérialiste qu’il veut d’abord se tourner. Grand allié de la police, fervent défenseur du tout sécuritaire, et fidèle aux origines ultralibérales du Front National, le RN n’a jamais été, par exemple, en faveur d’une augmentation du salaire minimum (national ou européen), pourtant au cœur des préoccupations sociales posées par le mouvement des Gilets jaunes. Rompu aux calculs électoraux, il tente de se donner une coloration « sociale », alors que ce sont les mêmes intérêts capitalistes qui règlent le programme du RN et de tous les représentants de la bourgeoisie qui se bousculent aux starting blocks des élections européennes.

Diviser pour mieux régner : on ne lésine pas sur le venin raciste

Virer Le Pen père et rester plus réservée sur les grandes sorties racistes n’a pas changé le fonds de commerce de Marine Le Pen et du Rassemblement National. Ses ficelles sont toujours les mêmes : appeler à un retour aux « valeurs traditionnelles », aspirer à des frontières nationales raffermies pour empêcher l’immigration, assimilée au terrorisme en oubliant que Daech dérangeait moins le RN quand l’un de ses cadres, Jean-Claude Veillard était un des hommes du groupe Lafarge qui faisait son beurre du financement de Daech. C’est dans cette volonté d’attiser le brasier d’une psychose anti-migrants et raciste, que Marine Le Pen a qualifié la France Insoumise de « France Islamiste ».

De son côté, Bardella a renchéri en déclarant : « Les leçons sur l’immigration (sont) bien belles mais nous avons en France 10 millions de pauvres, 6 millions de chômeurs et un Français sur trois qui n’arrive plus à se soigner correctement. Alors oui, nous assumons d’être élus par les nôtres, et de faire de la politique pour les nôtres d’abord ». Les leçons de l’immigration qu’il invoque sont surtout des milliers de mort en Méditerranée, des enfermements dans des camps insalubres avant d’être reconduits dans des pays en guerre du fait des politiques impérialistes de la France, et de son patronat « bien français ».

Une manière de détourner les regards qui devraient se porter sur ceux qui possèdent réellement les richesses et font peser la précarité sur l’ensemble des classes travailleuses et populaires : un patronat et une caste politicienne, que le RN est prêt à défendre bec-et-ongles en instillant son poison raciste pour faire croire qu’un travailleur français serait plus proche des énarques qui composent son parti que de son voisin espagnol ou polonais.


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